Nafissatou Diallo : "Ils m'ont insultée, ils m'ont trainée dans la boue" <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Nafissatou Diallo prend à nouveau la parole, après ses deux interviews exclusives à des médias américains et sa conférence de presse mercredi.
Nafissatou Diallo prend à nouveau la parole, après ses deux interviews exclusives à des médias américains et sa conférence de presse mercredi.
©Reuters

Offensive médiatique

Nafissatou Diallo s'est exprimée une nouvelle fois aux côtés de son avocat, lors une conférence de presse qui s'est tenue ce jeudi. Il s'agit du troisième volet de son offensive médiatique.

[Mise à jour le 29 juillet ]

Nafissatou Diallo prend à nouveau la parole, après ses deux interviews exclusives à des médias américains et sa conférence de presse mercredi.  Cette nouvelle allocution, organisée d'une main de maître par son avocat, Kenneth Thompson, a été très brève, mais percutante.

Le premier à ouvrir les hostilités a été Kenneth Thompson, habile organisateur de toute cette offensive médiatique. " Nous prenons position pour toutes les femmes qui ont été victimes d'agressions sexuelles autour de la planète " clame l'avocat de la plaignante. Il sera suivi du pasteur Bernard et ce n'est qu'après que survient le tour de parole de la femme de chambre du Sofitel qui accuse Dominique Strauss-Kahn de viol.

En pantalon sombre et chemisier blanc, d'une voix douce, presque timide, Nafissatou Diallo renvoie une image de victime. "Je m'appelle Nafi Diallo, je suis ici pour dire à chacun d'entre vous combien j'ai souffert de ces mois qui viennent de s'écouler. Avec ma fille nous avons traversé des mois très difficiles, ils m'ont insultée, m'ont traînée dans la boue, j'ai entendu beaucoup de choses méchantes à mon sujet. Toutes les choses qui ont été dites à mon encontre sont fausses."

Nafissatou Diallo s'est adressée à la presse au Centre culturel chrétien de Brooklyn, à New York. Un lieu qui n'a pas été choisi au hasard, car la victime veut sensibiliser davantage la communauté noire, dont une vingtaine de représentants sont présents.

A l'issue de la conférence de presse, l'avocat de Nafissatou Diallo a précisé qu'en cas d'abandon des poursuites par le procureur de New York, il attaquerait Dominique Strauss Kahn au civil pour réclamer des dommages et intérêts afin que Mme Diallo ait l'occasion de porter sa parole et sa version des faits devant un jury. Kenneth Thompson s'est par ailleurs montré extrêmement virulent à l'encontre du procureur Cyrus Vance en l'accusant d'avoir traîné sa cliente dans la boue et d'entretenir de meilleures relations avec la défense de DSK qu'avec Nafissatou Diallo. "Nous voulons un autre procureur pour cette affaire" a t'il même lancé.  

Plus tôt dans la journée, la presse américaine avait rapporté les propos de la défense de Mme Diallo en indiquant que le coup de téléphone qui avait porté atteinte à sa crédibilité et dans lequel la femme de chambre aurait confié à un détenu qu'elle savait ce qu'elle faisait et que "ce type [DSK] a beaucoup d'argent" n'aurait pas été traduit correctement et que l'interprétation donnée à ses propos était faussée. "Certaines choses ont été mélangées dans cette citation qui a été donnée au New York Times, a ainsi déclaré Kenneth Thompson. Nous avons écouté cet enregistrement et il montre que la victime n'a jamais prononcé ces mots."

[Mise à jour le 28 juillet]

L'interrogatoire de Nafissatou Diallo par le procureur aura duré près de 8 heures. Un interrogatoire, resté confidentiel, qui a tout de même permis à Kenneth Thompson, l'avocat de la plaignante, de réaffirmer l'innocence de sa cliente. Lors d'une conférence de presse improvisée, à la sortie du bureau du procureur, Kenneth Thompson a cherché à lever les doutes qui pèsent sur Nafissatou Diallo. Au cœur des préoccupations : la volonté de la victime présumée de porter plainte au civil contre Dominique Strauss-Kahn.

Selon l'avocat, la femme de chambre « a été presque violée par un des hommes les plus puissants de la planète, elle a le droit d'engager sa propre action en justice». Une action qui reste pourtant très controversée car elle implique un dédommagement financier et induit de nombreux soupçons quant aux motivations réelles de la plaignante.

Kenneth Thompson ajoute que Nafissatou Diallo, « n'est pas vénale», en faisant référence au coup de fil passé par sa cliente, peu après l'agression supposée, à un détenu emprisonné en Arizona pour une affaire de drogue. En apportant un nouvel éclairage sur cet évènement qui a fait basculer l'opinion publique, l'avocat donne un nouveau souffle à cette affaire.

[Mise à jour le 27 juillet à 18h]


Nafissatou Diallo est arrivée ce mercredi matin dans le bureau du procureur. Celle qui accuse Dominique Strauss-Kahn d'"agression sexuelle" était accompagnée de son avocat principal, Kenneth Thompson. C'est la première fois qu'elle rencontre Cyrus Vance Jr. depuis que des doutes sur sa crédibilité ont été évoqués. Leur dernière rencontre s'était conclue par les larmes de la plaignante alors que celle-ci était interrogée sur ses propres incohérences, indique AP.

Nafissatou Diallo et Kenneth Thompson n'ont fait aucune déclaration à la presse avant de pénétrer dans les bureaux du procureur.

Cette entrevue intervient au lendemain du deuxième ajournement de l'audience de Dominque Strauss-Kahn devant le tribunal de New York. Celle-ci devrait finalement se tenir le 23 août prochain.

Voyez ce long extrait de l'interview de Nafissatou Diallo traduit par i>Télé :

Voyez aussi l'intégralité de cet entretien, en anglais :

[Mise à jour le 27 juillet à 8h30]


Benjamin Brafman et William Taylor, les deux avocats de Dominique Strauss-Kahn, ont accepté le report de l'audience initialement prévue le 1er août. Elle se tiendra donc le 23 août. C'est le deuxième ajournement de ce type dans cette affaire.

Le bureau du procureur indique que l'enquête pénale se poursuit. Les avocats de l'ancien directeur du FMI espèrent un non-lieu, c'est-à-dire l'abandon des poursuites à l'encontre de leur client, d'ici à la prochaine audience. Kenneth Thompson, l'avocat de la femme de chambre, indique qu'une plainte contre DSK sera également déposée au civil, ce qui pourrait permettre à la plaignante de percevoir des dommages et intérêts.

La perspective de cette nouvelle procédure interroge les spécialistes car, d'ordinaire, un recours au civil intervient une fois que la procédure pénale a bien avancé. Les jurés pourraient en déduire que Nafissatou Diallo est aussi motivée par l'appât du gain. Ce trouble s'ajoute à la perplexité de certains observateurs au sujet des sorties médiatiques de la femme de chambre. Inhabituelles à ce stade de l'enquête dans une affaire si médiatisée, elles pourraient nuire à la plaignante.

[Mise à jour à 17h]


La sortie de Nafissatou Diallo dans la presse (Newsweek et ABC) a t-elle complètement ruiné les chances de la femme de chambre d'obtenir ne serait-ce qu'un procès dans le cadre de l'affaire qui l'oppose à Dominique Strauss-Kahn ?

C'est notamment ce que pensent certains observateurs dont les propos sont notamment rapportés par le New York Post. "Il y a maintenant tellement d'incohérences que ça en devient incroyable" explique l'un d'eux, "c'est comme un questionnaire à choix multiple, il faut choisir la bonne version".

Dans de nouveaux extraits de l'interview donnée par Nafissatou Diallo à la chaîne de télévision ABC, la femme de chambre raconte sa version des faits qui contredirait en partie ce qu'elle a pu dire aux enquêteurs, au grand jury ou au personnel hospitalier qui l'a reçue après l'agression sexuelle présumée.

"Je lui disais : 'stop, stop, ne faites pas ça'. Quand je lui ai expliqué que j'allais perdre mon travail, il m'a répondu : 'non, tu ne vas pas perdre ton travail", et puis : 'vous êtes belle'". Dans un article daté du 5 juillet 2011, le New York Timesrelatait pourtant que Mme Diallo avait expliqué au personnel hospitalier que Dominique Strauss-Kahn était resté silencieux pendant l'agression supposée.

D'autres incohérences existent dans son récit - sur ce qu'elle a fait après les faits présumés, par exemple - si bien que certains observateurs estiment que Nafissatou Diallo n'a que peu de chances de se sortir des questions des avocats de la défense.

John Eligton écrivait d'ailleurs hier dans le New York Times que les entretiens donnés par Nafissatou Diallo à Newsweek et ABC pourrait signifier que les avocats de la femme de chambre pensent que les poursuites contre DSK risquent d'être abandonnées le 1er août prochain, date à laquelle est fixée la prochaine audience. Il est de toute évidence très rare qu'une plaignante se montre et s'exprime dans la presse sur une affaire si médiatisée. Sauf à vouloir définitivement ruiner toutes ses chances...


[Mise à jour le 26 juillet à 13h]


La chaîne ABC distille progressivement les premiers extraits de l'entretien réalisé avec Nafissatou Diallo. Dans la vidéo ci-dessous, celle qui accuse Dominique Strauss-Kahn d"agression sexuelle" donne sa version des premiers contacts physiques qu'elle aurait eus avec DSK. Elle affirme également avoir découvert son identité au lendemain des faits présumés. Elle indique par ailleurs s'en remettre à Dieu.

"Il s'est approché de moi et a posé ses mains sur mes seins en me disant que je ne devais pas être désolée. Je lui ai demandé d'arrêter car je ne voulais pas perdre mon travail", dit-elle. Elle ajoute : "Il m'a plaqué par terre, et je ne pouvais plus bouger".

Quand la journaliste Robin Roberts lui demande quand a t-elle réalisé qui était Dominique Strauss-Kahn, Nafissatou Diallo répond : "Je l'ai appris à la télévision, et quand j'ai entendu qu'il pouvait devenir le prochain président de la France, je me suis mise à pleurer et j'ai pensé que j'allais mourir, qu'ils allaient me tuer".

La femme de chambre du Sofitel ajoute : "Je veux la justice, je veux qu'il aille en prison, je veux qu'il sache qu'on ne peut pas utiliser son pouvoir quand on commet de tels actes". "Dieu est mon témoin, je dis la vérité", conclut-elle.

Les avocats de Dominique Strauss-Kahn parlent d'une "campagne de diffamation", s'en prennent au "non-professionalisme" des avocats de la femme de chambre et accusent ses conseils "d'avoir mené une campagne de diffamation sans précédent contre la victime d'une agression sexuelle violente".

[Le 25 juillet 2011]

C'est la première fois qu'elle prend la parole publiquement depuis l'agression dont elle dit avoir été victime le 14 mai dernier au Sofitel de New York. Jusqu'à présent, Nafissatou Diallo n'était jamais apparue aux Etats-Unis et son nom même n'avait pas été publié outre-atlantique. 

"A cause de lui on me traite de prostituée. Je veux qu'il aille en prison. Je veux qu'il sache qu'il y a des endroits où on ne peut pas utiliser son pouvoir, où on ne peut pas utiliser son argent". La Guinéenne de 32 ans ne s'en cache pas, il s'agit bien pour elle de lancer une contre offensive suite au portrait qui a été fait d'elle alors que sa crédibilité est apparue entamée aux yeux du procureur de New York. La femme de chambre nie catégoriquement avoir été motivée par des considérations financières ou avoir eu des relations sexuelles tarifées avec des clients de l'hôtel qui l'emploie

Les journalistes de Newsweek qui l'ont rencontrée la décrivent comme une grande jeune femme à la peau relativement claire et marquée de traces d'acné. Une femme qui s'exprime dans un anglais hésitant et qui ne sait d'ailleurs ni lire ni écrire et qui s'anime surtout au récit de l'agression dont elle dit avoir été victime de la part de Dominique Strauss Kahn dans la suite 2806 du Sofitel. La jeune femme dit être entrée dans la suite après s'être annoncée à haute voix et s'être retrouvée face à un homme nu aux cheveux blancs. S'en est suivie une bataille dans laquelle elle raconte avoir été blessée, l'homme l'ayant saisie brutalement au vagin et forcée à pratiquer une fellation. 

Selon Newsweek, la version de la jeune femme correspond aux constatations faites à l'hôpital dans les heures ayant suivi l'agression supposée.

Nafissatou Diallo reconnaît par ailleurs avoir menti dans certaines procédures administratives et notamment dans celle de son entrée aux Etats-Unis, mensonge qu'elle justifie par le fait d'avoir voulu éviter à sa fille d'être excisée comme elle-même l'avait été enfant. La jeune femme admet aussi s'être laissée séduire par des hommes peu recommandables et les avoir laissé déposer de l'argent sur son compte en échange de cadeaux. C'est une conversation entre elle et un détenu d'une prison de l'Arizona au lendemain de l'agression qui avait d'ailleurs mis la puce à l'oreille des enquêteurs concernant sa crédibilité puisqu'elle aurait déclaré à son correspondant, un Africain arrêté pour trafic de drogue "ne t'inquiète pas, je sais ce que je fais, c'est un homme qui a beaucoup d'argent".  

Pour Nafissatou Diallo, c'est uniquement au lendemain de l'agression qu'elle aurait appris l'identité de son agresseur présumé en regardant la télévision. En apprenant que l'homme avait des chances de devenir président en France, elle dit avoir alors craint pour sa vie. 

L'hebdomadaire note par ailleurs que selon des sources proches de l'enquête, la traduction de la conversation téléphonique entre la femme de chambre et le détenu de l'Arizona ne serait pas totalement terminée et que les phrases transmises au bureau du procureur n'étaient pour l'instant qu'un résumé. 

De son côté, la défense de Dominique Strauss Kahn a dénoncé une opération de communication destinée à enflammer l'opinion publique contre un accusé dans une affaire criminelle en cours.  

Lu sur le Daily Beast/ Newsweek

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !