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Nicolas Sarkozy : "Ne jetez pas l’Europe avec l’eau du bain !"
©Reuters

Mon bébé !

Alors que François Hollande répondait aux questions sur Europe 1, Nicolas Sarkozy s'est fendu d'une longue interview dans le Monde sur l'Europe.

Toujours pas candidat, Nicolas Sarkozy continue pourtant d'étaler son programme. Cette fois, il est revenu sur le dossier brulant européen, dans une interview donnée au Monde. D'abord, il a vertement critiqué la Turquie, chargée de réguler les arrivées des migrants en Europe. "Penser que la Turquie peut durablement gérer et résoudre ces problèmes est une erreur" avance-t-il. "L’Europe peut-elle faire confiance à un pouvoir turc, qui évolue de plus en plus vers un régime autoritaire ? Je le conteste (…) Mais ce qui m’a choqué, c’est de voir Mme Merkel négociant seule avec le gouvernement turc. Où était M. Hollande ? Où est passée la voix de la France ? Quand Barack Obama vient en Europe, il rencontre la chancelière en Allemagne, après s’être arrêté au Royaume-Uni. La France a-t-elle disparu de la carte diplomatique ? Quelle humiliation !"

En revanche, il se montre bien moins sévère contre la Hongrie de Viktor Orban et la Pologne de Jarosław Kaczyński, pourtant visés par les institutions européennes pour leur autoritarisme. "C’est le travers des élites françaises que de vouloir donner des leçons au monde entier" affirme Nicolas Sarkozy. "Après 50 ans de joug communiste, ces pays sont des démocraties qui fonctionnent."

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Interrogé sur la percée de l'extrême-droite en Autriche, l'ancien chef d'Etat a admis que la situation était "très préoccupante (…) L’Autriche paie l’échec des grandes coalitions qu’aiment tant les élites : quand il n’y a plus ni gauche, ni droite, quand il n’y a plus de débat, vous laissez un espace immense aux extrêmes (…) En France, cela fait 25 ans qu’on ne peut pas discuter d’immigration sans être traité de raciste, d’islam sans être traité d’islamophobe, d’Europe sans être traité d’europhobe. Ce qui se passe en Autriche pourrait arriver en France" prévient-il.

Sur le Brexit, le patron des Républicains affirme qu'il s'agit "d'une opportunité pour refonder l’Europe. Je regrette que François Hollande n’ait pas fait de propositions en amont. Pourquoi attendre que la vaisselle soit cassée pour la réparer ? Sur nombre de leurs critiques, les Britanniques ont raison (…) Le pire serait le Brexit et l’adhésion de la Turquie : on aurait fait le grand chelem de l’erreur ! Mais Brexit ou pas, il faudra, dans tous les cas de figure, refonder profondément le projet européen."

"Fermement opposé à la politique des quotas" pour les réfugiés, Nicolas Sarkozy ne cache pas sa volonté de réformer Schengen pour créer un "Schengen 2". En attendant le passage à ce deuxième stade, il propose "un euro-Schengen, c’est-à-dire un gouvernement de Schengen composé des ministres de l’intérieur des pays membres, avec un président stable, qui aurait autorité sur Frontex. L’immigration est un sujet qui nécessite un pilotage politique, et non pas simplement un traitement administratif. Je propose par ailleurs que la liberté de circulation des extra-communautaires ne soit plus permise dans l’Union européenne, tant que Schengen 2 ne sera pas adopté."

Dans son idée, "adhérer à Schengen 2 supposera l’adoption préalable d’une politique d’immigration commune, avec notamment une harmonisation des prestations sociales accordées aux demandeurs d’asile, pour éviter le tourisme social" souligne-t-il. "Au-delà des demandeurs d’asile, tout nouvel entrant dans l’Union européenne ne pourra pas toucher une allocation sociale avant un délai de cinq ans, à l’image de ce que font les Britanniques, et projettent de faire les Allemands. Chaque pays européen devra aussi disposer de la même liste de « pays sûrs », c’est-à-dire de pays pour lesquels la demande d’asile est en principe refusée. Ce n’est qu’une fois que nous aurons atteint cette harmonisation que nous pourrons nous passer de frontières intérieures à l’Europe."

De la même façon, Nicolas Sarkozy affirme que "l’Union européenne à 28 s’occupe de trop de domaines, doit se concentrer sur le fonctionnement du marché intérieur et une dizaine de politiques prioritaires (agriculture, énergie, commerce…). Tout le reste doit être rendu à la souveraineté des Etats." Et aux électeurs qui sont tentés par l'euroscepticisme, il prévient : "Ne jetez pas l’Europe avec l’eau du bain ! L’Europe est un acquis et une chance. Certes, l’Europe actuelle n’est pas celle que nous voulons ; c’est bien pourquoi il faut la refonder."

Lu sur Le Monde

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