Les menstruations : un tabou qui discrimine encore la moitié de l'humanité <!-- --> | Atlantico.fr
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Les règles sont encore un tabou pour les femmes dans de nombreux pays.
Les règles sont encore un tabou pour les femmes dans de nombreux pays.
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Revue de blogs

Les blogs et les réseaux sociaux se sont emparés du sujet pour lutter contre le handicap que provoque encore chez les femmes et les jeunes filles ce phénomène naturel dans beaucoup de pays.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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Photo Rupi Kaur 

Quand Instagram a supprimé cette photo de son compte, l'artisteRupi Kaur lui a adressé des reproches publics. Il s'agissait justement d'un projet photographique sur les règles des femmes. "Je saigne chaque mois pour que l'humanité soit possible. Mon utérus est la maison du divin, une source de vie pour notre espèce, que je choisisse de la donner, ou non (...) La majorité des gens, des sociétés, des communautés se détourne de ce processus naturel. Certains sont plus à l'aise avec la porn-ification des femmes". Instagram a rétabli la photo, assurant qu'il s'agissait d'une erreur. 

Photo Rupi Kaur

La mouvance des blogs écolo, végan et bio a beaucoup fait pour parler plus librement des règles, parce qu'on y lutte là contre la domination du tampon et des serviettes (blanchis et traités avec des produits chimiques), la pollution et les tonnes de déchets que génèrent un événement universel et mensuel. On leur doit des tutoriels pour utiliser la moon cup(coupe menstruelle)ou, c'est nouveau, la solution pas de "protections du tout" pronée par les nouvelles converties au "Flux instinctif libre". L'affaire consiste à entraîner son périnée pour que rien ne filtre. Les blogs néo-féministes sont aussi à l'oeuvre pour démolir le tabou. Intriguée par cette soudaine résurgence du sujet, Anna Lisa Merelii a effectué des recherches pour résumer tout ce que l'on sait sur le phénomène, histoires, contraintes psychologiques et pratiques, tabous, allant jusqu'au poid économique du marché des protections (la Chine est bien sûr le plus gros marché) sur Quartz.

Si les règles ont soudain une nouvelle légitimité, c'est aussi parce que les ONG internationales s'inquiètent de leur impact sur la scolarisation et l'insertion des filles. Le 28 mai a été décrété "Journée de l'hygiène durant les menstruations" (MH Day). La raison de l'absentéisme scolaire, de l'interdiction d'accéder à un lieu public ou de travail, de voyager, est là. Parce que les filles ont des règles. Les institutions internationales espèrent que des mesures simples, comme des protections abordables ou des toilettes réservées aux filles à l'école peuvent commencer à résoudre un tabou qui discrimine, et lourdement, la moitié de l'humanité. 

Mais le plus étonnant se passe en Inde : dans ce pays, les règles deviennent un combat social, avec ses héros, comme Muruganantham, dit "Menstrual man", l'homme qui se bat pour que les femmes pauvres puissent ne pas se ruiner la santé par pudeur, en utilisant des protections qu'elles n'osent pas faire sécher en public (70% des maladies de femmes proviendraient d'une mauvaise hygiène durant les règles en Inde. Ou l'entreprise sociale NJPC (Not just a piece of cloth, pas seulement un bout de chiffon), qui commercialise des protections réutilisables et abordables, comme l'association Jatan Sansthan. Et encore des sites d'information pour les ados, commeMenstrupedia sans oublier des écoles "périods-friendly" de Azadi, où les ados bénéficient de toilettes séparées d'accès à l'eau et à des protections ces jours-là (vidéo).

A l'autre bout du monde, et du PIB, les Etats-Unis restent les plus pragmatiques sur ce sujet. Les blogs abondent de conseils pour les voyageuses sur ce qu'elles peuvent espérer trouver sur place au Népal ou au Koweit, pour leurs "petites affaires". C'est là qu'on pourra trouver de suprenants témoignages de femmes militaires américaines: comment concilier règles et entrainement intensif dans le désert ? En attendant les règles en appesanteur, dans une station spatiale.

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