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Berlusconi laisse derrière lui un cauchemar économique.
Berlusconi laisse derrière lui un cauchemar économique.
©Reuters

Revue de blogs

Le départ de Silvio Berlusconi sous les huées clôt 17 ans de comédie politique plutôt tragique et a été fêté sans pitié en ligne. Après une orgie d'insultes, les blogueurs Italiens semblent se réveiller d'un mauvais rêve politique, mais pour découvrir un cauchemar économique.

http://youtu.be/ZWGbCnXYZPU

Vidéo de Il Fatto quotidiano sur YouTube.

Silvio venait de disparaitre dans la nuit à l'angle de la place du palais du Quirinale, sous les huées, quand un tweet s'est imposé comme le plus populaire tout au long du week-end sur Twitter en Italie : "Berlusconi a essayé une nouvelle position : celle du démissionnaire". Il aurait pu le dire. Après 17 ans, la rupture est orgiaque, elle aussi : sur le Web italien, c'est la curée.

Un blog, Doposilvio (Après Silvio), ouvert ce jour-là, est même dédié à ses funérailles, racontées à la première personne. 

Image du blog Doposilvio  (Après Silvio, une histoire qui reste à écrire)

Un autre blog,Ciao Silvio, également ouvert au soir de sa démission,  permet aux Italiens de lui faire leurs adieux très personnels :aussitôt remplis par des centaines de commentaires.

Illustration du blog Solo Parole Sparse pour un nouveau site dédié aux adieux à Silvio:  ''Laisse ici tes salutations aimables et personnelles'

Linda FerriJe t'en prie : si tu es vraiment sur le point de disparaitre...SURTOUT NE TE FAIS PAS REVOIR DANS L ÉMISSION "L'ILE DES CÉLÉBRITÉS" Ciao Silvio!

Simona se rend compte d'une chose :'La politique sans Berlusconi, je ne l'ai pas connue. J'étais trop petite. Mais je sais ce que je veux voir, maintenant'.

Carla, est assez grande pour se souvenir des perles : "Nous retiendrons ça de toi  :  "Je suis l'homme le plus persécuté de l'histoire' ; "Je n'ai pas choisi de faire de la politique, c'est l'Histoire qui m'a obligé'. "S'il y a un gouvernement qui a garanti aux catholiques, à l'Église et au Vatican d'être sur la même ligne de défense des droits de la personne et de la vie, c'est bien  notre gouvernement". 'Le client, le public, est un enfant de onze ans, et pas très intelligent d'ailleurs'.  'Le Ministère public devrait être soumis périodiquement à des examen qui attestent de sa santé mentale".

Il y a ceux qui sont soudain saisi d'une forme de nostalgie, comme Francesco  : "Finalement, si tu n'avais pas été Président du Conseil, si tu n'avais pas influencé ma vie depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte, en changeant l'école, le monde du travail, si tu n'avais pas légiféré pour détruire la chose publique, si tu n'avais pas fait entrer au parlement des individus peu recommandables, si tu n'avais pas dédouané la vulgarité et la sexualité débridée, en plus d'une sentimentalité de papier avec tes télévisions et leurs programmes frivoles, si tu ne t'étais pas exhibé et rendu ridicule à chaque rencontre internationale à laquelle tu as participé : en somme, si tu n'avait pas fait et été tout ça, je t'aurais trouvé même sympathique. Dommage".

Illustration sur Facebook:'20 ans de cauchemar, 20 ans de conneries, nuit à l'Italie et à l'Europe"

Pour rappeler ce que furent ces dernières annéesà ceux qui se sentent soudain orphelins, Alessandro Gilioli, éditorialiste du groupe l'Espresso, et blogueur, a  simplement renvoyé ses lecteurs vers sa définition de l'antiberluconisme :

Antiberlusconismo”, en réalité, c'est simplement le refus éthique et moral d'un certaine façon de faire de la politique : celle de la collusion violente avec les affaires, du manque absolu de respect des règles, des mensonges de bonimenteur, des lois faites sur mesures pour sa personne, de la domination absolue d'un seul homme, capable d'élever ses soubrettes au rang de ministres, des représentations qui masquent la réalité, et ainsi de suite"'.

"Périmé" - Illustration du blog "No Berlusconi Day'


Depuis une décennie, le web, les blogs ont été en Italie les seuls espaces de contestation de la parodie grimaçante de démocratie. C'est sur Internet que se sont organisés les 'No Berlusconi Day" depuis 2008, capables de faire descendre toute la jeunesse et l'opposition populaire.  Et c'est la liberté d'informer, en ligne ou ailleurs, qu'il a bien sûre et sans cesse essayé de limiter. Tout récemment, un projet de  loi dite 'des écoutes téléphoniques" prévoyait d'obliger les blogs et tous les sites Web à effacer sous  48 heures toute mention qu'un lecteur aurait  pu trouver "diffamant", sur simple demande. Wikipedia-Italia, concernée par cette menace, a organisé une grande première mondiale le 4 octobre dernier : une grève du site Wikipedia.

Google Doodle imaginaire dédié à l'anniversaire de Berlusconi en 2010 - llustration du blog Solo Parole Sparse

Le 8 octobre, l'Italie apprenait  qu'un bordel de la ville de Rosario, en Argentine, avait été baptiséPalacio Berlusconi.La routine. Mais ce n'est ni l'opposition, ni la bienséance, ni l'Église, ni l'exaspération qui ont eu raison du nano (le nain) : il aura fallu les marchés.

Beppe Grillo, le phénomène de la blogosphère italienne, est un comique interdit d'antenne depuis des lustres mais son blog d'informations se place derrière celui du quotidien 'La Répubblica' et rassemble  la seule opposition italienne unie. Féroce ennemi de Berlusconi depuis ses débuts, lui a déjà dépassé la phase d'euphorie :

"Ceux qui crient 'Élections ! Élections !" ne savent pas de quoi ils parlent, ou alors ils veulent un siège. La date de l'élection est déjà décidée à Washington, à Paris, à Londres, elles se dérouleront selon toutes probabilités en 2013. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, nous somme un pays à la liberté réduite  avec des bases militaires américaines qui commandent sur toute la péninsule. La politique économique n'est plus de notre compétence, mais celle du FMI et de la BCE. Nous recevons des lettres de l'UE qui sont l'équivalent d'ordres, d'ultimatum.  Mussolini, à la sortie de son entretien avec le roi [Ndr: le jour de sa chute] , a été embarqué à bord d'une ambulance. On lui disait que c'était pour le protéger. En fait, le véhicule était plein de policiers qui l'ont arrêté. Hier, devant le Quirinale, il n'y avait pas d'ambulance, ni même de carabiniers. Dommage. Cela aurait été une sortie de scène digne et appropriée".

Entre autres introspections douloureuses, qui pourraient expliquer pourquoi le Cavaliere a pu être élu et réélu pendant 17 ans, il reste aussi à soulager le budget de l'Etat des innombrables Barbie qu'il a faites élire conseillères municipales, députées, ou nommées ministres. A titre d'exemple, sa rabatteuse Nicole Minetti gagne 20 000 euros par mois en tant que conseillère régionale. Et il reste aussi à s'habituer à cette nouvelle donne italienne, et européenne, qui a dégrisé Riciardo :

"Ce gouvernement est tombé seulement parce qu'il n'a pas su donner les bonnes réponses au marché. Ce gouvernement est tombé non pas pour un manque de politique, d'idées, de messages (dont, c'est vrai, on était honteusement démunis), il est tombé parce qu'il ne plaisait pas aux marchés, à la Banque Européenne, à la France, à l'Allemagne, à l'Angleterre et aux USA. Et c'est une nouveauté dont il faut tenir compte. Maintenant, oui, nous savons que par le futur, même le meilleur des gouvernements possibles, dont on pourrait tous être satisfaits et fiers, peut être effacé d'un coup d'éponge par les  investisseurs, les lobbies, le marché".

La couverture de The Economist

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