La technologie hologramme, futur du GPS ?

Atlantico : La société suisse WayRay a créé un prototype du nom de Navion. L’idée derrière est de projeter des images holographiques sur le pare-brise depuis un petit boîtier fixé sur le tableau de bord. Plus précisément, comment fonctionne ce système ? 

Jean-Pierre Corniou : Améliorer la sécurité et faciliter le confort et le plaisir de conduite sont devenus des préoccupations majeures des constructeurs automobiles. Après beaucoup d’immobilisme dans la conception de l’intérieur du véhicule, l’industrie automobile s’ouvre depuis quelques années à l’innovation pour faire bénéficier les véhicules et leurs conducteurs des derniers perfectionnements issus des technologies de l’information. Elle le fait toutefois avec beaucoup de prudence car elle doit assurer la continuité dans le temps de ses véhicules pour au moins une vingtaine d’années. Or l’industrie électronique suit un rythme beaucoup plus élevé de renouvellement de ses innovations que l’industrie automobile et les risques sont moins élevés. On peut toujours changer un smartphone dépassé et il est peu probable que la défaillance d’une fonction mette la vie de son utilisateur en danger. Il est évidemment plus difficile de faire évoluer le design et l’instrumentation d’une planche de bord. L’industrie est soucieuse du risque de mettre en place des équipements nouveaux qui ne résisteront pas au temps, par manque de fiabilité, et aux modes, par obsolescence rapide, au risque de dégrader la qualité des véhicules et la pertinence de leurs équipements.

En quoi est-ce différent d'un GPS ? Quels en sont les avantage ? 

L’informatique et l’électronique embarquées et connectées des voitures modernes représentent donc un risque pour les constructeurs qu’ils doivent traiter avec beaucoup de prudence et de rigueur pour ne pas fragiliser la sécurité et la fiabilité de leurs véhicules. Plus on ajoute de fonctionnalités dans l’habitacle, plus on additionne les capteurs,  les processeurs et les  écrans, plus on crée des sources de vulnérabilités et de dysfonctionnements. Comme le déclarait récemment un porte-parole de Daimler, "La sécurité absolue est inatteignable. Cependant notre stratégie de sécurité ne s’arrête pas à la remise du véhicule au client, mais couvre son cycle de vie complet".

Cela aide-t-il vraiment à la navigation, n'y a-t-il pas un risque de gêner la conduite ?

Un des risques dans l’addition d’équipements dans l’habitacle est la distraction du conducteur. L’ergonomie est donc primordiale, un équipement ne devant apporter une information qu’en temps utile pour aider le conducteur à réagir à bon escient, pas pour brouille son jugement.  Depuis quelques années, les constructeurs proposent des affichages  dits « tête haute », importés de l’aéronautique, permettant de projeter sur le pare-brise des informations condensées nécessaires à la conduite (vitesse) ou à la navigation. L’intérêt est que le conducteur ne détourne pas son regard de la route pour acquérir de l’information uitle. Toute perte de concentration par rapport à la route d’une durée d’une seule seconde peut avoir des conséquences graves car la voiture aura déjà parcouru plusieurs mètres : 14 m à 50kh/h, 36 m à 130 km/h.

Les hologrammes sont-ils l'avenir de la navigation ?

Peu répandue encore en raison de son coût, cette technique offre donc un avantage réel en matière de sécurité.

Le système Navion, proposé en avril 2015 par la start-up WayRay, crée en 2012, va plus loin en proposant un boîtier, ajouté en seconde monte, qui est à la fois une caméra qui analyse l’environnement et un projecteur qui envoie sur le pare-brise des éléments d’information essentiels à la conduite. L’apport de Navion, avec sa technologie Infinity Focus, est de projeter une image holographique qui ajoute les éléments d’information de façon dynamique à la vue que le conducteur a de la route et de son environnement. Il dispose d’informations contextuelles sur la route qu’il suit, la direction qu’il doit prendre, sa vitesse. Le boitier répond également aux instructions du conducteur par commande vocale ou par geste. C’est donc un outil intuitif, peu intrusif, qui répond au souci d’éviter toute forme de distraction. Il collecte aussi des informations sur la conduite qui peuvent être récupérées sur un smartphone et traitées graphiquement.

Indiscutablement, cette innovation s’inscrit dans le renouvellement  de l’expérience de conduite induite  par l’apport des outils électroniques à l’automobile. Plusieurs autres sociétés commencent à proposer des systèmes analogues, comme l’américain Navdy. Les grands constructeurs ont également présenté dans leurs prototypes des systèmes de ce type, et commencent à installer même des écrans pour remplacer, dans l’axe de vue du conducteur,  les traditionnels compteurs et l’instrumentation de bord classique. 

Il semble donc que WayRay a réussi l’intégration  de son concept qui n’impose  par de changer de véhicule avant d’en bénéficier. Ce produit peut être pré-commandé pour une livraison à l’été 2015. Il reste à attendre les livraisons effectives et les test utilisateurs pour se prononcer sur la qualité globale de ce système et d’attendre les réactions des constructeurs !