"Tahül et les pierres de foudre" : le roman dont le héros est un homme préhistorique<!-- --> | Atlantico.fr
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Art préhistorique sur les murs d'une grotte en Libye.
Art préhistorique sur les murs d'une grotte en Libye.
©Reuters

Atlantico Lettres

Henriette Chardak signe avec Henry de Lumley un joyeux récit qui transporte 450 000 ans avant J.-C. Une critique du journal "Service Littéraire".

Christian Montaignac

Christian Montaignac

Christian Montaignac est écrivain et journaliste pour le journal Service Littéraire. Dernier ouvrage paru : “Le soir venu” au Cherche-Midi.

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Il est né il y a 452 014 ans à Tautavel dans une grotte des Pyrénées, le jour et l’heure restant à confirmer. En ce temps-là, l’homme de Tautavel tâtonnait. Mais les traces de la préhistoire permettent de suivre cet ancêtre que vous avez reconnu puisqu’il appartient au groupe des Anténéandertaliens. C’était, déjà, un Homo Erectus européen. Notre héros s’appelle Tahül ce qui, dans le langage articulé de l’époque, veut dire "Tel, je veux", un nom sans appel. Son génie inventif l’aide à improviser, à emmagasiner des connaissances, à perfectionner sans cesse son outillage. Il empile les cailloux pour se protéger de l’humidité et chasse comme un affamé. Il est capable d’abattre des animaux aussi puissants que le bison, aussi agiles que le mouflon, aussi redoutables que le lion. Mais Tahül, adulte à douze ans, ne survit pas que de chair fraîche. L’amour rôde, il a les yeux bleus de Jald qui séduit tous les mâles. Tous deux, et les autres, ne flânent pas. Chez eux, entre eux, il faut faire vite car on dépasse rarement les trente ans. Et il y a les Troms qui menacent, sans oublier les Graüls du plateau et les Snèks des rivages. Ce beau petit monde, qui se partage les rennes et les bœufs musqués à l’épieu, ne pense pas qu’à se battre en dépit d’une ambiance et d’un quotidien très rudes. Il veille à l’accélération de la démographie. Et les conflits amoureux peuvent devenir houleux.

Tout cela nous est conté d’une plume vive, malicieuse, par une romancière à l’écoute d’un paléontologue. Voilà comment le professeur Henry de Lumley, et son équipe du Centre européen de recherches préhistoriques, ont transmis à Henriette Chardak le savoir accumulé au cours de cinquante années de recherches sur l’Homme de Tautavel. Au long de ce roman épique et joyeux, où il pleut des "pierres de foudre", on songe à l’inversion des situations telle que l’auteur la traite en préambule. Tahül serait aujourd’hui bien embarrassé sur l’autoroute A75 avec un GPS en poche, assis dans une voiture hybride. Mais il serait mille fois plus débrouillard que nous, en pleine nature. Que ferions-nous si nous devions survivre, sans chaussures, sans lumière, sans chauffage et sans portable, à moitié nus, au milieu de la faune sauvage ? Nos fiches de paie, même plus affinées, ne nous seraient d’aucun secours, encore moins nos avoirs improductifs. Aucun doute, cette lecture d’une quarantaine de chapitres à toute allure est, comme on disait à l’époque des illustrés : é-pa-tan-te. Nous la conseillons pour la traversée de l’été, de jour comme de nuit. Le joli temps d’Henriette est le nôtre. Il nous confirme, selon une pensée sans âge, que l’avenir était savoureux autrefois.   

Tahül et les pierres de foudre, d’Henriette Chardak et Henry de Lumley, L’Archipel, 400 p., 21 €.

Source : Service Littéraire, le journal des écrivains fait par des écrivains. Le mensuel fondé par François Cérésa décortique sans langue de bois l'actualité romanesque avec de prestigieux collaborateurs comme Jean Tulard, Christian Millau, Philippe Bilger, Éric Neuhoff, Frédéric Vitoux, Serge Lentz, François Bott, Bernard Morlino, Annick Geille, Emmanuelle de Boysson, Alain Malraux, Philippe Lacoche, Arnaud Le Guern, Stéphanie des Horts, etc . Pour vous y abonner, cliquez sur ce lien.

Service Littéraire. Le mensuel de l'activité romanesque

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