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Les purges en Turquie : après les médias, Erdogan s'en prend aux entreprises
©Reuters

V comme vendetta

Ce vendredi 29 juillet, les purges déclenchées par le régime turc après le putsch raté du 15 juillet ont franchi un cap. Après avoir fermé les médias, Erdogan s'attaquent aux entreprises. Les dirigeants de la holding Boydak ont été arrêtés.

Depuis le putsch raté du 15 juillet, le président turc, Erdogan, inquiète. Après avoir annoncé trois mois d'état d'urgence, il a intensifié la purge. Plus de 60 000 personnes ont été suspendues de leurs fonctions, des militaires, des enseignants, des journalistes.

Les médias touchés en plein fouets

En effet, 130 médias ont été interdits et pas moins de 89 mandats d'arrêts ont été émis contre des journalistes ces trois derniers jours. 45 journaux, 16 chaînes de télévision, 3 agences de presse, 15 magazines, 23 stations de radio et 29 maisons d'édition ont été fermés dans le pays.

Les médias visés par les grandes purges du pouvoir n'ont pas participé directement au putsch raté du 15 juillet, mais selon le régime, ils sont liés d'une manière ou d'une autre à la confrérie de Fethullah Gülen, l'instigateur désigné du coup d'État. L'allié d'hier, devenu l'ennemi d'aujourd'hui, est pour l'heure exilé aux États-Unis.

Trois dirigeants de la holding Boydak arrêtés

Ce vendredi 29 juillet, les purges ont également touché les milieux économiques. Trois des principaux dirigeants de la holding familiale Boydak ont été arrêtés, et des mandats d'arrêt ont été émis contre trois autres pour des liens supposés de cette entreprise avec la fondation Gülen.

Boydak, créé en 1957, est un des principaux conglomérats familiaux qui constituent l'épine dorsale de l'économie turque. Ce groupe très actif dans l'ameublement, la chimie, le textile, l'acier, la logistique, le commerce et l'énergie, emploie plus de 14 000 personnes directement. Ses dirigeants avaient déjà arrêtés brièvement en mars dernier pour le même motif mais avaient reçu le soutien du patronat turc, Tiusad et de l'ancien président du pays, Abdullah Gül, un temps présenté comme un pendant conciliant à l'actuel chef de l'État au sein du parti islamiste AKP.Mustafa Boydak, le patron du groupe éponyme, est également le président de la Chambre de commerce de Kayseri, une ville au développement rapide symbole des " Tigres d'Anatolie ", ces municipalités ayant prospéré depuis l'arrivée au pouvoir de Recep Erdogan en 2003 et dont le dynamisme économique ont, en retour alimenté la popularité de ce dernier.

Les investisseurs cruciaux pour l'équilibre financier du pays

Ce raid a de quoi inquiéter les investisseurs , dont l'implication dans l'économie turque est vitale pour combler un déficit des paiements courants parmi les plus importants des grands pays du monde. Ce déficit atteignait encore 4,6 % l'an dernier, après avoir frôlé 10 % en 2011. Une confiance déjà ébranlée par les purges menées par le régime, au vu de la chute de la livre turque à de nouveaux planchers historiques. Le chef du renseignement américain, James Clapper, avait estimé la veille que l'ampleur de ces purges allait "rendre la coopération plus difficile avec les Turcs", notamment du fait que les interlocuteurs habituels de Washington sont sous les verrous. Des propos que le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a jugé "malheureux". Recep Tayyip Erdogan a pour sa part qualifié le général Joseph Votel, patron de l'État-major américain pour le Proche Orient de "partenaire des putschistes". La Turquie est pourtant membre de l'OTAN.

Lu sur Les Echos

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