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François Bayrou attaque violemment Nicolas Sarkozy et son "mépris du peuple"
©Reuters

Charge inédite

Dans un texte acerbe, le patron du Modem évoque entre lui et son rival, "un affrontement fondateur qui appelle à trancher d’une ligne politique et de l’avenir d’un pays."

C'est une charge dont François Bayrou n'a pas vraiment l'habitude. Attaqué par le camps Sarkozy, qui lui reproche son vote à gauche en 2012, le centriste s'est fendu d'un long texte très véhément à l'encontre de l'ancien chef d'Etat, sur Facebook. "On ne peut qu’être frappé par l’obsession Bayrou qui chez Nicolas Sarkozy, alors qu’il est en perdition devant Alain Juppé dans les sondages, a envahi tous les discours et toutes les émissions, et les tribunes signées de ses séides rameutés" a tancé le président du Modem. "N’y aurait-il pas là en réalité un dangereux et révélateur aveu de faiblesse ? Et puis l’on réfléchit, et l’on se dit que si la question a pris une telle importance, c’est qu’elle doit couvrir un affrontement fondateur, une confrontation essentielle qui appelle à trancher d’une ligne politique et de l’avenir d’un pays."

"J’appartiens aux trois millions de Français qui n’étaient pas de gauche et qui ont voté contre le renouvellement du mandat de Nicolas Sarkozy" rappelle-t-il. "Mon vote a eu un écho, un retentissement que j’assume. En 2007, j’avais voté blanc. Mais l’exercice des cinq années de mandat et la conduite de la campagne de 2012 m’ont convaincu, comme ces millions de compatriotes, qu’une réélection du président sortant ouvrirait la porte à des dérives encore accentuées et que nous ne voulions pas voir." Et François Bayrou de détailler les "raisons" qui l'ont convaincu de voter contre Nicolas Sarkozy : "les atteintes graves et répétées aux principes de notre vie en commun, les abus de pouvoir et l’orientation de la campagne entièrement conduite pour opposer les Français entre eux (…)  qui sait où nous en serions arrivés si une réélection-surprise avait livré le pays à l’ivresse d’un succès construit sur tant de dérives ?"

"Mais l’affrontement ne porte pas sur le passé seulement, ce serait trop simple" renchérit François Bayrou. "En ce qu’il porte sur l’avenir, il est encore plus grave et plus profond. Comment quelqu’un qui a été président de la République et qui aspire à le redevenir peut-il se comporter de la sorte ? Comment peut-il en arriver à cette violence de chaque minute, lâchant des insultes avec un mépris affiché, crachant sur ceux qui ne votent pas pour lui, n’hésitant pas à leur enjoindre sans crainte du ridicule de « se taire », n’hésitant pas en un moment où la sécurité est menacée et la police déstabilisée à qualifier Bernard Cazeneuve de « ce qui nous sert de ministre de l’intérieur » ?

"J’essaie de comprendre ce qui sous-tend ce mépris, cette violence, cette perpétuelle exagération de caricature et j’y découvre des différences de conception qu’il convient d’assumer" poursuit le centriste. "C’est de la démocratie d’abord qu’il est question dans cet affrontement. Pour Nicolas Sarkozy, visiblement, la fin justifie toujours les moyens. Pour moi, je crois que les moyens utilisés, quand ils sont bas, contaminent le but qu’on prétend atteindre. Pour lui, le pouvoir est une domination, et la conquête des électeurs se paie par l’hystérie… C’est exactement le contraire de ce que je pense."

Pour François Bayrou, "la ligne stratégique de Nicolas Sarkozy a constamment été, pour gagner des voix, pour mobiliser des foules d’électeurs autour de lui, de faire flamber la division dans son pays (…) Faire de la division du pays le principe de l’action présidentielle, c’est manquer à la mission première qui est d’assurer la concorde civile, de rassembler les forces et de les ordonner pour faire face aux tempêtes. C’est pourquoi, pour moi, un président qui n’est pas un rassembleur n’est pas un président (…) Qui peut prétendre que ce soit par le sectarisme, appuyé sur un parti politique agressif à l’égard de tout ce qui n’est pas strictement aligné sur ses ukases, donc par définition minoritaire, qu’un exécutif, quel qu’il soit, redressera le pays ?"

"En réalité, il y a dans cette vision un profond mépris du peuple. Il y a une idée péjorative, une condescendance, une mésestime consciente ou inconsciente, pour le peuple considéré comme une troupe qu’il convient de mener par les plus bas des sentiments, ceux du rejet et de l’insulte, du fanatisme et de l’aboiement contre les boucs émissaires" lance le maire de Pau. "J’affirme au contraire que ce peuple que Sarkozy n’a jamais approché, au milieu duquel il n’a jamais vécu, avec lequel il n’a jamais passé ni une semaine, ni un jour sans caméras, ni en une ferme, ni en un quartier ouvrier, ni en une famille d’enseignants, ni chez des artisans, le peuple chez nous, qui y sommes nés, qui y avons grandi et travaillé, le peuple n’est pas ce qu’il veut en faire. Le peuple, contrairement à ce qu’il croit, n’est pas une masse qu’il convient de fouetter de passions et de prendre par le bas, par les instincts, par les mots qu’on jette avec un rictus, par l’excitation contre les boucs émissaires que l’on livre l’un après l’autre en pâture. C’est le contraire."

Et de conclure : "Ce n’est pas parce qu’il n’est pas assez violent, assez clivant, assez injurieux que Sarkozy décroche, c’est précisément parce que tout le monde voit toute la faiblesse que révèle un tel comportement. Et c’est pour cette raison que les Français, de droite, du centre et d’ailleurs, malgré la logique partisane de la primaire, s’apprêtent à lui dire non. Une deuxième fois."

Lu sur facebook

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