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Mort de Gilles Jacquier : un journaliste sur place soupçonne le régime syrien
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Soupçons

Jacques Duplessy était dans le même groupe de journalistes que le reporter français, tué volontairement par Damas selon lui.

[Mis à jour le 15 janvier à 16h]

Sur le site de Ouest France, le journaliste indépendant Jacques Duplessy, qui faisait partie du convoi de journalistes autorisés à se rendre à Homs par le régime syrien, estime que la mort de Gilles Jacquier est tout sauf accidentelle et en impute la responsabilité aux troupes de Bachar al-Assad. 

Mon intime conviction c’est que c’était un guet-apens et qu’on s’est fait avoir. On nous attendait pour tuer du journaliste occidental", estime-t-il. Il donne plusieurs raisons pour justifier son "hypothèse". D’abord,  les journalistes ont été invités "au dernier moment" par les autorités syriennes à visiter un quartier alaouite de Homs. Ensuite, parce que "les seuls qui savaient oui on était au bon moment ce n'était pas la résistancemais les troupes du régime, puisque les journalistes faisaient partie d’un convoi de presse autorisé par l'exécutif syrien.

Jacques Duplessy estime également que le régime de Bachar al-Assad pouvait retirer quatre "bénéfices" à la mort d'un journaliste à Homs, qui justifieraient selon lui que le régime syrien ait eu tout intérêt à blesser ou tuer des journalistes occidentaux. D’abord, "répondre par des faits au discours de Bachar al-Assad mardi, où il disait que les médias occidentaux étaient responsables de la situation". Ensuite, "dissuader d’autres journalistes" de s’aventurer en Syrie. Troisièmement, "discréditer l’opposition" en faisant croire qu’elle est responsable du tir d’obus fatal au journaliste français. Enfin, dans la suite de cette idée, montrer aux Syriens que les "terroristes", ainsi que le régime qualifie ses opposants, "s’en prennent même aux journalistes occidentaux". Jacques Duplessy conclut : "ça n’aurait jamais dû arriver". Ce quartier de Homs "n’était pas sur le front" des combats entre régime et opposition. "J’ai l’impression qu’on était attendus". 

[Mis à jour le 13 janvier à 12h30]

Dans quelles circonstances le reporter Gilles Jacquier a-t-il trouvé la mort, mercredi à Homs en Syrie ? France Télévisions a de sérieux doutes sur la première version des faits, selon laquelle il aurait été la victime accidentelle d’un tir d’obus. Du coup, Rémy Pflimlin, le président du groupe audiovisuel public, a saisi le procureur de la République de Paris ce vendredi et une enquête pour homicide volontaire a été ouverte.     

Thierry Thuillier, directeur de l’information de France 2 a jugé qu’il y avait "des élements troublants" entourant la mort du reporter. "Pourquoi, alors que ce convoi de journalistes est escorté militairement, pourquoi d'un seul coup les militaires disparaissent de la circulation au moment des premiers tirs ?", a-t-il interrogé.

Ces doutes sont partagés par l’exécutif français. Selon Le Figaro, l’Elysée soupçonnerait une "manipulation"des autorités syriennes, qui pourraient être impliquées dans la mort de Gilles Jacquier. Une source proche de Nicolas Sarkozy déclare ainsi au quotidien : "les responsables syriens étaient seuls àsavoirqu'un groupe de journalistes occidentaux visitait Homs ce jour-là, et dans quel quartier il se trouvait. On peutcroireà un malheureux accident. Mais il tombe plutôt bien pour un régime qui cherche àdécouragerles journalistes étrangers et à diaboliser la rébellion."

Le corps de Gilles Jacquier a été rapatrié en France ce vendredi matin. 

[Mis à jour le 12 janvier à 12h]

Alain Juppé a demandé jeudi matin qu'une "enquête soit menée afin que toute la lumière soit faite sur les circonstances" de la mort de Gilles Jacquier, le journaliste de France 2 tué mercredi à Homs en Syrie, alors qu'il effectuait un reportage, avec d'autres journalistes de différents pays, autorisé par le régime de Bachar al-Assad. 

"Nous condamnons vigoureusement cet acte odieux", a ajouté le ministre des Affaires étrangères qui a exigé des autorités syriennes qu'elle assurent "la sécurité des journalistes internationaux sur leur territoire et [protégent] cette liberté fondamentale qu'est la liberté d'information". Selon Alain Juppé, l'ambassadeur de France à Damas a fait en sorte que "toute l'aide nécessaire soit apportée aux personnes qui accompagnaient notre compatriote".

[Mis à jour le 11 janvier à 17h]

C'est le premier journaliste étranger tué en Syrie depuis le début de l'insurrection. Un grand reporter de France 2, Gilles Jacquier, a perdu la vie mercredi à Homs, alors qu'il tournait un reportage avec l'autorisation du gouvernement. Le caméraman qui l'accompagnait a raconté sur France 2 que tous deux filmaient une manifestation quand des explosions de mortiers ont retenti. Ils se sont alors séparés. Gilles Jacquier serait mort dans l'explosion de l'immeuble dans lequel il s'était réfugié.

Le ministère des Affaires étrangères, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton et Reporters sans frontières ont demandé l'ouverture d'une enquête. L'armée syrienne et la rébellion s'accusent mutuellement d'être à l'origine des explosions.

Gilles Jacquier était grand reporter à France 2 depuis 1999. En 2003, il avait obtenu le prix Albert-Londres récompensant un reportage. Il avait couvert nombre de conflit, comme la guerre en Irak, en Afghanistan, au Kosovo et en Israël. Il avait tourné de nombreux reportages pour le magazine de France 2, Envoyé Spécial.

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