Pendant que la France se plombe à grand coup de pessimisme, l'idée des méfaits de la zone euro progresse<!-- --> | Atlantico.fr
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La France se plombe à grand coup de pessimisme.
La France se plombe à grand coup de pessimisme.
©Flickr

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Le séminaire organisé deux fois par an par GaveKal à Paris est toujours un moment intéressant pour faire le point sur les perspectives des marchés. Voilà un résumé des principaux sujets abordés cette semaine par Charles Gave, fondateur de GaveKal et François-Xavier Chauchat, économiste de GaveKal en charge de l’Europe.

En Europe, l’optimisme du début de l’année est liquidé. C’est la déception sur la croissance, mais un timide redémarrage pourrait se produire en raison des éléments suivants :

1/ La baisse de l’euro redonne un peu de compétitivité aux entreprises ;

2/ la baisse du prix du pétrole qui redonne un peu de pouvoir d’achat aux ménages ;

3/ la fin des contraintes sur le crédit ;

4/ la perspective d’une politique de "quantitative easing" qui sera conduite par la BCE ;

5/ la hausse des salaires en Allemagne suite à l’adoption d’un salaire minimum à 8,50€ de l’heure ;

6/ un allègement de la fiscalité sur l’immobilier qui devrait intervenir en France, en Espagne et en Italie.

Trois voies sont possibles :

1/ Une lente reflation tirée en partie par l’économie américaine ;

2/ la japonisation de l'économie européenne (ce n’est pas le scénario le plus probable) ;

3/ une nouvelle crise qui mettrait fin à l’Union Européenne telle qu’elle existe aujourd’hui.

Les banques centrales sont toutes engagées dans une politique où le prix des actifs a été mis au centre du système économique. Comme les actions, l’immobilier notamment sont utilisés comme collatéraux pour de nombreux prêts. Le prix des actifs n’est plus fixé par les marchés mais par les banquiers centraux.

De nombreuses banques et sociétés sont ainsi maintenues en état de survie artificielle. Comme il n’y a pas de destruction il n’y a pas de création non plus, ce qui bien sûr ne crée pas d’emploi.

La hausse des marchés a été uniquement alimentée par de la création monétaire qui ne s’est pas transmise à l’économie réelle. La croissance de l’économie n’est donc pas au rendez-vous.

Le résultat est que quand les chiffres de l’économie sont mauvais, les marchés sont contents car la BCE va injecter encore des liquidités dans le système.

Elle ne peut que gagner du temps mais certainement pas se substituer à une politique économique et sociale européenne.

La BCE pourrait injecter 1000Md€, ce qui est très favorable aux obligations corporate.

Les taux d’intérêt sont bas, mais ils ne doivent s’apprécier que par rapport au taux de croissance nominal de l’économie. Il faudra trouver une voix moyenne entre la Bundesbank et la CGT….

Pour l’économie américaine, l’année 2014 est celle du retour de la confiance et du retour de l’investissement. C’est un événement majeur pour l’économie mondiale. Le taux de chômage est au plus bas depuis 2008.

L’Europe du Sud ne va pas bien, contrairement à l’Europe du Nord, qui n’est pas dans l’euro.

Le dollar devrait continuer de monter. La baisse de l’euro pourrait entraîner un point de croissance en plus.

Un portefeuille diversifié devrait comporter les postes suivants :

Des sociétés qui ont un cash flow positif en dollar, ce qui signifie des revenus en dollar qui après paiement des dettes en dollar laissent un solde positif à la société. Ce sont les sociétés qui réalisent une partie importante de leur chiffre d’affaire aux Etats-Unis. L’univers investissable comprend notamment les sociétés suivantes : Luxottica (55% du chiffre d’affaire en USD), Neopost (45%), BAE Systems (40%), ARM Holdings 37%, AstraZeneca 37%, Reed Elsevier (48%), Sanofi (31%), Delhaize (63%), SAP (31%), Roche (33%), MTU Aero Engines (60%), L'Oréal (23%), SCOR (29%), Dassault Systèmes (20%), Sodexho (30%), Safran(25%),Schneider (10%).

Des sociétés liées à la construction, car il devient inévitable de prendre rapidement des mesures de relance, surtout en France.Lles principales sociétés concernées sont :

Nexity, Maisons France Confort, Kaufman & Broad, Nouveaux Constructeurs.

Des actions de sociétés exposées à l’Europe (non euro) : Suède, Norvège, Danemark. On peut s’intéresser en Norvège à des sociétés comme Marine Harvest, le leader mondial de la production de saumon ; en Suède, Nordea, la première banque du pays ; au Danemark, Coloplast dont l’activité comprend les soins des stomies, l’urologie et les soins des troubles de la continence et les soins des plaies et de la peau.

Des actions exposées à l’Europe de l’Est. Ces pays ont restauré une grande partie de leur compétitivité vis-à-vis de l’Asie. Les fonds spécialisés sur cette zone sont surpondérés sur la Russie. C’est pourquoi il vaut mieux s’intéresser directement à des actions en Pologne, Hongrie et Bulgarie. En Pologne, de nombreux secteurs sont attractifs, notamment dans les banques: Alior Bank, Bank Millenium, Bank Polska Kasa, Bank Zachodni, PKO Bank Polski; les services financiers: Bank Handlowy Warszavie, BRE Bank, Getin; la chimie: Boryszew, Grupa Azoty; la construction: Budimex; l’immobilier: Echo Investment, Globe Trade center; Retailer: CCC, Eurocash, les logiciels: Sygnity; lestélécoms: Enea (mobile), Orange Polska (fixe).

En Turquie, il faudra revenir sur le marché si le pétrole continue de baisser.

Des obligations en Renminbi. La monnaie chinoise ne finance pour l’instant que 1,6% du commerce mondial mais déjà le tiers du commerce de la zone Asie.

Des obligations des pays de l’Europe de l’Est rapportent autour de 4% sur 10 ans.

Ce sont désormais les juges qui gèrent les entreprises françaises

Les dernières décisions de justice vont toujours dans le même sens.

Continental : l’usine de Clairoix dans l’Oise avait été fermée en 2010 pour s’adapter à la crise qui touchait le secteur automobile. La cour d’appel vient de rejeter le motif économique du licenciement de 683 salariés. Il s’agit de la quatrième décision de justice qui remet en cause une décision de gestion. Comme l’a dit la CFTC, "C’est une belle leçon pour tous les patrons qui agissent en voyou".

Sanofi : le plan social mis en place par Sanofi pour restructurer ses activités de recherche a été invalidé par la justice. C’est une première, car il avait fait l’objet d’un accord majoritaire des syndicats sur les mesures d’accompagnement .

C’est en raison de ces décisions et de ces commentaires que l’économie française offre une image catastrophique et attire des commentaires très sévères. La France est "sclérosée, sans espoir et déprimée",  a dit le patron des grands magasins John Lewis de retour d’un séjour à Paris.

Les prochaines étapes

En Ukraine, les élections auront lieu le 26 octobre ; le budget de la France pour 2015 fera l’objet le 29 octobre de commentaires de la part de la Commission Européenne ; les résultats de la revue d’actifs des banques européennes seront publiés le 6 novembre. Chacun de ces événements peut avoir un effet très déstabilisant pour les marchés. A suivre de près…

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