La surprise Estrosi chez Fillon : les raisons d'un ralliement

"C'est fait, Estrosi nous rejoint" confie un proche de François Fillon, sourire aux lèvres. Le maire de Nice est une belle prise pour l'ancien Premier ministre dans la bataille pour la présidence de l'UMP. Le Sarthois sait qu'il marque un joli point. Jean-François Copé et Henri Guaino en prennent un coup... Car jusqu'à présent, Christian Estrosi entretenait le suspense sur ses intentions. La semaine dernière, il se disait encore prêt à se lancer dans la bataille et affirmait avoir déjà récolté la moitié des quelque 8.000 parrainages d'adhérents requis. Un attelage avec Henri Guaino était également évoqué mais l'ancienne plume de Nicolas Sarkozy vient finalement d'annoncer, seul, qu'il était candidat.

Alors pourquoi ce ralliement ? D'abord, pour une raison relationnelle. Estrosi mettait en garde contre un choc fratricide Fillon-Copé, redoutant une guerre du type Balladur-Chirac. Ces derniers mois, ses relations avec Jean-François Copé, son ancien rival, s'étaient pacifiées au point que certains évoquaient un possible rapprochement. Mais il n'aurait pas apprécié fin juin de ne pas décrocher une vice-présidence de l'Assemblée. Le maire de Nice en veut donc au maire de Meaux.

Deuxième explication. Même s'il ne s'entend plus aussi bien avec Eric Ciotti, longtemps son bras droit et proche de Fillon désormais, Estrosi avait tout intérêt à rallier l'ancien Premier ministre car Ciotti est président du Conseil général des Alpes-Maritimes... "Il s'est finalement dit que si Fillon remportait l'UMP, il ne pourrait plus empêcher Ciotti de contrôler le département. Là, il pense garder les coudées franches", décrypte une source UMP. Le maire de Nice a donc opté pour un choix "tactique". 

Enfin, dernière raison, Estrosi pourrait prendre du galon dans le dispositif Fillon. Puisqu'il apporte une aide non négligeable dans la collecte des parrainages (4 000 environ), le maire de Nice pourrait se voir récompenser. Selon certaines sources, il pourrait obtenir de figurer, avec Valérie Pécresse, sur son ticket, au détriment de... Laurent Wauquiez.

Enfin, à noter que le calendrier de ce ralliement ne doit rien au hasard. La conférence de presse de François Fillon a été convoquée à la hâte mardi matin, quelques heures avant le café politique de Jean-François Copé organisé à Neuilly-sur-Seine sur invitation de Jean Sarkozy, le fils cadet de l'ancien président de la République. La guerre à l'UMP bat son plein.