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Faculté de droit de Montpellier : des étudiants expulsés par des hommes cagoulés et armés
©DR

Une violence inouïe

Des étudiants qui occupaient un amphithéâtre ont été violemment expulsés dans la nuit par une douzaine d'hommes cagoulés armés de bâtons, bouts de palette cloutés et tasers.

Jeudi 22 mars dans la nuit, des étudiants qui occupaient un amphithéâtre de l'Université de droit de Montpellier ont été violemment expulsés par des hommes cagoulés et armés de bâtons et de tasers. Plusieurs personnes ont été blessées et l'on compte trois hospitalisations.

La décision d'occuper l'amphithéâtre Urbain-V avait été décidée quelques heures plus tôt lors d'une assemblée générale qui avait réuni des étudiants qui manifestaient contre la réforme du bac et de l'accès aux études supérieures. Une nouvelle AG devait avoir lieu le lendemain et les étudiants ont alors décidé d'occuper l'amphithéâtre pour être sûrs d'y avoir encore accès le lendemain.

Mais vers minuit, une dizaine d'hommes cagoulés font irruption dans l'amphithéâtre pour expulser violemment les étudiants.  Dans les vidéos, on aperçoit des agents en charge de la sécurité incendie qui n'essayent pas de s'interposer entre les étudiants et leurs agresseurs.

De nombreux témoignages, relayés dans la presse relayent la violence de l'attaque. Il y a d'abord Marie, interrogée par le quotidien Libération qui explique que : " Il y avait plusieurs gars, le premier qui est entré n’était pas cagoulé, c’était une armoire à glace. Le deuxième était plus jeune, il avait dans sa main une planche de palette avec des clous." A peine le temps de descendre les escaliers pour récupérer ses affaires qu'elle découvre la scène : " ’amphi était plein de mecs qui frappaient au poing, à la planche, au taser. Je me suis précipitée vers la porte. La sécurité ne faisait rien. On est sorti de l’amphi, pour aller dans le hall. On a vu qu’ils descendaient les grilles de l’entrée. Quand les grilles ont été fermées, il restait des étudiants manifestants à l’intérieur de la fac. Ces gens-là se sont fait tabasser entre la grille et la porte de sortie." Un témoignage que semble confirmer une vidéo.

Dans le journal Le Monde, c'est Axel Pessemier, étudiant en troisième année de licence de l’université Montpellier-III Paul-Valéry qui témoigne : " Peu après minuit, nous étions tranquillement en train de manger, d’écouter de la musique. Nous étions encore 40 à 50 sur place, quand un groupe d’une dizaine d’individus, cagoulés et armés de bâtons et de morceaux de palettes de bois brisés se sont introduits dans l’amphithéâtre par les portes annexes, alors que les agents de sécurité de l’université gardaient les portes principales. Ils nous ont bousculés, frappés. Certains d’entre nous sont tombés à terre, ils ont encore été frappés."

Le doyen mis en cause.

Plusieurs étudiants accusent le doyen de la faculté de droit de Montpellier, Philippe Pétel, d'avoir laissé faire cette évacuation musclée. Interrogé par France 3, le doyen assure qu'il n'a "laissé entrer personne" et parle "d'une cinquantaine d'étudiants qui étaient là et qui ont voulu se défendre". Il explique ensuite que tous les étudiants en droit étaient "contre l'occupation".

Sur la tenue vestimentaire des assaillants, il expliqe que " si certains étaient cagoulés, je n'en sais rien. Des cagoulés, j'en ai vu de temps en temps, mais ils étaient dans le clan des occupants" avant d'ajouter "Je suis assez fier de mes étudiants. Je les approuve totalement". Pour rappel, l'opération aura fait plusieurs blessés et trois hospitalisations.

Autre fait inquiétant, des professeurs ont été reconnus par les étudiants parmi les individus violents. Octave, membre du Syndicat Solidaires a confié au journal Libération que  «Des étudiants en droit ont reconnu [parmi les individus violents] des professeurs de la faculté. Un professeur en droit civil et un professeur d’histoire du droit.". Contactés par le journal, les enseignants n'ont pas donné suite. Le doyen, Philippe Pétel, lui,  a tout de même confié au journal que "Parmi les personnes cagoulées, oui, c'est possible qu'il y ait eu un prof de droit. Les gens de la fac de droit défendaient leur fac".

Une enquête ouverte

Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur "condamne avec la plus grande fermeté les violences commises à la faculté de droit de Montpellier" selon un communiqué du ministère. La ministre rappelle que la faculté doit "un lieu du dialogue et du débat et que rien ne peut justifier le recours à quelque forme de violence que ce soit" et a décidé de l'ouverture d'une enquête de l'Inspection générale de l'administration de l'Education nationale et de la recherche.

Faculté fermée jusqu'à lundi

Le président de l'Université de Montpellier Pierre Augé a décidé de fermer la faculté de droit jusqu'à lundi 26 mars afin "de prévenir tout risque de trouble à l'ordre public" et a porté plainte contre X pour que "toute la lumière soit faite sur les événements survenus la nuit dernière".

Lu sur Le Monde

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