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Attentat de Charlie Hebdo : Sigolène Vinson, rescapée de la tuerie, livre son terrifiant témoignage
©REUTERS/Jacky Naegelen

Poignant

Chroniqueuse judiciaire pour le magazine satirique depuis 2012, elle était présente en salle de rédaction ce jour-là. Elle a été épargnée par les tueurs sous prétexte qu'ils ne "tuaient pas les femmes".

C'est le témoignage d'une survivante. Sigolène Vinson, rescapée de la tuerie à Charlie Hebdo mercredi dernier, a raconté l'effroyable attentat au journal Le Monde et à l'hebdomadaire Marianne. Chroniqueuse judiciaire pour le magazine satirique depuis 2012, elle était présente en salle de rédaction ce jour-là. "On a entendu deux "pop", on s'est tous demandé ce que c'était", commence la journaliste. Je me suis jetée au sol. 'Pop pop' dans Charlie, je comprends que ce ne sont pas des pétards. 

Un des policiers chargés de la protection de Charb se lève de son bureau. Il leur demande de ne pas bouger. “Il a semblé hésiter près de la porte. Je me suis jetée au sol". La journaliste rampe vers le bureau de deux collègues à l'autre bout de la salle et entend la porte d’entrée de la salle de rédaction "sauter" en même temps qu'un homme crier " Allahou akbar" .

La chroniqueuse se réfugie alors derrière un muret et entend tous ses amis se faire froidement assassiner. "Ils tiraient balle après balle. Lentement. Personne n'a crié. Tout le monde a dû être pris de stupeur". Les pas se rapprochent, elle voit les pieds du correcteur Mustapha au sol. Cagoulé et "habillé comme un type du GIGN", un homme contourne lentement le muret et la met en joue. "Je l'ai regardé. Il avait de grands yeux noirs, un regard très doux, raconte-t-elle. "J'ai senti un moment de trouble chez lui, comme s'il cherchait mon nom." Cet homme, c'est Said Kouachi.

Alors qu'elle pensait mourir, le tueur lui adresse alors la parole. "N'aie pas peur. Calme-toi. Je ne te tuerai pas. Tu es une femme. On ne tue pas les femmes. Mais réfléchis à ce que tu fais. Ce que tu fais est mal. Je t'épargne, et puisque je t'épargne, tu liras le Coran."

"Je me suis demandé pourquoi il me disait ça", souligne Sigolène Vinson, qui apprendra plus tard qu'Elsa Cayat a été exécutée dans la pièce d'à côté. "Je pensais que mes chroniques judiciaires étaient jolies. Je trouvais assez cruel de sa part de me demander de ne pas avoir peur. Il venait de tuer tout le monde et me braquait avec son arme. Je l'ai trouvé injuste. Injuste de dire que ce qu'on faisait était mal, alors que le bien était de notre coté".

Les deux tueurs s'en vont. Sigo­lène Vinson se lève et découvre ses amis à terre. Sous le choc, elle porte secours à quelques bles­sés, appelle les pompiers : “C’est Char­lie, venez vite, ils sont tous morts.”

Lu sur Le Monde

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