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Hervé Morin, président du Conseil national de l'UDI.
Hervé Morin, président du Conseil national de l'UDI.
©Reuters

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Le parti fondé par Jean-Louis Borloo peut certes bénéficier de l'ancien socle des sympathisants UDF, mais à toujours du mal a exister dans un climat politique qui laisse peu de place au centre. Radiographie des enquêtes d'opinion sur le sujet.

Alexis Massart

Alexis Massart

Alexis Massart  est directeur d'Espol, école européenne de sciences politiques et sociales de l'Université catholique de Lille.

 

 

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Atlantico : Que nous apprennent les enquêtes d’opinion sur le profil type des potentiels sympathisants de l’UDI ?

Alexis Massart : Ce qui ressort nettement des différents sondages, et notamment de ceux réalisés par l’IFOP en novembre 2012 et septembre 2013, c’est d’abord la forte proportion de CSP+ qui se dit attiré par l’identité du parti crée par Jean-Louis Borloo. Ils étaient ainsi 48% à avoir une « bonne opinion » de la formation en novembre 2012 tandis que 66% des CSP- en avaient à l’inverse une « mauvaise opinion ».

Il est à ce titre intéressant de noter un réel différentiel entre le Modem, l’UMP et l’UDI, ce dernier ayant tendance à se trouver sur la plupart des grands thèmes politique dans une sorte de juste milieu entre les positions du parti de François Bayrou et celles de l’ex-parti présidentiel. On voit dans ce sens ressortir un électorat typiquement de centre-droit, à la différence notable qu’il assume clairement ses positions de droite contrairement à un Modem qui a fait de la différenciation de l’axe gauche/droite un leitmotiv clair de ses ambitions politiques.

On retrouve d’ailleurs ce clivage au niveau de l’âge moyen des proches de l’UDI (les 65 ans et plus totalisent 62% de bonnes opinion, soit le plus gros score par tranche d’âge), un fait qui semble démontrer que l’UDI a su plus ou moins récupérer le profil type de l’ancien sympathisant UDF.

L' autre enquête IFOP de septembre 2013 démontrait, entre autres, que 91% des sondés s’affirmant proche de l’UDI était favorable à une moindre implication de l’Etat dans les entreprises. Comment expliquer que le rapport au libéralisme y soit beaucoup plus assumé que dans d’autres partis centristes ?

C’était une tendance que l’on retrouvait déjà à l’ex-UDF mais qui était moins assumé de par la plus grande diversité sociologique de l’électorat d’alors. Dans la formation actuelle de Jean-Louis Borloo on retrouve ainsi une forte homogénéité idéologique sur les questions économiques, avec une orientation assez marquée vers la droite parlementaire. Le Modem est effectivement relativement plus partagé sur la question mais on remarque toutefois que le clivage entre les deux s’efface complètement dès que l’on aborde la question de l’adhésion (très majoritaire) à la question européenne.  

Qu’en est-il du rapport aux thématiques sociétales et culturelles (insécurité, législation envers les personnes de même sexe…) ?

On voit que 58% des sympathisants UDI, toujours selon le sondage IFOP de septembre 2013, affirment « ne plus se sentir en sécurité nulle part » tandis qu’ils sont seulement 40% au Modem (et 73% pour l’UMP)

La question de l’insécurité et de son traitement politique relève d’une tendance nationale que l’on retrouve dans tous les partis, y compris à gauche bien que les proportions soient moindres. Dans le cas de l’UDI, bien que la moyenne des sympathisants soit plus faible que la moyenne nationale (63%) on voit que le parti se trouve à mi-chemin de manière quasi proportion de sympathisants aisés et plutôt âgés dans les enquêtes d’opinion. parfaite entre le Modem et l’UMP sur cette question.

Quant à la thématique du mariage et de l’adoption pour les couples homosexuels, on constate une fracture assez nette avec l’UMP puisque seulement 27% des sympathisants de l’ex-parti présidentiel adhère à la réforme tandis qu’ils sont 41% à l’UDI et 52% au Modem.

Peut-on voir finalement ce parti comme le tenant de l’héritage de la droite parlementaire et centriste qui s’est retrouvé orpheline ces dernières années ?

Un sondage BVA/I-Télé réalisé en novembre 2012 démontrait que 57% des sympathisants de l’UMP considéraient alors l’UDI comme une alternative viable. Cette défense des valeurs du centre-droit était déjà très marqué avec Jean-Louis Borloo, et en parallèle les difficultés qu’expérimente l’UMP depuis déjà plusieurs mois peut logiquement faire de l’UDI un « sas de décompression » pour toute la partie centriste de la droite parlementaire qui avait fait le choix de rester à l’UMP en 2012.

S’il y a toujours plusieurs phases dans la constitution d’une base électorale, on peut dire que l’UDI a finalement su réactiver dans un premier temps les « réseaux dormants » de l’UDF, ce qui explique notamment que l’on retrouve une forte partie de personnes âgées, plutôt aisées et proche des centre-villes.

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