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Elle raconte sa vie de femme djihadiste au sein de l'Etat Islamique
©Reuters

Femme-esclave pour l'EI

Arrivée à Raqqa en Syrie, Nadia se fait confisquer ses papiers d'identité et son portable, avant d'être enfermée dans une maison avec d'autres femmes. Pour en sortir, une seule solution : se marier avec un guerrier de Daech.

Elle témoigne pour "ouvrir les yeux à des jeunes filles qui y vont en se disant" que l'Occident est l'ennemi et que "Daech c'est le Califat". A 21 ans, cette étudiante que nos confrères de Madame Figaro ont surnommée Nadia, a été arrêtée par les autorités turques à son retour de Syrie, après 3 mois passés dans le fief de l'Etat Islamique. Incarcérée dans un centre de rétention à Gaziantep où elle attend son expulsion vers la France, Nadia a accepté de raconter son histoire de femme djihadiste.

Elle se souvient de sa radicalisation au travers des réseaux sociaux : "C'était un peu un lavage de cerveau, on nous dit : 'Tu vis dans un pays où il n'y a pas d'islam, où l'islam est interdit', 'si tu meurs, tu iras en enfer'... On prend vite peur" raconte l'étudiante. "Après, on se renferme, on est toute seule. Et finalement, on se dit : 'D'accord'. On part, on émigre vers une terre où il y a les lois d'Allah".

Son périple jusqu'en Syrie

La jeune femme raconte avoir reçu 1800 euros de son recruteur pour quitter la France. Prise en charge par deux hommes à son arrivée en Turquie, Nadia s'est ensuite rendue à Sanliurfa dans le sud-est du pays, en bus. "Le lendemain, on a fait 50 km environ en voiture" avant de marcher "pendant une vingtaine de minutes" et sauter "des barbelés". "Ensuite on vient nous chercher en voiture pour nous conduire à Tall Abyad". Après un voyage périlleux de trois jours, Nadia arrive à Raqqa, fief du groupe extrémiste situé à une centaine de kilomètres de la Turquie.

Son rôle de femme-esclave

Alors qu'elle s'attend à vivre une expérience religieuse incroyable, Nadia est finalement enfermée dans une maison avec une dizaine d'autres femmes, après s'être fait confisquer ses papiers d'identité et son portable. "Ils m'ont dit : 'Si tu veux sortir de cette maison, il faut te marier. Sinon tu y restes à vie, tu ne sors pas'. [...] Il est interdit d'appeler ses parents, d'avoir accès à Internet, tout est interdit. [...] On nous dit que c'est pour notre sécurité" explique-t-elle. Au bout de deux semaines, Nadia accepte de se marier avec son recruteur avant d'annuler le mariage dès le lendemain et de s'installer avec deux Françaises.

"Les femmes ne viennent que pour le repos des guerriers"

Son séjour vire au cauchemar lorsque l'Etat Islamique la soupçonne de "travailler pour la police française". La jeune femme est aussitôt emprisonnée et subi les menaces du groupe terroriste tous les jours. "Je leur ai dit qu'il y avait trop d'injustice, que pour moi ce n'était pas l'islam. Il n'y a pas de coran, il y a juste des armes et les femmes ne viennent que pour le repos des guerriers".

Nadia parvient à convaincre ses bourreaux de son innocence et est finalement reconduite à la frontière turque, par un guerrier de l'EI qui lui rend ses papiers et la met en garde : "Il m'a dit : 'Tu rentres en France, [...] mais tu fermes ta bouche et tu oublies tout". Aujourd'hui, Nadia explique que la plupart des recrues de l'Etat Islamique "sont des convertis", qui n'ont que très peu de connaissances du Coran et qui "sont plus poussés par la haine ou l'envie de faire la guerre". "Maintenant je vais progresser dans mon apprentissage de la religion, mais correctement, dit-elle. [...] Je veux vivre correctement, comme toutes les jeunes filles de mon âge en France"

Lu sur Madame Figaro

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