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Alstom et General Electric, prochaines victimes du protectionnisme à la française ?
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Le Nettoyeur

General Electric pourrait débourser plus de 9,4 milliards d'euros pour racheter Alstom, selon Bloomberg. Les protestations des politiques s'élèvent déjà, notamment à gauche mais pas que, contre cette idée.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Le CAC 40 ne compte qu'une entreprise entrepreneuriale, Gemalto. C'est à peu près la seule chose à savoir sur le capitalisme à la française et comment il est cassé.

En France, le débat sur l'économie est le plus souvent décrit en termes d'être “pour” ou “contre” “les entreprises”. Il y aurait un gâteau (fiscal, économique) défini, et certains gens pensent qu'en en donnant trop aux entreprises, les salariés en auront moins ; les autres pensent qu'il faut en donner plus aux entreprises, pour favoriser leur “compétitivité.”

Personne ne prend en compte qu'être pour “les entreprises” c'est très souvent être contre le capitalisme et le marché. En effet, un marché déréglementé est brutal pour les entreprises. On parle de la “main invisible” du marché : ce qui est moins important que cette “main invisible” c'est le pied invisible, celui de la faillite des entreprises qui ne savent pas innover et s'adapter.

C'est la fameuse destruction créatrice, où les entreprises qui sont en retard sont tuées par celles qui sont les plus innovantes, qui profite à tout le monde à la fois : actionnaires, salariés, consommateurs. Sans cette destruction créatrice, le capitalisme devient effectivement ce contre quoi tonnait Marx : un jeu de dupes où les plus riches s'enrichissent au détriment des plus pauvres.

Or c'est précisément cette destruction créatrice que nos dirigeants refusent bec et ongles, de droite comme de gauche. Refus de destruction créatrice qui mène à un capitalisme “marxien” où, vous l'aurez donc compris, les premières victimes sont les classes ouvrières. Pourtant c'est la rhétorique de gauche qui y est la plus hostile.

On l'a vu avec l'intervention montebourgienne dans le deal Dailymotion-Yahoo, ou la farce de la réglementation des VTC.

Aujourd'hui nous en avons un nouvel exemple avec la rumeur d'une acquisition de l'activité énergétique d'Alstom par l'entreprise américaine GE. Peu importe que GE crée énormément d'emplois en France. Les protestations des politiques s'élèvent déjà, notamment à gauche mais pas que, pour protester contre cette idée qui ne reste qu'une rumeur.

Il y a là plusieurs couches d'ironie, car si Alstom existe encore, c'est grâce à l'intervention d'un ministre des finances, un certain Nicolas Sarkozy, qui refusait déjà la destruction créatrice lorsqu'elle s'adresse à un prétendu champion nationale (belle preuve que celui-ci n'a jamais été “libéral” comme certains de ces ennemis, prenant cet adjectif issu des Lumières pour un épithète, voulaient le faire croire).

Si l'acquisition se fait, cette intervention publique aura donc principalement bénéficié principalement aux actionnaires de General Electric. Mais pas seulement : à la suite de cette rumeur, les actions du groupe Bouygues, actionnaire principal d'Alstom, se sont envolées.

Et on arrive là à l'autre aspect, logique et fondamental, du capitalisme à la française : la connivence et le copinage. Forcément. Si ce qui oriente les décisions du marché c'est l'Etat et non pas le capitalisme lui-même, et que les capitalistes sont protégés du “pied invisible”, ce qui détermine les fortunes des capitalistes, c'est la proximité avec l'Etat. Bref, le copinage, la connivence.  

Suivez l'actualité du business en France, et ce sont toujours les mêmes quelques noms qui reviennent, en boucle, inlassablement. Le plus souvent, des noms d'héritiers. Une nouvelle aristocratie, sans même la culture de la précédente, qui se partage le gâteau et exploite les féodaux.

Le terrible paradoxe est donc celui-ci : c'est bien l'idéologie de l'étatisme, qui condamne cette aristocratie, qui lui permet également de se maintenir en place. Et la caravane avance...

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