Non, les riches ne créent pas d'emplois... et c'est un "super riche" qui le dit !<!-- --> | Atlantico.fr
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"Ce ne sont pas les entrepreneurs qui créent les emplois mais bien les consommateurs..."
"Ce ne sont pas les entrepreneurs qui créent les emplois mais bien les consommateurs..."
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Contre courant

Pour le milliardaire et entrepreneur américain Nick Hanauer, il est temps de cesser de prétendre que baisser l’impôt sur le revenu des plus riches les inciterait à créer davantage d’emplois.

L’Etat doit-il diminuer l’impôt sur les plus hauts revenus pour leur permettre de créer de l’emploi ? L'idée est largement diffusée aux Etats-Unis. Leitmotiv chez les Républicains, elle n'est pas non plus contestée par les Démocrates. Car le mécanisme est simple : baisser les impôts des plus hauts revenus, ce serait leur permettre d’investir davantage en créant des entreprises, et des milliers de postes. Une façon, en somme, de lutter contre le chômage et de booster la croissance.

Mais pour Nick Hanauer, milliardaire et homme d’affaire américain (ayant notament investi dans les débuts d'Amazon), cette croyance quasi-dogmatique ne tiendrait pas la route. Et pour cause : aux Etats-Unis, le taux d’imposition sur le revenu des 1% de « super-riches » est aujourd’hui déjà relativement bas. Il était de 42% au début des années 1960. Pour chuter, en 2007, à 16.6%. Aujourd’hui, le businessman déclare ainsi n’être imposé qu’à hauteur de « 11% sur un revenu à huit chiffres »… Selon lui, une légère hausse du taux d’imposition sur le revenu de ces happy fews ne changerait pas vraiment la donne. Grâce à ce système d’imposition bas, les plus riches auraient en réalité tendance à conserver leur argent au chaud dans des comptes en banques, au lieu de le réinvestir dans la machine économique.

Preuve par l'absurde, alors que la taxation sur les riches n'a pas été aussi basse depuis des décennies, pourquoi ne sommes nous pas dans une phase de croissance effrenée ?

Pour Hanauer, il est temps d'en finir avec une sorte de pensée magique entourant les super riches qui ne peuvent pourtant « à eux seul, redynamiser l’économie américaine ». Car disposer d’un haut revenu ne serait pas automatiquement synonyme d’hyper-consommation : «  Le revenu annuel de gens comme moi équivaut à des centaines, si ce n’est des milliers de fois à celui d’un Américain moyen. Ce qui ne veut pas dire qu’on consomme mille fois plus. Ma famille possède trois voitures, et pas trois mille », explique l’homme d’affaire. La vérité serait donc ailleurs...

L'importance des consommateurs pour relancer l'économie

Pour lui, l’équation est simple : sans consommateurs, pas d’emploi et ce ne sont pas les entrepreneurs qui créent les emplois mais bien les consommateurs. Sans demande, les entreprises n’auraient plus d’intérêt à produire (« consumer-based economy »). A terme, donc, la main d’œuvre des entreprises deviendrait inutile. Et toute création d’emploi n’aurait plus de sens. Les consommateurs remplissent ainsi un rôle central : ils sont le débouché naturel de la production des entreprises. Grâce à eux, les firmes continuent à embaucher du capital humain pour pérenniser cette production. « Seuls les consommateurs peuvent enclencher ce cercle vertueux qui permet aux entreprises de survivre et de se développer, et aux entrepreneurs de recruter davantage de personnel. », prétend Nick Hanauer.

La preuve en exemple. Sur le site américain businessinsider.com, un journaliste remonte à l'année 1999. A l’époque, des entrepreneurs bénéficient des investissements massifs dans une niche nommée Internet. Ils se servent de ces investissements pour créer des milliers d’emplois. Mais seulement « très temporairement ». Car en 2001, la bulle Internet éclate. Et tous les emplois créés à l’âge d’or disparaissent en raison de la chute de la demande pour les les produits Internet. S’il est vrai que les entreprises créent des postes dans un contexte économique favorable, elles ne peuvent donc pour autant le faire seules. Pas sans demande de la part des consommateurs.

Mais qui sont-ils, ces consommateurs ? Et comment l’Etat peut-il faire en sorte de créer de la demande, et au final, de l’emploi ? Pour Nick Hanauer, il s’agit de la classe moyenne (les 99%). Une  frange dominante, et essentielle de la société américaine, mais dont le pouvoir d’achat s’est amenuisé à mesure que l’évolution du système fiscal favorisait les 1% de « super-riches ». Et ce, depuis les années 1960. Le problème, selon lui, résiderait donc dans une répartition inégale de la richesse, qui ne pourrait s’ajuster que grâce à une politique fiscale adéquate. « Mathématiquement parlant, il est impossible d’investir suffisamment dans l’économie de notre pays au point de soutenir la classe moyenne (nos consommateurs), sans passer par une taxation raisonnable des ‘1%’ », soutient-il. Et pour soutenir la demande, l'Etat devrait maintenir, voire élever le pouvoir d'achat de cette classe moyenne. 

« Arrêtons d’embêter les vrais créateurs d’emplois »

Les entrepreneurs et les investisseurs ont-ils pour autant un rôle mineur ? Faux, répond l'homme d'affaire. Ils jouent au contraire un rôle clé dans l’économie, à condition d'être taxés efficacement. L'Etat investirait donc davantage dans l’éducation ou la construction d’infrastructures, en créant de l’emploi.  Autrement dit, c'est le système économique, et pas seulement les plus riches qui créent à eux-seuls l'emploi.

Comprendre: "arrêter d'embêter les vrais créateurs d'emploi". "Taxons les plus riches, comme nous le faisions avant, pour dynamiser la croissance économique améliorant le pouvoir d'achat de la classe moyenne." Une façon de dire que sans consommateur, pas d'investisseurs ni d'entrepreneurs. Et pas de "super-riches". 

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