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Royaume-Uni : Theresa May prône le retour de l'État-stratège
©Neil Hall / Reuters

Cool Britannia

Dans un discours très attendu devant le CBI (Medef britannique), le Premier ministre a détaillé sa politique économique, en rupture partielle avec le Thatcherisme de son parti.

Elle est peut-être aussi une Dame de Fer, mais sur la ligne politique, Theresa May ne sera pas Margaret Thatcher 2.0. Le nouveau Premier ministre britannique a donné ce matin lundi 21 novembre un discours très attendu à l'assemblée générale du CBI, l'équivalent britannique du Medef, où elle a explicité sa politique économique. Même si elle reste très libérale sur certains points, elle assume néanmoins la nécessité d'un rôle fort de l'État dans l'économie, et le besoin d'une meilleure répartition des richesses. 

Voici les points principaux à retenir de ce discours-programme : 

  • L'annonce d'un fonds de 2 milliards de livres pour financer la recherche et le développement, ainsi qu'une remise à plat des politiques fiscales d'encouragement à l'innovation, ou encore des politiques d'achats publics favorisant les PME britanniques (une sorte de "Small Business Act", qui était jusque là illégal sous les normes européennes...), ou encore l'étude de mesures pour encourager "le capital patient", c'est-à-dire l'investissement actionnarial à long terme. 
  • L'annonce d'une stratégie industrielle pour le Royaume-Uni. Si Theresa May n'a pas donné de détails, prévoyant des annonces précises "avant Noël", elle a néanmoins pointé la faiblesse de la Grande-Bretagne dans le domaine de l'industrie et la nécessité d'une stratégie industrielle à l'échelon national. 
  • L'encouragement de la représentation des salariés et des consommateurs au management des grandes entreprises. Si elle a clarifié qu'elle n'imposerait pas ces mesures aux entreprises, elle a néanmoins maintenu sa volonté "que les voix des salariés et des consommateurs soient représentées", soit au sein même des conseils d'administration, soit à travers des instances consultatives. 
  • Des mesures contre les rémunérations très élevées, comme par exemple l'obligation que les actionnaires votent directement sur la rémunération des dirigeants. 
  • Theresa May ne s'est toutefois pas montrée complètement anti-entreprise, confirmant une promesse de mettre en place le taux d'impôt sur les sociétés le plus faible du G20.
  • Dans un passage-clé du discours, Theresa May s'assume comme croyant aux marchés, au capitalisme et à l'entreprise, mais assume également une volonté de montrer que ces forces peuvent fonctionner pour tout un chacun, "pas seulement quelques privilégiés", et de rajouter qu'elle veut que le Royaume-Uni "soit le premier pays au monde dans la compréhension des raisons pour lesquelles certains se sentent laissés pour compte par les forces du capitalisme, et dans la mise en place d'une nouvelle approche qui s'assure que chacun puisse partager les fruits de la croissance économique."
  • Elle a par ailleurs défendu sa politique sur le Brexit, rappelant que si cette politique crée "des incertitudes pour les entreprises" elle pourrait néanmoins créer des opportunités, et défendant la décision de son gouvernement de ne pas accélérer le déclenchement de la sortie du Royaume Uni, mais de "prendre le temps de clarifier notre position de négociation avant d'avancer". Elle a également sous-entendu que le gouvernement britannique pourrait chercher à conclure un deal "intérimaire" avec l'Union européenne pour faire la transition etnre la sortie du Royaume-Uni et la signature d'un traité définitif. 

Une ligne politique qui essaye donc de trouver une voie médiane entre le thatchérisme traditionnel du Parti conservateur britannique et la puissance de la défiance populiste contre les élites, y compris capitalistes, mise à jour notamment par le référendum sur le Brexit.

Un discours qui mêle donc des mesures très pro-entreprises, avec un véritable changement de ligne et des mesures beaucoup plus "dirigistes" comme une stratégie industrielle, l'encouragement de la représentation des non-actionnaires, ou encore le besoin d'une meilleure répartition des richesses.

Lu sur le Guardian

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