Yassin Salhi était "toujours sur la brèche, prêt à exploser à tout moment" raconte son ancien professeur de sport<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Faits divers
Yassin Salhi était "toujours sur la brèche, prêt à exploser à tout moment" raconte son ancien professeur de sport
©Capture

Dualité

Interrogé par le Parisien, il décrit un homme "d'une douceur incroyable" mais capable de se lancer dans "une rage inouïe."

De Yassine Salhi, on ne connaît pas de visage, simplement une silhouette cachée derrière une serviette blanche lorsque les policiers l’emmènent. Pendant près de deux ans, il a appris les arts martiaux dans une salle de sport du Doubs. Le Parisien a retrouvé son professeur de sport, qui éclaire un peu sur la personnalité ambiguë du suspect.

"J'ai vu débarquer cet homme assez grand, avec une carrure plutôt athlétique. Je l'ai tout de suite remarqué, avec sa grande barbe et ses cheveux longs" raconte ainsi le professeur. Il voulait faire du "free fight," un sport de combat très violent. "Ce genre de demande m'a tout de suite intrigué. C'était d'autant plus surprenant qu'il était d'un abord très doux, dans ses gestes comme dans sa façon de parler."

Et les cours sont à l'image de cette dualité. "Lors des combats en face à face, il se laissait taper sans réagir, sans même protéger son visage. Et puis au bout de quelques minutes, il explosait de colère et frappait dans tous les sens avec une rage inouïe" explique son professeur. "Alors il redescendait en température (…) Mais à chaque fois, ça recommençait. Lorsqu'il explosait de rage, son regard se transformait physiquement et dégageait une colère intense que je n'avais jamais vue. Le reste du temps, il était enfermé dans son monde et dégageait une douceur incroyable."

A LIRE AUSSI - Pourquoi la distinction que fait Bernard Cazeneuve entre "salafisme radicalisé" et terrorisme est devenue largement illusoire

L'islam est très présent chez Yacine Salhi. "C'était à l'évidence sa grande passion. Mais ses paroles ne débordaient jamais : il ne parlait que d'amour, de paix, de foi" affirme le professeur qui apprend par l'intéressé qu'il a effectué un voyage en Syrie en 2010 ou 2011 pour aller "dans un école coranique" et pour "visiter."

Pourtant, l'homme ne présentait pas particulièrement de signes de radicalisation bien que certains détails aient "frappé" l'éducateur. "Une fois, il est venu au cours habillé d'un tee-shirt « Moudjahidine » (combattant en arabe). Je lui ai dit : « Tu ne peux pas porter ça ici », et il ne l'a plus fait" explique-t-il. "Une autre fois, en rentrant d'une compétition, il a discuté avec un autre élève musulman qui défendait la laïcité. Yassin lui répétait : « Nous sommes les ambassadeurs de l'islam, nous devons propager la religion. » J'ai eu la sensation d'avoir à faire à quelqu'un d'endoctriné, sous influence. Mais à aucun moment il n'a fait du prosélytisme durant les leçons, pas plus avec moi qu'avec le groupe." Enfin, il raconte aussi la présence de trois hommes, ses mystérieux "frères" qui assistaient parfois aux cours. "Ils ne parlaient pas beaucoup, sauf avec Yassin."

"On le sentait toujours sur la brèche, prêt à exploser à tout moment" souligne le prof. "Lors d'une séance, il a attrapé un élève par le col parce que ce dernier ne lui avait pas dit bonjour. Il était comme ça, d'un abord très calme mais capable de rentrer dans une colère folle à la moindre vexation. C'était une bombe à retardement et je savais au fond de moi qu'un jour elle exploserait."

A LIRE AUSSI - Une "guerre de civilisation" : les valeurs humanistes occidentales sont-elles aussi universelles que le pense Manuel Valls ?

Lu sur le Parisien

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !