Pourquoi Aaron Swartz devient un "martyr du web" aussi vite ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le jeune hacktiviste qui s'est donné la mort il y a moins d'une semaine est en passe de devenir une des figures les plus importantes du militantisme 2.0
Le jeune hacktiviste qui s'est donné la mort il y a moins d'une semaine est en passe de devenir une des figures les plus importantes du militantisme 2.0
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A l'américaine

Le jeune hacktiviste militant qui s’est suicidé vendredi 11 janvier a été la source de centaines d’articles élogieux depuis son décès.

Aaron Swartz n’était pas très connu. En tout cas pas du grand public. Ces deux principales créations – le format RSS dont il avait participé à l’élaboration à 14 ans – et Reddit – le site d’actualité et de  social bookmarking qu’il avait co-fondé – n’était pas, malgré leur qualité, des outils et des sites aussi connus et répandus que les géants de l’internet que sont Google, Facebook ou encore Amazon.

Et pourtant, depuis l’annonce de son suicide, le vendredi 11 janvier, de très nombreuses tribunes, posts de blogs et autres "nécros" ont été publiés. A chaque fois, les articles sont dithyrambiques (article du NYTimes en anglais). Il y est loué l’esprit libre de ce jeune hacktiviste, qui luttait pour la liberté d’Internet et pour faire de la connaissance une donnée aussi largement et gratuitement accessible que possible. Ses idéaux l’avaient même mené jusqu’en devant les tribunaux : il risquait jusqu'à 35 ans de prison et un million de dollars d'amende pour avoir télécharger illégalement en 2011 des millions d'articles scientifiques et littéraires à JSTOR, un service d'archivage en ligne de publications universitaires et scientifiques, accessible uniquement par abonnement. Les charges avaient été retenues contre lui, même après que le JSTOR avait retiré sa plainte et rendu une grande partie de ses données accessibles.

Alors pourquoi une mythification aussi rapide ? Avec d’un côté le petit génie troublé [il souffrait de dépression] et ses idéaux libertaires et de l’autre la bureaucratie sans cœur qui voulait appliquer des lois jusqu’à l’absurde, tous les éléments sont là pour faire un bon mythe, et plus particulièrement un bon mythe à l’américaine. Tout d’abord du fait de sa fin tragique, qui rappelle le destin de Kurt Cobain, ou de Marilyn. Mais aussi parce qu'Aaron Swartz remplit un trou béant dans l’iconographie moderne américaine de gauche. Ses actes font écho à ceux de Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, et de Bradley Manning, le soldat américain qui aurait livré les fameux câbles diplomatiques à Assange. Mais Swartz les dépasse car il n’est pas discrédité comme Assange – qui est accusé de viol – et car les motifs de Manning sont toujours aussi peu clairs, surtout qu’il a fait fuiter des secrets gouvernementaux, pas des articles académiques beaucoup moins dangereux. Swartz représente un idéal "pure, c’est pourquoi il pourrait devenir le premier mythe de l’ère du numérique.

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