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Aucun mauvais indicateur économique ne parvient à freiner les ardeurs des créateurs de contraintes pour les entreprises
©Reuters

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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La Commission européenne qui passait en revue les réformes budgétaires et structurelles des pays membres a fait preuve d’indulgence sur le véritable bonneteau budgétaire auquel s’est livré le gouvernement français. Tout cela n’a pas empêché Bruxelles de faire part de son inquiétude sur le décrochage entre la France et l’Allemagne. Les deux pays ont pourtant la même monnaie et leurs entreprises entretiennent des relations intenses… Paris reste sous procédure de déficit excessif.

La Cour des comptes a de son côté lancé une nouvelle alerte sur les recettes fiscales escomptées par le gouvernement qui sont, selon elle, beaucoup trop optimistes.

Cela n’empêche pas la bourse de Paris de terminer au plus haut depuis 6 ans… !

Sur le terrain, le plan social de Mory Ducros, entreprise de transport qui comptait 5000 salariés, qui avait été présenté par Arnaud Montebourg comme une victoire, risque d’être remis en cause. Cela montre une fois de plus que tout accord peut être remis en cause longtemps après sous la pression des syndicats.

Pour Dia France, géant du hard discount, ex filiale de Carrefour, il s’agit de sauver 7500 emplois menacés par la guerre des prix déclenchée dans la grande distribution. Le ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique a vivement encouragé le hard discount pour se rendre compte aujourd’hui qu’il y avait une limite à l’exercice. Tant qu’il continuera à intervenir directement dans le fonctionnement des entreprises et à transformer des débats industriels en enjeux de patriotisme économique, il ne redressera rien et contribuera détruire des emplois….

La France est engluée dans une politique économique anti-entreprises présentée en termes technocratiques incompréhensible pour beaucoup d’entrepreneurs (le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi, le pacte de responsabilité, le Compte Pénibilité, les 24 heures de temps partiel par semaine etc… ) Dans ce domaine, il ya encore du nouveau cette semaine, avec l’annonce par Najat Vallaud Belkacem, ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, d’un projet de création d’un "Congé Bénévolat" permettant à un collaborateur de quitter son poste pour partir en mission humanitaire, en étant sûr de retrouver son poste à son retour ! Encore une mesure qui va beaucoup simplifier la gestion des entrepreneurs.

En Allemagne la production industrielle est en hausse de 6,3% sur un an. C’est une bonne nouvelle. La Bundesbank a d’ailleurs revu à la hausse ses prévisions de croissance. Son optimisme repose sur une demande intérieure solide.

En Espagne, un plan de relance de 6,3Md€ et une baisse des impôts pour les entreprises est prévue par Mariano Rajoy, le Premier ministre. Le taux d’imposition pour les grands groupes passera par étapes de 30% à 25% entre 2015 et 2016.

En Europe,  les mesures prises par Mario Draghi ont été conformes à ce qu’attendaient les marchés. Le président de la BCE a sorti l’artillerie lourde avec une baisse du taux directeur à 0,15%, proche du taux zéro et une offre de 400Md€ de liquidités pour les banques qui prêteront aux PME. Ces mesures compenseront les taux d’intérêt négatifs adoptés par la banque centrale. Un programme de rachat d’actifs adossés à des prêts ("Asset Backed Securities") est également en préparation. Au total, c’est donc "open bar" pour les banques jusqu’en 2016.

Sur le fond, les mesures de la BCE ne changent pas grand-chose, estime Gilles Moëc, chef économiste chez Deutsche Bank : la liquidité des marchés très abondante des marchés risque de poser problème dès que la BCE cessera l’injection de liquidités, la solvabilité d’un ou de plusieurs établissements peut également se manifester, les écarts de croissance entre pays de la zone Euro ne seront pas réduits pour autant. Enfin, la mauvaise distribution du crédit sera difficile à faire cesser.

Globalement, les dernières statistiques économiques en Europe ne sont pas mauvaises, avec le chômage qui s’est établi en baisse à 11,7% en avril contre 11,8% le mois précédent. En revanche, en France le niveau est resté stable à 9,7%.

Les ventes de détail sont en hausse de 2,4% sur un an. Par contre, l’indice PMI Eurozone est ressorti à 53,5 pour le mois de mai contre 54 le mois précédent. Malgré ces chiffres, François-Xavier Chauchat de GaveKal attend une surprise en Europe en matière de croissance pour 2014.

Aux Etats-Unis, les derniers chiffres de l’emploi ont été très encourageants avec la création de 217 000 positions en mai et un taux de chômage ramené à 6,3%

Les matières premières sont la classe d’actif la plus performante depuis le début de l’année. Elles sont en hausse de 22% depuis le début de l’année, les marchés émergents de 5,1%, les actions de 3,3%, les obligations de 3,1%. Il est intéressant de regarder ce qui se passe dans le secteur du charbon.

Le charbon, première source d’énergie des pays du G 20, a encore de l’avenir

Le charbon est devenu la première énergie des pays du G 20, qui regroupe les vingt plus importantes économies mondiales. D’après le "Bilan énergétique mondial" présenté par la société Enerdata, la consommation de charbon entre 2000 et 2013 a bondi de 32%. Le charbon a donc détrôné le pétrole comme première source d’énergie. Les centrales traditionnelles qui fonctionnent au charbon sont celles qui émettent le plus de CO2, des poussières et des polluants atmosphériques comme l’oxyde de soufre, l’oxyde d’azote etc…

La Chine est le moteur de cette croissance, car elle fait tourner la grande partie de ses centrales électriques avec du charbon. Elle est donc devenue le premier pays émetteur de CO2 avec un tiers des émissions mondiales du G20. Malgré des investissements massifs dans les énergies renouvelables, la Chine va continuer à utiliser beaucoup de charbon pendant de nombreuses années.

Le deuxième moteur de la demande,  c’est l’Allemagne qui a fermé une partie de ses centrales nucléaires. Le pays est devenu ainsi le pays le plus polluant de l’Union Européenne. Cette évolution a été facilitée par la forte baisse des "droits à polluer". Tout cela ne constitue pas un succès pour les verts en Allemagne, force de l’écologie politique particulièrement puissante.

L’Europe est devenue ainsi le premier importateur mondial de charbon thermique avec 21% des quantités devant la Chine (14%), le Japon (14%), la Corée (12%), l’Inde (12%) et Taiwan (7%).

Les pays les plus dépendants du charbon sont : Afrique du Sud (73%),Chine (70%), Inde (53%), Corée du Sud (30%), Japon (25%) ;

Les pays les moins dépendants sont : Norvège (1%), Suède (4%), France(5%), Brésil (5%), Canada (7%).

En France, la facture du nucléaire a progressé de 20% en trois ans du fait d’une inflation des investissements de maintenance et de sécurité. EDF a décidé de prolonger la durée d’exploitation des réacteurs au delà de 40 ans. L’Autorité de Sécurité Nucléaire a beaucoup renforcé ses exigences après les incidents survenus à Fukushima au Japon. Entre 2010 et 2013, le coût de production d’un mégawat-heure est passé de 49,60€ à 56,8€. Un rapport parlementaire pointe l’incertitude sur le coût de démantèlement comme du prolongement de la vie des réacteurs.

Aux Etats-Unis, Barack Obama s’est attaqué aux émissions de CO2 en demandant à la puissante industrie américaine du charbon de montrer l’exemple dans la lutte contre le changement climatique. Le charbon américain, surtout celui de mauvaise qualité, pourra être exporté vers l’Europe !

Le prix du charbon qui avait atteint 300$/T il y a deux ans est tombé au dessous de 80$ en Europe. Compte tenu du bilan énergétique mondial, il est vraiment prématuré d’oublier cette énergie fossile qui n’est absolument pas à la mode en ce moment.

En Chine, Qinhuangdao est le premier port mondial d’importation de charbon. Les deux grandes sociétés du secteur sont China Senhua et China Coal Energy.

En Inde, 60% de l’énergie électrique produite dépend du charbon.

En Pologne, les prix de vente sont désormais inférieurs au coût de production. Les deux sociétés qui souffrent le plus sont Jastrzebska Spolka Weglowa-JSW et Bogdanka.

En République Tchèque, les producteurs ont des coûts de production très proches des prix de vente. Deux sociétés sont cotées OKD et NWR que l’on peut acheter sur les places de Londres, Varsovie et Prague.

Plusieurs pays africains sont intéreassants. Le Burundi dispose d'énormes réserves 250MT dont 180 dans le gisement de Musongati. Pour l'exploiter, il faudrait 800MW et un chemin de fer ou 500 camions par jour pour relier Daar es Salaam... Au Cameroun, le FMI en 2008 dirigé à l'époque par Dominique Strauss Kahn avait investi 60 M$ dans Geocam, filiale d'une société US Geovic Mining Corp. L'opération s'est révélée être une arnaque organisée avec l'entourage du président du Cameroun.

Les grandes sociétés minières produisant du charbon sont : BHP Billiton (UK/Australia), Glencore (UK Switzerland), Peabody Energy (US), Arch Coal (US).

L’ ETF Market Vectors Coal ETF (KOL) permet également à un investisseur de s’exposer facilement au charbon.

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