Daniel Schneidermann va-t-il quitter Rue89?

Dans une tribune publiée aujourd'hui sur Rue89, intitulée "Rue89 + Le Nouvel Observateur = boulevard89 ou impasse89?, Daniel Schneidermann, le fondateur du site Arrêt sur images, fustige la perte d'indépendance du site, suite à l'annonce de son rachat par le Nouvel Observateur. Il se demande si sa chronique quotidienne, doit continuer d'être publiée simultanément sur Rue89 et Arrêt sur Images.

"D'abord de la tristesse, en apprenant soudain que les cousins de Rue89 viennent de se laisser racheter par Claude Perdriel (...) Rue89 a choisi le boulevard", tranche-t-il.

Pour lui, il n'est "évidemment pas vrai" que "rien ne va changer" dans la ligne éditoriale du site : "Alors que toute la presse en ligne titrait hier « L'Obs rachète Rue89 », le site lui-même multipliait les contorsions verbales corporate, du genre « Rue89 rejoint le groupe Observateur ». Ca commence comme ça, l'aliénation. Quand la langue de coton des communiqués remplace les vrais mots."

Depuis leur création "Rue89, comme Mediapart, comme nous, ont porté la promesse d'une presse affranchie (...) libérée des vieilles connivences, avec la corporation journalistique, avec les pouvoirs politiques, avec l'argent, avec la pub. Bref, ce qu'on appelle l'establishment".

En se faisant racheter par le journal "sans doute le plus représentatif des vieux médias", "avec ses pages culturelles de complaisance, son feuilletonnage arthritique de la politique politicienne franchouillarde, sa frileuse bien-pensance idéologico-économique", Rue89 met fin à cet idéal.

Une question demeure, souligne Daniel Schneidermann : sa chronique quotidienne, postée sur Arrêt du images, doit-elle continuer à être également publiée sur Rue89? "Dans ce partenariat, jusqu'à maintenant, chacun trouvait son compte (...) Mais ce partenariat a-t-il encore un sens ? Aurai-je encore envie de me voir publié sur un site appartenant à Perdriel?" Une question qu'il se pose à haute voix, en même temps qu'à ses lecteurs.