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Pas de patriotisme économique sans fonds de pension puissants
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Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Un décret d’Arnaud Montebourg vient d’élargir le droit de veto du gouvernement français sur les investissements étrangers. Les Français soutiennent majoritairement son discours sur ce qui est présenté comme du "patriotisme économique". Faire du populisme économique en période électorale, cela peut être payant. Néanmoins, cette mesure prise pour empêcher General Electric de prendre le contrôle d’Alstom pose plusieurs problèmes.

1/ Si la France veut se protéger ce n’est pas à son niveau qu’il faut agir, mais à celui de l’Europe. General Electric veut faire une acquisition en France parce qu’elle détient en ce moment 110 Md$ de liquidités à l’étranger. Si elle les rapatrie aux Etats-Unis, elle sera taxée à 35%. C’est pourquoi elle préfère racheter des sociétés comme Alstom, quitte à les payer beaucoup plus cher que le prix du marché. Ces liquidités proviennent de l’utilisation de la technique fiscale baptisée par les fiscalistes "double Irish" mise en œuvre par une "no substance company" établie en Irlande…. En clair, cela permet aux grandes sociétés américaines de ne payer aucun impôt sur leurs activités en Europe et de racheter toutes les sociétés européennes qu’elles souhaitent dans de très bonnes conditions. Au niveau de Bruxelles, aucune mesure sérieuse n’a été prise pour traiter ce sujet. Ce serait pourtant la mesure la plus efficace pour protéger les sociétés européennes !

2/ Il ne peut y avoir d’industrie sans investisseurs. Comme l’Etat français n’a plus d’argent, il ne peut plus nationaliser, comme les socialistes l’ont fait en 1981. Les investisseurs particuliers dont on taxe le capital qui a déjà payé l’impôt, comme le travail de manière confiscatoire, n’ont plus envie d’investir dans des sociétés françaises… Les caisses de retraite et les fonds de pension français devraient être les actionnaires de référence de tous les grands champions français. Malheureusement, quand on regarde qui détient aujourd’hui le capital des entreprises du CAC 40, on constate que pas moins de 18 d’entre elles ont un actionnariat très dispersé notamment : Air Liquide, Société Générale, Cap Gemini, Vivendi… Elles sont donc très vulnérables. Ce n’est pas avec des décrets que l’on résoudra le problème, c’est avec de l’épargne longue fournie par les compagnies d’assurance, l’épargne salariale et les fonds de pension qui n’existent toujours pas en France sauf pour les fonctionnaires. Tous ces acteurs ont été écartés et démotivés par toutes les mesures prises pour la plupart depuis deux ans.

3/ On ne peut pas mettre en place un tapis rouge pour accueillir les investisseurs étrangers à l’Elysées et laisser Bercy mettre en permanence des nids de poule sous le tapis. Il faut choisir clairement.

Manuel Valls et Arnaud Montebourg se préparent pour les prochaines présidentielles

Manuel Valls a donné un coup de barre à gauche en faisant sortir de l’impôt sur le revenu 1,8M de ménages. Pour les ménages les plus modestes, il aurait pu rappeler que c’était la conséquence des décisions prises par le précédent gouvernement qui a notamment refiscalisé les heures supplémentaires à partir d’aout 2012.


Pour "les riches qui ne paient pas assez d'impôts",  il aurait pu les remercier. Le conseil des prélèvements obligatoires, montre très bien que les 30 % des foyers déclarant les plus hauts revenus règlent 87 % de l'impôt sur le revenu avant application des crédits et réductions diverses et 95 % de l'impôt net. Les 10 % "les plus riches" paient environ 70 % du total de l'impôt sur le revenu. De même, le 1% des foyers présentant les revenus bruts les plus élevés acquittent 28 % de l'impôt avant réductions et crédits d'impôt et 33 % de l'impôt net. Si "les riches" ne payaient pas assez d'impôts comme l'affirment très souvent les socialistes, pourquoi s'exileraient-ils en si grand nombre ?

Pour tous ceux qui ont été séduit par le dernier livre de Thomas Piketty, je leur recommande la lecture d’un ouvrage collectif auquel il a participé il y a un peu plus d’un an. Rédigé par Camille Landais, Thomas Piketty et Emmanuel  Saez : "Pour une  révolution fiscale. Un impôt sur le revenu pour le XXIème siècle". L’ouvrage proposait notamment d’imposer les propriétaires d’un logement au prétexte que ne payant pas de loyer, ils touchent l’équivalent d’un revenu, lequel doit être soumis à l’impôt. Cette proposition témoignait d’un stupéfiant mépris de la propriété privée.

Les déclarations tonitruantes d’Arnaud Montebourg depuis deux ans sont jugées sévèrement par 65% des Français. "La fermeture de l’usine Peugeot Citroën d’Aulnay est inacceptable » déclarait-il en paradant avec le leader syndical qui faisait obstruction à tout. France Telecom s’est vu ensuite imposer l’interdiction de vendre Daily Motion à Yahoo… En deux ans, il n’a rien redressé, rien produit et effrayé tous ceux qui étaient prêts à créer de la richesse et des emplois en France. Il avait donc besoin de s’emparer d’un sujet comme le protectionnisme qui fait toujours recette auprès d’une opinion publique mal informée.

Les deux futurs candidats à l’élection présidentielle sont donc clairement en train de gérer leur image face à un président de la République très affaibli, pendant que la France perd du terrain.


Les marchés de l’Europe du Sud baissent

En Europe, les bulles financières et la stagnation économique peuvent coexister.  Avec des économies qui vont moins mal les marchés ont flambé. Cela s’explique en grande partie par la politique d’argent quasiment gratuit dispensé par les banques centrales.

En Italie une baisse de 6,2%% du marché action a été enregistrée pendant la semaine.


Les valeurs qui avaient le plus profité du retour en grâce du marché italien ont beaucoup souffert notamment : Intesa San Paolo, Tod's, Mediaset, Snam, Unione Di Banche, Prysmian.  L’économie s’est contractée pour la première fois depuis trois mois. L’obligation d’Etat émise par le gouvernement italien a remonté de 16 bp à 3%. Cela montre que aucun des problèmes de fonds n’est réglé.

Les valeurs allemandes sont devenues chères, le rendement du Bund est au plus bas à 1,30%. Cependant pour Andrew Garthwaite de Crédit Suisse, l’immobilier allemand reste encore attractif  notamment : Deutsche Wohnen,  Deutsche Annington ,), LEG Immobilien, Deutsche Euroshop, Sedimayr Grund , Grand City Properties, Tag Immobilien, Alstria Office REIT.

La Grande Bretagne est "l’homme en bonne santé de l’Europe". Les valeurs les plus vulnérables seraient : John Wood Group, Amec, Petrofac, Diageo, Pernod Ricard, Royal Bank of Scotland.

Les banques françaises sont attractives

Les banques françaises sont attractives si l’on prend en compte leur niveau de valorisation et leurs perspectives bénéficiaires. Tout le secteur souffre du contentieux de la BNP avec les autorités américaines et de l’exposition de la Société Générale en Russie. Natixis est épargné par ces dossiers.


Thomas Piketty stimule les gérants de fonds. Les opérations financières se multiplient.


Le thème des riches de plus en plus riches en face de pauvres de plus en plus pauvres a été beaucoup alimenté par le dernier livre de Thomas Piketty "Le capital au XXIème siècle".  L’économiste qui séduit la gauche française et américaine dénonce les rendements des fortunes élevées, tout en condamnant la retraite par capitalisation. Il semble oublier qu’entre 1990 et 2010, environ 700M de personnes ont quitté la grande pauvreté grâce à l’économie de marché !

C’est pour tenir compte de cette situation que des investisseurs allouent des montants pratiquement équivalents aux deux extrêmes.  Parmi les sociétés exposées "aux riches" et aux sociétés exposées "aux pauvres" ils détiennent : LVMH, Hermès, Kerring (ex PPR), Prada (côté à Milan et Hong Kong), Tod's, Salvatore Ferragamo, Brunello Cucinelli, Luxoticca, Yoox, Monclerc  et Etro (côté à Hong Kong Hong)

Parmi les sociétés présentes dans le segment "low cost" dans les services, les télécoms, les transports figurent Jeronimo Martins (Portugal), Eurocash (Pologne). Les compagnies aériennes low cost sont également nombreuses : Easyjet, Ryanair, Vueling (controlé par  IAG = British Airways/Iberia), German Wings (100% Lufthansa) , Transavia ( détenu par Air France à 60% et Transavia NV à 40%)

Les entreprises qui rachètent leurs propres actions est un phénomène qui se développe en Europe. Là encore il est une des conséquences de la politique d’argent à taux proche de zéro pratiqué par les banques centrales. La dernière liste publiée par Andrew Garthwaite du Crédit Suisse comprend les valeurs suivantes : ABB, Alfa Laval, Richemont, Compass, Daily Mail, Paddy Power, Publicis, Reckitt Benckiser, Roche Holding, SAP, Sonova, The Swatch Group, WPP, GKN, Siemens, Betfair Group, Daimler

Les OPA se multiplient ce qui est la conséquence du double phénomène selon lequel les sociétés américaines doivent absolument faire des acquisitions pour utiliser leur trésorerie en dehors des Etats Unis ;  l’argent est bon marché pour toutes les entreprises qui peuvent lever de l’argent sur les marchés obligataires. Tous les brokers ont leur liste de futurs candidats à une opération financière. Parmi les noms que l’on retrouve le plus souvent figurent : ABB, Alfa Laval, Richemont, Compass, Daily Mail, Paddy Power, Publicis, Reckitt Benckiser, Roche Holding, SAP, Sonova, The Swatch Group, WPP, GKN, Siemens, Betfair Group, Daimler

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