Syrie : Ayrault pense que "la solution sera politique et non militaire"<!-- --> | Atlantico.fr
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Les parlementaires ont débattu sur la question syrienne
Les parlementaires ont débattu sur la question syrienne
©Reuters

Les pourparlers continuent

Le Premier ministre a souligné mercredi, lors du débat à l'Assemblée nationale sur la situation syrienne, que François Hollande avait fait le choix d'une "action légitime, collective et réfléchie".

Les parlementaires ont tour à tour défendu leur point de vue sur la question d'une éventuelle intervention militaire en Syrie. Comme prévu, c'est le Premier ministre qui s'est exprimé en premier : d'emblée, Jean-Marc Ayrault s'est montré offensif. Il a cherché à convaincre les députés en affirmant que l'attaque à l'arme chimique du 21 août est le "plus massif et terrifiant usage de l'arme chimique en ce début de siècle" - attaque qu'il a une nouvelle fois imputé au régime de Bachar el-Assad. Ensuite, le chef du gouvernement a poursuivi son argumentaire en assurant que "ne pas réagir" militairement en Syrie reviendrait à "fermer la porte à un règlement politique du conflit", seul à même de déboucher sur "un départ" de Bachar el-Assad du pouvoir.

"Oui, la solution à la crise syrienne sera politique et non militaire. Mais regardons la réalité en face : si nous ne mettons pas un coup d'arrêt à de tels agissements du régime, il n'y aura pas de solution politique", a martelé Jean-Marc Ayrault devant l'Assemblée nationale. Et de poursuivre en insistant sur le fait que François Hollande avait fait le "choix d'une action légitime, collective et réfléchie". La France compte notamment sur le "soutien" des pays européens et des "pays de la région, notamment au sein de la Ligue arabe", a ajouté le chef du gouvernement. Le Premier ministre a aussi promis aux députés de "continuer à informer" les parlementaires sur la situation syrienne, sans évoquer un éventuel vote, réclamé par certains dans les rangs de l'opposition comme de la majorité. Selon lui, "en toute hypothèse, la décision ultime ne pourra être prise par le président de la République que lorsque sera constituée la coalition, seule à même de créer les conditions d'une action".

Le Premier ministre a ensuite laissé la parole aux chefs de file des différents groupes parlementaires. Christian Jacob, le président des députés UMP à l'Assemblée nationale, a ainsi condamné l'"acte barbare, sauvage et inhumain" de l'usage des armes chimiques tout en constatant  "une impasse diplomatique et militaire" du gouvernement et du président. "La France peut-elle sérieusement, sans aucun allié européen, se lancer tête baissée dans une aventure de la sorte ? Nous ne le pensons pas", a-t-il lancé. Christian Jacob s'est aussi montré très critique en évoquant une France "isolée comme elle ne l'a jamais été, spectatrice de ce qui se passera le 9 septembre à Washington", alors qu'elle devrait être "alliée" mais non "alignée" sur les Etats-Unis.

Le chef de file de l'UMP a ensuite pris pour cible le président de la République. "François Hollande a convoqué le Parlement avant d'avoir pris quelque décision que ce soit. Qu'il ne s'étonne pas de se voir réclamer un vote. Avec cette convocation à contre-temps, il a pris le risque d'affaiblir la fonction présidentielle qui ne s'accommode pas d'indécision, d'atermoiement et de suivisme. Il a pris le risque d'affaiblir également l'Assemblée car les Français ne comprennent pas que leurs députés ne donnent pas le feu vert ou rouge à cette intervention", a estimé Christian Jacob. Le député a conclu son intervention en rappelant les positions du principal parti de l'opposition.

"C'est le cœur lourd au regard de la cause qui pourrait justifier une riposte que nous exprimons trois refus : refus d'une action strictement militaire sans buts réels de guerre au-delà d'un coup de semonce ou d'une punition; refus surtout d'une intervention isolée sans légitimité internationale; refus enfin d'un renoncement, voire à certains égards d'un reniement de notre politique étrangère."

Ce fut ensuite au tour de Jean-Louis Borloo de s'exprimer, avant François De Rugy (EELV) et André Chassaigne (PCF). Le président de l'UDI a jugé impossible pour l'instant une intervention militaire de la France en Syrie "sans preuves irréfutables" de l'usage d'armes chimiques et "sans une coalition très large". Il a aussi évoqué un "bilan effroyable" du conflit syrien et "un engrenage fatal" justifiant que "les criminels (soient) punis", mais avec "une réponse globale et internationale". "Sans une coalition très large, sans la protection totale de nos compatriotes et de nos intérêts, sans un soutien d'un certain nombre d'Européens, sans l'accord de la Ligue arabe, sans un soutien de l'ONU soit par le Conseil de sécurité, soit par l'Assemblée générale en vertu de la résolution 377, et avant tout rapport validé par l'ONU, des frappes ne nous semblent pas possibles", a proféré Jean-Louis Borloo à l'Assemblée nationale.

Et de conclure : "Il n'y a pas ici des "va-t'en-guerre" irresponsables ou des désinvoltes détournant le regard devant ce drame et devant ces crimes. Il n'y a que des parlementaires soucieux de défendre les intérêts de la France et des Français, et de contribuer à une issue décisive pour mettre un terme à ce drame effroyable".


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