Etat islamique : l'ex-otage Nicolas Hénin appelle la France à ne pas tomber dans le piège des djihadistes <!-- --> | Atlantico.fr
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"Il m’arrive encore maintenant de parler à certains d’entre eux sur les réseaux sociaux" confie le journaliste du Guardian.
"Il m’arrive encore maintenant de parler à certains d’entre eux sur les réseaux sociaux" confie le journaliste du Guardian.
©Reuters

Témoignage

"Notre douleur, notre tristesse, nos espoirs, nos vies ne les touchent pas. Leur monde est à part" confie le journaliste français, libéré en avril 2014.

Le journaliste français Nicolas Hénin a été retenu en otage pendant dix mois à Raqqa par des combattants de l'Etat islamique. Dans une tribune publiée cette semaine par le quotidien britannique "The Guardian", pour lequel il écrit, l'homme rapporte ce qu'il a appris aux contacts de ses geôliers.

"En tant que français et fier de l’être, je suis bouleversé, comme tout le monde, par les événements de Paris. Mais je ne suis ni surpris, ni incrédule. Je connais l’État islamique dont j’ai été l’otage pendant dix mois et j’ai une certitude : notre douleur, notre tristesse, nos espoirs, nos vies ne les touchent pas. Leur monde est à part (…) La plupart des gens ne connaissent les djihadistes de l’État islamique qu’à travers leurs documents de propagande. Moi, je les ai vus de l’intérieur. Lorsque j’étais en captivité, j’ai rencontré sans doute une dizaine de djihadistes, y compris Mohammed Emwazi. Jihadi John était l’un de mes geôliers" raconte Nicolas Hénin.

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"Il m’arrive encore maintenant de parler à certains d’entre eux sur les réseaux sociaux, et je peux vous dire que l’idée que vous vous faites d’eux est pour l’essentiel le résultat d’une campagne de marketing et de relations publiques. Ils se présentent comme des super héros. Cependant, hors caméra, ils sont pathétiques à bien des égards. Ce sont des enfants des rues ivres d’idéologie et de pouvoir. En France, nous dirions qu’ils sont – bêtes et méchants. Ils sont sans doute plus bêtes que méchants, même s’il ne faut pas minimiser le potentiel meurtrier de la bêtise" poursuit-il.

"J’ai été réellement impressionné par leur niveau de connexion technologique. Ils suivent l’actualité de manière obsessive, mais tout passe au travers de leur propre prisme. Au centre de leur vision du monde se trouve la croyance selon laquelle les autres communautés ne peuvent pas vivre en harmonie avec les musulmans. Tous les jours, ils déploient leurs antennes pour trouver des éléments allant dans ce sens. Ils auront été particulièrement troublés par les images de la population en Allemagne accueillant chaleureusement les migrants. Ce n’est pas ce qu’ils souhaitent voir" commente le journaliste. 

"Pourquoi la France ? Pour de nombreuses raisons sans doute. Mais je crois qu’ils considèrent mon pays comme le maillon faible de l’Europe, comme un pays où il serait facile de semer la division. C’est pourquoi, lorsqu’on me demande comment nous devons réagir, je dis qu’il faut raison garder. Or, notre réponse est : encore plus de bombes. Je ne défends pas Daesh. Comment pourrais-je le faire ? Mais je pense que nous commettons là une erreur. Les bombardements vont être considérables, ils seront le symbole d’une colère juste. Moins de 48 heures après les atrocités, des chasseurs ont mené les raids les plus intenses jamais menés en Syrie, lâchant plus de 20 bombes sur Raqqa, le bastion de l’État islamique. Le sentiment de vengeance était sans doute inévitable, mais il nous faut être prudents. Ma crainte est que cette réaction ne fera qu’aggraver la situation" prévient enfin Nicolas Hénin.

Lu sur The Guardian

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