Parlement européen : le groupe du FN sommé de justifier ses dîners de luxe

Après l'affaire des assistants parlementaires, le FN est touché par un nouveau scandale au parlement européen. Cette fois, ce sont des repas luxueux, financés par le Parlement de Strasbourg, qui sont au cœur de la polémique. Le groupe du FN a en effet été sommé de justifier plus de 427.000 euros de dépenses, suspectées d'être non conformes, révèle Le Monde ce jeudi 31 mai.

Un repas de Noël à 13 558 euros et 230 bouteilles de champagne

Le Bureau, "à qui revient la décision définitive sur le montant à rembourser au Parlement européen, entend accorder, avant de prendre une décision définitive, aux représentants du groupe ENL [Europe des nations et des libertés, ENF en anglais, NDLR] la possibilité de formuler d'autres remarques par écrit", indique le texte retenu lors d'une réunion à huis clos lundi soir. Le groupe ENL est composé de 36 eurodéputés, dont près de la moitié issus du FN, mais aussi des représentants du FPÖ autrichien ou du Parti pour la liberté (PVV) néerlandais. La plupart des anomalies concernent des manquements dans les procédures d’appels d’offres, mais 50 612 euros proviennent d’"infraction à la bonne gestion financière", "des dépenses excessives ou beaucoup trop luxueuses au goût de l’administration du Parlement", précise Le Monde.

Parmi les dépenses listées par un audit mené sur les comptes du groupe en 2016 figurent des repas à 449 euros par tête au restaurant triplement étoilé L’Ambroisie, place des Vosges à Paris ; à 401 euros chez Ledoyen, près des Champs-Elysées. En outre, la facture d'un dîner de Noël organisé pour 140 euros s'élèverait à 13 558 euros. On y retrouve également 230 bouteilles de champagnes dont six d'une valeur de plus de 81,67 euros par bouteille et des cadeaux à plus de 100 euros. Mardi 29 mai, le coprésident néerlandais d’Europe des nations et des libertés (ENL), Marcel de Graaff, s'en est pris à ses alliés français. Au nom du Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders, il s’est dit "offusqué" des pratiques d’"enrichissement de la part de la délégation française", et a assuré s'"en distancier totalement".

Le FN met en place un règlement financier

De son côté, Nicolas Bay, vice-président du FN et coprésident du groupe, a tenté de se justifier, notamment au sujet des notes de restaurant Ledoyen pour le compte de Marine Le Pen et du chef de file de la Ligue, Matteo Salvini, selon Le Canard enchaîné du 30 mai. "Il n’y avait ni Salvini ni Le Pen à ces dîners", a-t-il affirmé au Monde, évoquant "des repas à caractère confidentiel dans le domaine de l’industrie et de la diplomatie". Ainsi, ils voulaient "garder secrets les noms des convives", précise Le Monde. Quant aux bouteilles de champagne du repas de Noël, Nicolas Bay a indiqué qu'elles ont été "distribuées au grand public dans le cadre de réunions".

C'est pourquoi il est difficile de fournir la liste des destinataires comme le demande le Parlement européen. "Nous avons mis en place un règlement financier en 2017 au sein du groupe qui ne permettrait plus (ce type de dépense)", promet-il. Quant aux critiques du groupe néerlandais, elles sont minorées chez le FN. On les met "sur le compte de différences culturelles", précise Le Monde.  "Ce n’est pas perçu de la même manière selon les pays", assure au quotidien un cadre du parti.