Mort de Chokri Belaïd : le Premier ministre va former un gouvernement d'union nationale en Tunisie<!-- --> | Atlantico.fr
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Un millier de personnes se sont rassemblées devant le ministère de l'Intérieur à Tunis pour crier leur colère
Un millier de personnes se sont rassemblées devant le ministère de l'Intérieur à Tunis pour crier leur colère
©Reuters

Heurts

La police tunisienne a lancé des gaz lacrymogènes sur les milliers de manifestants réunis à Tunis face au ministère de l'Intérieur, pour protester contre l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd.

  • Cette nuit, a été tué l'opposant Chokri Belaïd
  • Des milliers de manifestants sont réunis dans la rue
  • La police réprimande ces manifestations
  • le gouvernement va être dissout pour faire place à un gouvernement d'union nationale

Mis à jour à 20h15

Le Premier ministre tunisien, a annoncé son intention de former un gouvernement de "technocrates apolitiques".

Sur Twitter, l'agence Reuters - qui cite des sources officielles - annonce que le Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali, membre d'Ennahda, va dissoudre le gouvernement et former un "cabinet d'union nationale", sans préciser quand cette dissolution aurait lieu.

Le meurtre de Chokri Belaïd a provoqué des manifestations dans plusieurs villes, notamment à Tunis et à Sidi Bouzid, le berceau de la "révolution de jasmin" de l'hiver 2010-2011. Selon des témoins, les bureaux d'Ennahda, parti islamiste modéré qui dirige le gouvernement de coalition, ont été incendiés à Sousse, Monastir, Mahdia et Sfax.

Le chef de file d'Ennahda, Rached Ghannouchi, a affirmé à Reuters que sa formation était totalement étrangère à l'assassinat de Belaïd. "Ils (les laïcs) mobilisent contre nous après la mort de Chokri Belaïd (...) Le résultat, c'est que les sièges de notre parti dans plusieurs villes ont été attaqués et incendiés", a-t-il dit. "Le parti Ennahda est totalement innocent de l'assassinat de Belaïd", a martelé le chef du parti islamiste. "Les seuls à qui profite cet assassinat, ce sont les ennemis de la révolution."

"La Tunisie connaît aujourd'hui l'impasse politique la plus grave depuis la révolution. Nous devons garder notre calme et ne pas nous laisser entraîner dans une spirale de violence. Plus que jamais, il faut que nous restions unis", a ajouté Ghannouchi.

Un millier de personnes se sont rassemblées devant le ministère de l'Intérieur à Tunis pour crier leur colère. "Honte, honte à vous, Chokri est mort !", "Où est le gouvernement ?", "Le gouvernement doit partir !", scandaient les manifestants. Les forces de sécurité ont bouclé le secteur. Des milliers de personnes manifestaient aussi à Sidi Bouzid, berceau de la révolution tunisienne, pour dénoncer l'assassinat de Belaïd. "Plus de quatre mille personnes sont en train de protester maintenant, en brûlant des pneus et en lançant des pierres sur les policiers", a dit à Reuters Mehdi Horchani, un habitant de la ville. "La colère est grande", a-t-il souligné. L'immolation par le feu le 17 décembre 2010 d'un marchand de primeurs de Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi, 26 ans, avait été l’évènement déclencheur du premier soulèvement du "printemps arabe" qui a abouti à la chute du président Zine Ben Ali le 14 janvier 2011.

Le président tunisien Moncef Marzouki a écourté une visite en France, où il s'était rendu pour une réunion au Parlement européen, et annulé sa présence au sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) jeudi dans la capitale égyptienne. Pour le chef de l'Etat tunisien, la concomitance entre l'assassinat de celui qui était "son ami de longue date" et sa propre présence au Parlement européen n'est pas un hasard.

"Le peuple veut la chute du régime!", scandent les centaines de manifestants rassemblés autour du véhicule. La police a répliqué après avoir essuyé des jets de bouteilles. Des nuages de gaz se répandent sur toute l'avenue, à la faveur d'un vent fort. Les policiers pourchassent les manifestants pour les disperser à coups de matraque, toujours selon le journaliste de l'AFP. Ils reprennent en coeur "dégage, dégage", le cri de ralliement de la révolution de 2011, ainsi que l'hymne national.

Condamnation de François Hollande

A Paris, François Hollande a condamné l'assassinat "avec la plus grande fermeté". "Ce meurtre prive la Tunisie d'une de ses voix les plus courageuses et les plus libres", précise l'Elysée dans un communiqué." Chokri Belaïd s'est engagé tout au long de sa vie publique dans les combats pour la liberté, la tolérance et le respect des droits de l'Homme avec cette conviction profondément enracinée en lui que le dialogue et la démocratie doivent être au cœur de la nouvelle Tunisie", poursuit la présidence française. "C'est ce message d'unité et de rassemblement des Tunisiens en faveur des libertés fondamentales que les assassins (...) ont souhaité briser."

"La France est préoccupée par la montée des violences politiques en Tunisie et appelle au respect des idéaux portés par le peuple tunisien lors de sa révolution", conclut le communiqué.

Chokri Bekaïd était le secrétaire général du Mouvement des patriotes démocrates, une des composantes du Front populaire, constitué de douze partis politiques et associations de gauche, nationalistes et écologistes, ainsi que de nombreux intellectuels indépendants. C'est la Tunisie qui avait donné durant l'hiver 2010-2011 le signal des soulèvements dans le monde arabe.

Copé réagit à son tour

Le président de l'UMP juge "préoccupants" les signaux provenant de Tunisie et s'interroge sur "l'opportunité" dans ce contexte, pour le président François Hollande, de se rendre dans ce pays. "Depuis des mois, les signaux provenant de Tunisie sont extrêmement préoccupants : assassinat de Lotfi Naghd, coordinateur de Nida Tounes à Tataouine, destructions de mausolées, mesures d'intimidations à l'égard des figures de l'opposition, exactions des 'ligues de protection de la révolution'", constate le député-maire de Meaux dans un communiqué.

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