Parasitage : Comment les entreprises chinoises squattent les noms des marques occidentales<!-- --> | Atlantico.fr
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Des Chinois testant l'iPad dans un Apple store de Shanghai.
Des Chinois testant l'iPad dans un Apple store de Shanghai.
©Reuters

Squatteurs

Apad, Zpad, IPAD... Les infractions au droit des marques se multiplient en Chine. Objectif : faire payer les multinationales occidentales une fois qu'elles investissent le marché chinois. Aucune entreprise n'est à l'abri : Apple en fait actuellement les frais, avec l'iPad.

iPatate, iChaussette, iCanapé... Une recherche Internet pour "i" avec des mots de A à Z, en tous cas en anglais, donnera tous les résultats possibles et imaginables, et cela tout autour du monde. Cependant, seuls peu d'entre eux mèneront vers des produits Apple.

Très friande des "iProduits", la Chine donne actuellement des maux de têtes importants à la firme à la pomme, comme en témoigne ses difficultés à faire respecter sa marque déposée iPad. Le fabricant chinois Proview commercialise en effet un ordinateur nommé IPAD, ce qui n'est pas au gout d'Apple.

Mais celle-ci qui se trouve dans l'impossibilité d'assurer sa suprématie, un tribunal de l'Empire du Milieu ayant considéré que la compagnie américaine manquait de preuves pour faire valoir ses droits. Evidemment, Apple conteste. De son côté, Proview a déclaré vouloir attaquer, à son tour, Apple en justice pour obtenir des dommages et intérêts. Aux dernières nouvelles, des tractations seraient en cours pour un arrangement à l'amiable.

L'importance de la Chine et son marché incontournable devient parfois un véritable casse-tête pour les entreprises mondiales, même les plus puissantes. Celles-ci peinent à protéger leur nom de marque. Et ce problème n'a rien à voir avec du piratage, de la contrefaçon, ou autre infraction classique. Selon You Yunting, avocat au Debund Law Office à Shanghaï et spécialiste du droit des marques, le nombre et la variété de ces différends augmente.  Les entreprises chinoises cherchent à tirer parti des noms de marques dans le commerce, à la fois pour s'approprier l'image de cette marque et pour le gain financier. "L'air du temps est au développement, et les gens font plus attention aux marques désormais, explique-t-il. La Chine n'est pas très douée en innovation. Je dirais que Proview n'attaquerait pas Apple si sa situation financière était satisfaisante."

Quelle que soit l'issue, cet affrontement met en lumière l'enjeu de plus en plus important que représentent les marques sur le marché chinois. Les entreprises mondiales ne peuvent l'ignorer au vu des sommes en présence.

"Bien que les infractions au droit des marques ne soit pas nouvelles en Chine, la taille de son marché fait que de nombreuses entreprises en dépendent pour leur croissance", déclare James McGregor, conseiller pour APCO et ancien président de la Chambre de commerce américaine en Chine. "Vu que l'attention portée sur eux est plus grande, les contrevenants deviennent plus agressifs."

Et le problème ne touche pas que l'informatique. Il peut se retrouver dans toutes les composantes de l'industrie. Par exemple, Michael Jordan, l'ancienne star de la NBA, est en procès avec la Qiaodan Sports Company pour l'utilisation non autorisée de son nom, son image et son ancien numéro de maillot, le "23". L'ex-joueur de basket martèle: "Personne ne devrait perdre le contrôle de son propre nom".

La difficulté ne se cantonne évidement pas à la Chine, mais les hommes d'affaires de la seconde puissance mondiale ont une approche très proactive, en enregistrant des marques dans des secteurs qu'elles n'ont pas encore investi. Ces "squatteurs" de marques n'ont souvent pas l'intention de les utiliser, mais une fois que les ayants droits veulent récupérer le nom, ils doivent payer.

Ces pratiques ont pour nom "enregistrements abusifs", mais ne sont pas condamnées par le droit chinois. Mark Cohen, de la Fordham Law School, attire l'attention sur le problème. "En Chine, toute les marque de l'Apad au Zpad sont déposées par des entreprises qui ne fabriqueront jamais de produits qui concurrenceront l'iPad."

Avec l'approche du lancement de l'iPad 3, beaucoup s'attendent à voir Apple lâcher du terrain et s'entendre avec Proview, comme d'autres marques avant lui. Sinon, il sera dans l'incapacité de vendre son produit sous le nom de iPad en Chine. Un énorme manque à gagner pour la compagnie américaine, surtout au niveau de son image de marque, lui serait presque fatal dans un marché aussi important et en constante expansion.

Mais pour d'autres, la résignation d'Apple créerait un dangereux précédent qui menacerait de nombreuses marques à travers le monde. Mais où tracer la limite, dans ces pratiques que l'on pourrait associer à du "terrorisme économique"?

Lu sur Business Insider

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