Brigitte Bardot : un si beau culte<!-- --> | Atlantico.fr
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Brigitte Bardot.
Brigitte Bardot.
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Toutes les semaines, le journal Service Littéraire vous éclaire sur l'actualité romanesque. Aujourd'hui, retour sur le mythe de Brigitte Bardot, qui enflamme toujours le papier glacé.

Christian Montaignac

Christian Montaignac

Christian Montaignac est écrivain et journaliste pour le journal Service Littéraire. Dernier ouvrage paru : “Le soir venu” au Cherche-Midi.

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La plus belle femme du monde (en son temps), la plus photographiée du siècle (dernier), ne peut donner que ce qu’elle a. Si on veut encore gloser, on peut rajouter « la gloire, ce deuil éclatant du bonheur ». Avec elle, tous les clichés sont vrais. Et plus que jamais pour qu’éclate la vérité toute nue, forcément nue : Brigitte Bardot est la seule star que les Français ont connue – avec de Gaulle, s’entend, il le disait lui-même.

Ce statut, toujours lié à quelque chose de sulfureux, l’ingénue scandaleuse le porta après que Marylin fut disparue. Symbole de ceci, emblème de cela, icône nationale et « rêve impossible des hommes mariés » selon Nourissier, la Marianne de 1968 fut tout jusqu’à devenir la diablesse de la République quarante ans après. Par comparaison, toutes celles qui ont essayé de lui succéder étaient vouées à rester des super starlettes de papier glacé.

Ainsi va la Bardot, sublimée par sa photogénie, portée par notre mémoire d’ados attardés. Comme si elle n’avait jamais été cette blonde écervelée dont on a fait le portrait à l’acide, comme si ses fameuses initiales étaient restées BB et non bébête. Sa générosité est telle qu’elle a accepté de voir le temps chiffonner son visage angélique, soulignant juste avec constance ses yeux de biche, sans parvenir à faire oublier les plis d’amertume qui cernent désormais son sourire.

C’est curieux, après avoir été la ravissante dévergondée au « cul qui chante », la voilà redevenue, telle qu’en elle-même partout affichée, la divine beauté qui a rayonné sur tant de jeunes années. Deux livres d’amour en témoignent. Nous avons un faible pour le premier où elle entre dans la légende d’une écriture qui a l’avantage de lui ressembler, tout en plein et délié. Son Jacques n’est plus Charrier mais Héripret qui n’est jamais loin de la belle boudeuse avec son Leïca. En tournage à Alméria auprès de deux grands mâles attentionnés, Sean Connery et Stephen Boyd, le mythe se fait muse. L’œil contemple, saisit, pour nous faire partager un mélange d’innocence subversive et d’espièglerie enfantine. Ce splendide objet de désir en noir et blanc est préfacé par la poésie gourmande de Gilles Durieux qui s’attarde du côté de Musset. Dans le deuxième, les Brincourt, père et fils, y vont de leur célébration aux mesures de Paris Match. Le bateau amiral, toutes pages dehors, propose son hommage dans les grandes largeurs et en couleurs. Comme quoi, le mythe reste un lumineux filon.

A lire : BB en liberté, de Jacques Heripret, éditions Eyrolles, 160 p., 29,90 €.

A lire : Brigitte Bardot La petite fiancée de Paris Match, de Christian Brincourt, éditions Glénat, 256 p., 39 €.

Source :Service Littéraire, le journal des écrivains fait par des écrivains. Le mensuel fondé par François Cérésa décortique sans langue de bois l'actualité romanesque avec de prestigieux collaborateurs comme Jean Tulard, Christian Millau, Philippe Bilger, Eric Neuhoff, Frédéric Vitoux, Serge Lentz, François Bott, Bernard Morlino, Annick Geille, Emmanuelle de Boysson, Alain Malraux, Philippe Lacoche, Arnaud Le Guern, Stéphanie des Horts, etc. Pour vous abonner,cliquez sur ce lien.

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