Quand les amoureuses effeuillent des marguerites mécaniques, quand on masque les heures et quand le nouveau chic compte sur le choc du nez : c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Un escalier en trompe-l’œil qui nous prouve que notre position dans l’espace-temps est loin d’être aussi fermement assurée qu’on le croyait…
Un escalier en trompe-l’œil qui nous prouve que notre position dans l’espace-temps est loin d’être aussi fermement assurée qu’on le croyait…
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Et aussi l’acier qui devient plus désirable que le platine, le bleu électrique qui se marie au vert paramagnétique et le corail qui lance une invitation au voyage sous les mers…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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• HERMES : Les illusions perdues d’un temps dont on démasque les heures…

La maison Hermès adore décaler notre perception du temps, et donc celle de notre espace-temps : essayez donc de comprendre l’illusion d’optique de l’escalier ci-dessus, construit en dur par Hermès pour nous aider à nous défaire de nos routines spatio-temporelles ! Récemment, une montre Hermès « suspendait » le temps en effaçant son écoulement de notre vue, l’espace d’un moment. Qu’est-ce que le temps, sinon une convention mentale purement transitoire ? Dans ce cas, pourquoi le suspendre totalement quand peut se contenter de l’occulter partiellement ? C’est l’expérience que propose la nouvelle montre Dressage L’Heure masquée : profitons du temps qui passe en savourant chaque minute et en se contentant de camoufler les heures – dont l’aiguille cachée derrière l’aiguille des minutes n’apparaît qu’à la demande, à la bonne place, en pressant sur la couronne de remontage. Parce qu’on vit dans un village planétaire, cette réapparition de l’heure s’accompagne du dévoilement d’une seconde heure de référence, selon un fuseau horaire qu’on peut choisir. On ne profite ainsi que des minutes, qui sont la substance même du temps, sans se soucier des heures, qui n’en sont plus qu’une expression formelle et administrative. Masquer l’heure, c’est en reprendre la maîtrise, en jouant à cache-cache avec le temps : c’est lui qui fuit, pas nous ! On passe ainsi de l’égoïsme à l’hédonisme d’une dégustation privée. L’esthétique de cette Dressage n’est pas tout-à-fait classique, avec son boîtier de forme originale et ses grands chiffres arabes en or noir. Sa mécanique est génialement compliquée en même temps que totalement exclusive : seule la maison Hermès pouvait se permettre de tirer ainsi la langue aux codes de l’horlogerie traditionnelle tout en créant un superbe nouvel objet du temps…

• CHRISTOPHE CLARET : La montre qui effeuille la

marguerite…

Comment concevoir des montres mécaniques qui plaisent vraiment aux femmes, lesquelles sont infiniment moins sensibles à la grammaire des rouages qu’à la poésie du cœur ? Si les horlogers suisses sont virtuoses dans le lyrisme des engrenages qui jouent avec le temps, ils sont beaucoup plus rarement portés sur la complication romantique. Sauf que, pour la première fois, on vient d’inventer une « complication » mécanique qui semble n’avoir été pensée que pour les femmes. Imaginez une montre qui répondrait de façon aléatoire – c’est ça, le charme : on ne connaît pas d’avance la réponse ! – à l’éternelle question des amoureuses : « Est-ce qu’il m’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout ? ». Il suffit d’effeuiller la marguerite, pétale par pétale, avec la montre Margot de Christophe Claret – un des magiciens machinateurs de la nouvelle génération des créateurs indépendants suisses (cocorico : il est français !). Quand on presse sur le poussoir, une sonnerie tinte et on efface les pétales qui apparaissent sur le cadran, alors que s’affiche le commentaire de la comptine « Il m’aime, un peu, etc. » (voir la vidéo de démonstration). C’est parfaitement addictif, gavé d’inventions mécaniques brevetées et pensé dans les moindres détails, jusqu’aux pierres de couleur qui définissent un message d’amour par la vertu supposée de leur couleur. Ce n’était pas évident au premier abord, ni à la découverte du prix (250 000 euros) de cette montre qui a au moins l’élégance de donner l’heure, mais les horlogers suisses ont du cœur…

• PATEK PHILIPPE : Mieux que de l’or ou du platine, du bon acier sportif…

À quoi reconnaît-on les grandes marques ? Ce sont celles qui peuvent poser leurs codes. Aucune manufacture suisse ne saurait prétendre créer l’événement en mettant sur le marché une montre en acier, sauf Patek Philippe, qui a ce privilège. La maison fêtera dans le courant de cette année son 175e anniversaire, riche en lancements de nouveautés, mais elle parvient déjà à électriser son fan club de collectionneurs avec un chronographe en acier auquel s’ajoute un « quantième annuel » – la montre peut décompter sans faute le jour, le mois et la date pendant trois ans (annuel parce qu’il faut seulement lui forcer la main pour lui faire sauter le pas du 28 ou du 29 février). Le mouvement automatique de cette référence 5960/1A (les codes d’identification Patek Philippe sont assez peu sexy) est entièrement manufacturé « à la maison », ce qui accroît la valeur de la montre aux yeux des amateurs. Lesquels vont traquer les moindres menus détails d’originalité, comme le « 1 » rouge du premier jour du mois (en noir le reste du mois), le compteur central des minutes et des heures du chronographe à 6 h, les aiguilles luminescentes (qui confirment la vocation sportive de la montre), la remise à zéro instantanée de la seconde ou les poussoirs à l’ancienne. On connaissait cette référence en or et en platine. Elle nous revient restylée en acier, au prix d’une grosse berline allemande : pas de souci, il n’y en aura pas pour tout le monde et la liste d’attente est déjà impressionnante…

• RJ-ROMAIN JEROME : Patriotes de chic, de choc et de charme…

Le Nose Art a été inventé pendant la Première Guerre mondiale par les aviateurs qui dessinaient des figures emblématiques sur le nez de leurs biplans, mais on en retient surtout les peintures de pin-ups sur le nez des bombardiers américains. Les pilotes en faisaient des talismans contre les dangers de la guerre. Une jeune femme un peu déshabillée fait oublier que la mort rôde, ne serait-ce que le temps de la peindre à la main sur le fuselage. Spécialisée dans la traduction au poignet des légendes de notre temps (le Titanic, la conquête de la Lune, les jeux d’arcade, la statue de la Liberté ou l’éruption du volcan islandais), la jeune marque RJ-Romain Jerome renoue avec cet imaginaire graphique en lançant une collection de chronographes « guerriers » ornés, au verso, des plus jolies frimousses du Nose Art – celle qu’on vous présente ici n’étant que la plus décente pour ne pas heurter les chiennes de garde embusquées dans l’ombre. C’est la guerre en dentelles, avec porte-jarretelles et décolletés pigeonnants. Comme toujours avec RJ-Romain Jerome, chaque montre contient une « infusion » de fragments physiques de la légende dont elle constitue l’hommage horloger : ici, on a intégré dans le boîtier des éléments métalliques de la carcasse d’un des plus célèbres B-17 de l’histoire, le « Pink Lady », qu’on a vu au cinéma dans La Grande vadrouille aussi bien que dans Memphis Belle. Le fond est au néo-patriotisme comme la mode est au style militaire (camouflage), mais on a maintenant la preuve que les plus virils poignets cachent au fond de leur montre un chromo sentimental…

• ROLEX : Du vert paramagnétique au bleu électrique…

La Milgauss est une des Oyster légendaires de la collection Rolex. Elle tire son nom de ses propriétés anti-magnétiques initiales : 1 000 Gauss pour sa résistance aux interférences électro-magnétiques exprimées dans cette unité de compte. La magnétisation d’un mouvement mécanique est une catastrophe pour sa précision : aujourd’hui encore, les ingénieurs et les scientifiques exposés à de tels champs magnétiques ne peuvent pas porter de montres qui n’offrent pas une telle protection. L’aiguille des secondes de la Milgauss reprend d’ailleurs le dessin en Z symbolique de cette ambiance électrique. Originale avec le verre saphir légèrement vert qui protège son cadran, l’Oyster Milgauss nous revient cette année avec un magnifique cadran bleu… électrique – cette association de couleurs rendant la montre encore plus paramagnétique ! Chez Rolex, on parle désormais de bleu Z : l’harmonie chromatique de cette montre est un des éléments de la fascination qu’elle exerce (en plus du fait que son boîtier de 40 mm témoigne du style contemporain d’un modèle Oyster qui va bientôt sur ses quatre-vingt-dix ans…

• BVLGARI : L’invitation au voyage d’une nature onirique… 

Toutes les marques ont leur jardin secret. Celui de Bvlgari est tressé de couleurs, de pierres précieuses et de citations naturalistes, dans une ambiance de gaieté influencée par la Dolce Vita. La montre Il Giardino Marino explore un univers onirique de beauté marine assez peu représentée dans l’art horloger et joaillier. Pour ce qui est de la réassurance mécanique à propos de cet objet du temps, il y a le tourbillon – complication horlogère qui semble ici suspendue dans l’espace. Pour explorer la nature, l’invitation au voyage est lancée par les poissons, les coraux et les étoiles de mer, qui marient différentes techniques de marqueterie (corail, nacre, turquoise), de laque, d’émaillage et de sertissage. Où s’arrête l’artisanat spécialisé et où commence l’expression artistique ? Difficile de le préciser face à un tel déploiement de virtuosité décorative. Chaque montre – pas une ne saurait être strictement identique – est un hublot ouvert sur les merveilles d’une nature revisitée pour en exprimer la beauté…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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