Jean-Marc Ayrault sur France 2 : 3 millions de chômeurs, on fait quoi maintenant ?

"Ayrault, ce n'est pas un tortionnaire", assure un ministre. C'est la "gentillesse", le "Français affable". "Il tient son autorité du fait que c'est un excellent animateur", ajoute-t-il, même si "cela n'évite pas les couacs". Même dans son camp, la personnalité du Premier ministre fait débat. Est-il capable de guider la France ? Peut-il permettre au pays de se redresser ? Avec l'annonce mercredi des chiffres du chômage, plus de 3 millions de personnes, et une cote de popularité en baisse, Jean-Marc Ayrault ne se présente pas en position de force ce jeudi soir face aux Français.

Alors quel est le but de cette intervention sur France 2 ? D'après ses proches, le Premier ministre entend rassurer les Français, calmer les inquiétudes à la veille de la présentation d'un budget serré. Le défi est donc de taille pour l'exécutif: réduire à tout prix le déficit public à 3% du PIB (contre 4,5% ciblés cette année) malgré une croissance inexistante, et traduire en actes le projet économique de François Hollande. Avec à la clé un effort historique de 30 milliards d'euros.

Jean-Marc Ayrault devrait dire jeudi soir "voilà (où sont) les économies, voilà (où sont) les impôts, il expliquera qu'ils sont justes, dira combien pour les petites entreprises, combien pour les grandes entreprises (...) et donnera aussi les perspectives", a confié un membre du gouvernement. Les hausses d'impôts cibleront "les plus grandes entreprises" et "les plus aisés", a d'ores et déjà garanti le ministre de l'Economie Pierre Moscovici. La mesure la plus symbolique sera la fameuse taxe à 75% sur les revenus d'activité au-dessus d'un million d'euros par an. Le Premier ministre, dont l'autorité sur la majorité a été mise à mal par le récent refus des alliés écologistes de voter le traité budgétaire, va aussi chercher à reprendre la main, avant l'ouverture la semaine prochaine du débat au parlement sur le "paquet" européen. Il dira ainsi s'il soumet ou non au vote la déclaration qu'il fera le 2 octobre à l'Assemblée.

En tout cas, Jean-Marc Ayrault va devoir convaincre et montrer qu'il peut occuper le poste de Premier ministre durant cinq ans comme son prédécesseur, François Fillon, ou comme Lionel Jospin. Mais pas certain que cela se termine bien. Même à gauche, on commence à avoir quelques doutes.