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Une débâcle de plus pour le gouvernement : Jean-Marc Ayrault annonce la suspension de l'écotaxe pour l'ensemble du pays
©Reuters

A la poubelle

Jean-Marc Ayrault l'a indiqué ce mardi à la sortie de la réunion qui s'est tenue à Matignon.

L'écotaxe, c'est terminé ! Du moins pour le moment. Jean-Marc Ayrault a annoncé la suspension de cette taxe et ce, sur tout le territoire. Le Télégramme annonçait déjà l'information ce mardi matin alors que le Premier ministre réunissait en urgence ministres concernés et élus bretons. Après des jours de fronde, les Bretons auront donc fait reculer le gouvernement sur ce dossier. "J'ai le sentiment qu'il n'y aura pas de solution en Bretagne tant qu'il n'y aura pas de dialogue. (...) La confrontation doit laisser la place au dialogue. Le courage, ce n'est pas l'obstination" a expliqué le Premier ministre.


Stéphane Le Foll avait indiqué ce matin que l'annulation de la loi coûterait 800 millions d'euros à l'Etat.

LIRE AUSSI : Le rejet de l'écotaxe est-il justifié ou simplement une conséquence du ras-le-bol fiscal ?

Le gouvernement a donc suivi les injonctions de l'opposition et notamment de Jean-François Copé. Ce mardi matin, le président de l'UMP demandait de "reporter sine die cette écotaxe pour toute la France""L'écotaxe a été votée par la droite" (et adoptée unanimement par la droite et la gauche) mais "elle n'était pas en application, c'était un autre contexte. La gauche, depuis 18 mois, a annulé la défiscalisation des heures supplémentaires, toute notre politique pénale! Si elle veut annuler des choses, elle peut. L'héritage a bon dos. Il y a urgence absolue à décider son report" a-t-il dit sur RTL. Quelques minutes après l'annonce de la suspension de l'écotaxe, le patron de l'UMP a affirmé être "soulagé que le Premier ministre ait reculé".

Les réactions après l'annonce de Jean-Marc Ayrault 

A l'UMP, une voix discordante s'est fait entendre : celle de Dominique Bussereau. Le député UMP a indiqué que l'écotaxe restait "une bonne mesure". "A l'UMP, la tendance est de demander un moratoire. Je considère que ça reste une bonne mesure, que nous avions voulue pour le report modal et pour financer les infrastructures. (...) Je souhaite que le gouvernement ne vide pas complètement de son sens cette mesure que nous avions instaurée dans le cadre du Grenelle de l'environnement" a-t-il précisé.

France Nature Environnement (FNE) a lui aussi dénoncé l'abandon de l'écotaxe. "C'est lamentable, il n'y a aucun courage politique" a indiqué Bruno Genty, président de cette fédération. "Une mesure votée par la droite comme la gauche est remis en cause à partir du moment où un groupe d'individus cassent des biens publics. Je ne pense malheureusement pas que cela va résoudre les problèmes de l'élevage... L'environnement devient le bouc-émissaire des problèmes économiques" a-t-il conclu.

"Cette suspension sine die, c'est juste minable, c'est une reculade vraiment invraisemblable face à un lobby agro-industriel mené par le président de la FNSEA, Xavier Beulin, et le Medef pour casser une logique économique qui aurait été la relocalisation" a indiqué pour sa part, José Bové.

De son côté,Jean-Louis Borloo a estimé que la décision du gouvernement Ayrault était un signe "d'apaisement, puisque ce sujet dépasse les majorités et qu'il est extrêmement difficile, nous devons l'assumer ensemble et sommes à la disposition du gouvernement pour participer à la réflexion" a dit le patron de l'UDI.

Se disant "accablé", Noël Mamère a commenté la décision du gouvernement. "C'est la démonstration de la faiblesse politique de ce gouvernement et de son peu de considération pour la transition écologique. L'écotaxe n'est que le bouc émissaire d'une crise de la production agricole. Les racines du mal ne sont pas dans l'écotaxe, mais dans la crise de l'agriculture et de l'élevage intensif qui frappe particulièrement la Bretagne, c'est la crise d'un modèle agricole" a-t-il expliqué.

Le Front de gauche par la voix de André Chassaigne a réagi. Le rejet de l'impôt, "qui monte dans le pays depuis quelques semaines", est la conséquence "du bricolage du gouvernement qui ne donne plus de sens à l'impôt", a expliqué le chef de file du FG. "Quand on ne donne pas de sens à l'impôt, ça déclenche ce type de mouvement. Quand on fait de l'improvisation et du bricolage fiscal, ça dévalorise l'impôt" a-t-il insisté.

Christian Jacob, le chef des députés UMP, a estimé que si le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll "avait un peu de colonne vertébrale, il serait bien appelé à donner sa démission : il annonçait hier contre vents et marées qu'il maintiendrait l'écotaxe. C'est un échec cuisant pour lui". Et d'ajouter à propos des Verts : "Je ne sais pas comment ils restent dans le gouvernement et comment cette majorité tient toujours. [...] Mais les Verts nous ont montré qu'ils étaient prêts à toutes les compromissions pour conserver un maroquin ministériel".

Le FN est monté au créneau après la suspension de l'écotaxe. Marine Le Pen a critiqué tour à tour le gouvernement Ayrault et l'UMP. "La nouvelle suspension de l'écotaxe est une avancée arrachée par la mobilisation populaire mais n'est pas une annonce satisfaisante parce qu'elle laisser planer sur les transporteurs routiers, l'agriculture, l'agro-alimentaire et l'industrie une épée de Damoclès anti-économique et anti-sociale" a dit la patronne du Front national. "L'UMP feint de s'en réjouir" alors que "c'est en réalité son bébé qui depuis des mois est contesté par les Français" a-t-elle insisté. "Dans cette affaire, deux acteurs ont donc perdu le peu de crédibilité qu'il leur restait : le gouvernement et l'UMP" a conclu l'ancienne candidate à la présidentielle.

Très attendue, la réaction des Verts s'est fait attendre. Ils ont réagi par l'entremise de Pascal Durand. "Une chose est certaine: l'ajournement ne va résoudre en rien les problèmes que rencontre la Bretagne, il y a une instrumentalisation", a déclaré le secrétaire national du parti. Pour lui, la suspension de l'écotaxe sur l'ensemble du territoire, "ça ne va en rien servir l'intérêt général, ni l'intérêt de la Bretagne".

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