Un hôte encombrant

Matignon reconnaît les révélations du Canard Enchaîne avant même leur parution. Le Premier ministre a bien voyagé à bord d'un avion de la "flotte gouvernementale égyptienne" lors de son dernier séjour en Egypte à la fin de l'année dernière. Si François Fillon s'est rendu sur place selon le mode de transport habituel pour un Premier ministre, il reconnaît avoir été hébergé aux frais du gouvernement d'Hosni Moubarak. Il a aussi gratuitement profité d'un transport en avion vers Abou-Simbel et d'une sortie en bateau sur le Nil "dans les mêmes conditions".

François Fillon, qui venait de soutenir publiquement Michèle Alliot-Marie pour ses vacances contestées en Tunisie, était au centre de toutes les conversations entre députés cet après-midi. Le député PS Bruno Le Roux a déploré "une défaite supplémentaire pour la République",  mais le président du groupe PS Jean-Marc Ayrault a refusé d'appeler à la démission du Premier ministre. Ce pas a cependant été franchi par le NPA qui estime que "tout ça sent un pouvoir sur le déclin". Depuis Dakar, Martine Aubry, elle, s'est dite "consternée" par un gouvernement qui a "perdu le sens de l'esprit public".

De son côté, le député UMP Lionel Lucas rappelle qu'"un ancien président socialiste, François Mitterrand, avait ses habitudes en Egypte" tout en regrettant qu'on "cherche la petite bête à tout prix". Plus convaincant, Jérôme Chartier, un proche de François Fillon, explique que "fin décembre 2010, Hosni Moubarak est considéré comme un des éléments de stabilité du Proche-Orient et le vice-président de l’Union pour la Méditerranée». Il ajoute: "Refuser l’invitation d’un pays étranger quand on est Premier ministre, n’est-ce pas une forme d’affront à l’Egypte tout entière?".