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Jérôme Cahuzac : "Je n'ai dit la vérité à personne"
©Reuters

Enfin il a parlé !

L'ex-ministre du Budget était entendu ce mercredi à l'Assemblée nationale par une commission d'enquête.

Ses déclarations étaient attendues de tous. Ce n'est pas un euphémisme de le dire. Jérôme Cahuzac avait rendez-vous ce mercredi avec la commission parlementaire. L'homme par qui le scandale est arrivé allait enfin s'expliquer. Donner les raisons de son acte (compte bancaire caché en Suisse ndlr). Livrer sa vérité aux députés lui faisant face. Une explication qui nécessairement allait être décortiquée, analysée, commentée. Il faut dire que c'était la première fois que celui qui avait été un des ténors du gouvernement revenait à l'Assemblée nationale. Une Assemblée qu'il avait quitté sous l'opprobre général. Et ce qu'il convient de dire c'est que dans l'ensemble, l'ancien ministre du Budget a répondu aux questions qui lui étaient posées. Mais Jérôme Cahuzac a aussi gardé quelques explications pour lui.

Arrivé vers 16H30 dans la salle d'audition, il a prêté serment à la demande du président de la Commission parlementaire Charles de Courson. "Je le jure", a-t-il lâché avant de refuser de faire une "déclaration liminaire". Et c'est Alain Claeys, le rapporteur PS de la commission, qui entame l'interrogatoire. Il pose une série de questions à Jérôme Cahuzac. Questions auxquelles répond sans ambages l'ancien ministre. Ainsi, à propos de son retentissant démenti devant la représentation nationale le 5 décembre, il a expliqué l'avoir prononcé alors qu'il avait "menti au président de la République et au Premier ministre dans les heures qui précédaient". Il a également assuré n'avoir jamais eu de contact sur cette affaire avec le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et la Garde des Sceaux Christiane Taubira.

Jérôme Cahuzac a insisté sur le fait qu'il n'avait parlé à personne de la demande de renseignements que le fisc lui avait envoyé sur d'éventuels comptes à l'étranger. "Il y a deux tabous que je n'ai pas transgressé, je n'ai jamais juré ne pas détenir de compte sur la tête de mes enfants, et deuxième tabou, mentir à l'administration dont j'avais la charge, m'a semblé impossible", a déclaré l'ancien ministre pour justifier le fait de n'avoir pas répondu au fisc. Il aussi assuré que Pierre Moscovici ne l'avait pas prévenu de l'envoi d'une demande d'entraide administrative à la Suisse. "J'ai été informé du sens de la réponse, de mémoire, une dizaine ou quinzaine de jours après", a-t-il précisé, certifiant qu'il n'était pas à l'origine des fuites qui avaient suivi dans la presse.

Mais l'ancien brillant orateur du gouvernement à demandé à plusieurs reprises aux députés de ne pas lui demander d'"étaler ses sentiments personnels". Aussi, l'homme est apparu fatigué, la voix régulièrement bloquée par l'émotion, n'hésitant à évoquer sa "douleur". De plus, l'ancien ministre du Budget a plusieurs fois refusé de répondre aux questions des parlementaires. Il a ainsi décliné les questions directes sur les banques dans lesquelles il avait placé de l'argent à l'étranger, sur les dates de transferts ou encore sur ses voyages en Suisse. A ses yeux, ces questions empiètent "pleinement sur l'information judiciaire en cours" sur son affaire, qui marque la limite du travail de la commission parlementaire. Jérôme Cahuzac a d'ailleurs précisé sèchement aux députés que ses non-réponses ne valaient "pas approbation au libellé des questions".

"Si je suis une victime, je suis victime de moi-même et de personne d'autre", a aussi déclaré l'ancien ministre. Interrogé une nouvelle fois de savoir qui dans son entourage était au courant de l'existence de son compte en banque en Suisse, il affirme : "Je n'ai dit la vérité à personne, pas même à mon avocat qui était un ami, pas à mes collaborateurs, c'est ainsi". Enfin concernant l'enregistrement révélé par Michel Gonelle, il se contente de dire: "Je n'ai jamais reconnu que c'était ma voix. La police scientifique a assuré qu'à 60% il s'agissait de ma voix". "Avant le 2 avril (date des aveux, ndlr), je veux bien vous donner acte que les propos que j'ai tenus n'aient pas été convaincants. Depuis le 2 avril, je n'ai pas tenu de propos sur cet enregistrement, et je n'ai pas l'intention d'en tenir tant que la justice n'a pas éclairci cette affaire".

En définitive, Jérôme Cahuzac aura laissé sur leur faim bon nombre de députés. A la sortie de son audition, la vérité n'a toujours pas éclaté au grand jour. Une audition de deux heures, pour autant de temps de langue de bois.

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