Les derniers jours de la France-à-Fric <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Devant les révélations de Robert Bourgi, les blogueurs africains expriment tout, sauf de la surprise.
Devant les révélations de Robert Bourgi, les blogueurs africains expriment tout, sauf de la surprise.
©Reuters

Revue de blogs

Devant les révélations de Robert Bourgi, les blogueurs africains expriment tout, sauf de la surprise. La France-à-Fric, qu'elle soit chiraquienne ou autre, est une tradition cinquantenaire qui ne passe plus. Les encombrants "amis" de la France inspirent dans leur pays une folle envie de "Printemps africain" à l'opposition, qui n'a souvent que le Web pour s'exprimer.

La Françafrique était le mot inventé par le président ivoirien Houphouet Boigny pour décrire l'amitié et la coopération entre la France et les État africains nouvellement indépendants. Depuis longtemps, les Africains l'entendent comme France-à-Fric. Avant l'affaire Bourgi qui, aujourd'hui, pose clairement les mallettes sur la table, seules des associations militantes comme Survie, Transparency International, Sherpa, se sont battues devant les tribunaux français pour demander la restitution des biens mal acquis en France par les chefs d'État africains et arabes avec l'argent public de leur pays. Aujourd'hui, ces révélations tombent à pic pour les oppositions africaines, et finalement très mal pour des chef d'État africains contestés de toutes parts chez eux. 

République du Congo: notre ami Denis Sasso Nguesso

Sur le blog Mwinda, un fil de82 commentaires sous les confessions de Robert Bourgi ne révèle qu'une résignation lassée :

"Rien n'a changé dans les pratiques et les comportements de ces mafieux françafricains qui continuent d'escroquer nos peuples. Bientôt les "conseillers" de l'Élysée vont sillonner l'Afrique centrale à la recherche des financements occultes de la présidentielle de 2012. En vérité, rien n'a changé dans la méthode d'opérer. Et ce n'est pas parce que BONGO, le principal pourvoyeur de fonds lors des élections en France est passé de l'autre côté que cela va cesser, ô que non ! Son rejeton qui l'a remplacé est bien rôdé en la matière et sait ce qu'il doit faire pour la continuation. Quant à notre Conducator nacional [Sassou Ngesso] qui est capable de prêter 100 milliards de francs CFA à la BDEAC mais est INCAPABLE de réhabiliter un ascenseur au CHU [de Brazzaville], quoi d'étonnant s'il finance de quelques milliards la campagne électorale de ses anciens et ses nouveaux maîtres à l'Élysée ? Il vous dira que c'est de la routine."

Photo montage satirique du blogVous reprendrez bien un peu d'humanisme ?(2007)



Photo montage satirique du blogVous reprendrez bien un peu d'humanisme ?(2007)


Sénégal : notre ami Abdoulaye Wade et les Y en a marre


Dans la grande tradition Moubarakienne, le président Wade préparait son fils Karim, l"hyper-ministre" à sa succession et avait prévu de modifier la constitution pour que l'élection présidentielle de 2012 se déroule dans cette familiale optique. Les émeutes du 23 juin dernier à Dakar l'en ont empêché. Le mouvement Y en a marre, qui réunit les "NTS" (nouveau type de Sénégalais) venus de la rue et de la jeunesse, aimerait bien que les "Printemps arabes" arrivent chez eux.

"Depuis la colonisation française jusqu’à Abdou Diouf, en passant par Senghor, le mode de gouvernance de l’État n’a été que du clientélisme, du factionnalisme et de la corruption. Y EN A MARRE DES DELESTAGES QUI FONT MOURIR DES NOURISSONS DANS LES CRECHES DES HOPITAUX, Y EN A MARRE DE TOMBER MALADE SANS POUVOIR ACCEDER AUX SOINS PRIMAIRES, Y EN A MARRE DE DEVOIR BAZARDER MA RECOLTE, APRES PLUSIEURS MOIS DE DUR LABEUR DANS LES CHAMPS, Y EN A MARRE DE LA VIE CHERE, Y EN A MARRE DE L’ECOLE ET DE L’UNIVERSITE BLOQUÉES".

Gabon : notre ami Bongo

Au Gabon, pièce centrale de la France-à-Fric, le blog d'opposition BDP (Bongo doit partir) avait publié une lettre des Gabonais de France, tout à fait d'accord avec appellation de "République bananière" décernée par Eva Joly, ce qui avait déclenché une plainte en diffamation :

"Le Gabon des bongo est bel et bien une république bananiere pour ne pas dire une république manioc ! Monsieur Alain Bongo, si vous contestez le statut de « république bananière » que votre père et votre clan familial font porter au Gabon depuis près de 43 ans, montrez-nous où il existe au monde une république digne d’un statut respectable où, après 40 ans de règne avec un bilan « bananier », le rejeton du roi lui succède impunément, qui plus est, en falsifiant les résultats au gré de son caprice d’enfant inintelligent mais gâté par son père, lui-même limité ?".

SurLa voix du peuple gabonais, aujourd'hui, l'opposition compte bien saisir la perche que lui tend Robert Bourgi : "L’affaire qui intéresse les médias peut avoir un intérêt pour les résistants gabonais. La diplomatie des mallettes d’argent peut amener à dévider le fil des manipulations et intérêts matériels de ceux qui ne voudraient pas que le clan Bongo quitte le pouvoir. Or, autant le dire, nous sommes un certain nombre à penser que les jours du régime sont comptés, avec ou sans dévoilement des nombreuses valises d’argent remises aux responsables du pouvoir politique français de droite depuis 10 années."

Burkina Faso : notre ami Blaise Compaoré

Blaise Compaoré, supposé avoir eu l'idée de bourrer de dollars des tam-tams offert à l'Élysée (ce qu'il dément), est vraiment poursuivi par la musique. Le chanteur burkinabé de reggae Sams’K Le Jah (vidéo) est interdit d'antenne pour sa chanson "Ce président doit partir". Les mutineries répétées de l'armée cette année n'ont rien fait pour améliorer une situation qui peut désormais être suivie heure par heure sur le groupe Facebook "Blaise Compaoré doit partir" où l'on peut lire aujourd'hui : "SiBlaise a effectivement filé 3 millions de dollars a Chirac dans 3djembes pour sa campagne, et bien soit il donne à chacun de nous sondjembe et il s'en va, ou il s'en va tout bonnement là où il a envoyé lesdjembes. A reflechir, on ne veut pas ses djembes. Il peut partir."


Guinée équatoriale : notre ami Teodoro Obiang

Teodoro Obiang, caricature du blog Las Locuras

Teodoro Obiang, dictateur depuis 32 ans d'un pays hispanophone très impliqué dans l'exportation de pétrole (troisième pays exportateur d'Afrique) et de stupéfiants, se serait joint de son plein gré au "tour de table" décrit par Bourgi. Les caricatures du blog dissident Las Locuras de Jamony Queso traduisent à peu près tout le bien que ses compatriotes lui veulent. Formé au dictatoriat par son oncle président, il a rempli toutes ses espérances en envoyant celui-ci au peloton d'exécution. Aujourd'hui, les cartes de la capitale, Malabo, sont par exemple toujours interdites. D'autres informations peuvent être trouvées sur le blog SOS Malabo, le rapport 2010 sur les Droits humains. Dans un pays richissime et à la dérive, seuls 100 Guinéens équatoriaux ont une page Facebook. Le pays compte en tout et pour tout deux blogueurs. Ils ont dû s'exiler en Espagne..

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !