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Pauvreté en France : des chiffres élevés mais qu'il ne faut pas dramatiser
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C'est (vraiment) grave docteur ?

Dans une interview à Rue 89, Louis Maurin, l'un des fondateurs de l'Observatoire des inégalités, analyse la progression de la pauvreté en France. Il estime qu'il ne faut pas la dramatiser.

La dernière enquête de l'Insee sur les niveaux de vie, rendue publique vendredi 7 septembre, est explosive. Que constate-t-elle ? Qu'en 2010, le niveau de vie des Français a diminué par rapport à l'année précédente, alors que la pauvreté continue de progresser, touchant particulièrement les plus jeunes. 

Ainsi, le niveau de vie médian (la moitié de la population gagne plus, l'autre moitié moins) des personnes vivant dans un ménage de France métropolitaine en 2010 est de 19 270 euros, ce qui représente 1 610 euros par mois. Soit une diminution de 0,5% par rapport à 2009. Autre chiffre inquiétant : en 2010, 8,6 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire (964 euros par mois), la moitié d'entre elles vivant avec moins de 781 euros par mois.

Dans une interview accordée à Rue 89, Louis Maurin, l'un des fondateurs de l'Observatoire des inégalités, refuse d’emboîter le pas aux alarmistes. Il rappelle notamment que la manière de calculer la pauvreté influe fortement sur les résultats. "Pendant longtemps, on a considéré comme pauvres les personnes qui touchaient moins de 50% du niveau de vie médian. [...]  A partir de 2008, on a décidé d’utiliser le seuil le plus souvent utilisé en Europe, qui se situe à 60% du niveau médian", explique-t-il. Un seuil qui est donc totalement arbitraire.

"En 2010, le seuil de pauvreté pour une personne seule à 60% du revenu médian est de 964 euros mensuels. Ça a l’air de rien, mais si on l’applique à la France, ça fait passer de 4,8 à 8,6 millions de pauvres, de 7,8 à 14,1% de la population", ajoute-t-il.

Selon Louis Maurin, cette façon d'évaluer la pauvreté comporte deux risques :

- Le relativisme : "Avec des sondages qui disent : 30% des Français n’arrivent pas à boucler leur fin de mois [...]tout le monde est un peu pauvre, donc personne ne l’est vraiment. On noie ça dans 'classes populaires', 'France modeste'... Les mots n’ont plus de sens."

- La dramatisation : le risque est de "laisser croire que le modèle social français lui-même est impuissant face à la pauvreté, alors que notre pays est l’un de ceux qui compte le moins de pauvres au monde".

Autre difficulté à gérer pour évaluer la pauvreté : "Les moyennes nationales écrasent beaucoup de phénomènes sociaux. En moyenne, on compte 14% de pauvres, mais à Roubaix, 46% selon les estimations du Compas."

Lu sur Rue 89

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