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Derrière la stabilité de l'UE,
l'avenir des printemps arabes
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Méditerranée

Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz explique comment régler au plus vite la crise de la dette, qui engage aussi l'avenir de la Méditerranée.

"Je suis profondément convaincu que nous sommes à la croisée des chemins en Europe".L'avertissement du ministre grec des Affaires étrangères pose finalement assez bien ce qui se jouera ce jeudi 21 juillet lors d'un sommet européen crucial quant à l'avenir de la Grèce.

La possibilité d'un défaut de paiement d'Athènes n'est toujours pas écartée, et les principaux dirigeants européens peinent à parler d'une même voix sur le sujet. Dès hier, Angela Merkel a prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à une "grande avancée spectaculaire". L'Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande pressent pour que le secteur privé soit mis à contribution. La BCE, la France et les pays les plus fragilisés sont nettement moins enthousiastes à cette idée, craignant une aggravation de la contagion de la crise. L'hypothèse d'une taxe sur les banques européennes n'est pas exclue, même si elle irrite les banquiers français et allemands.

Pour Joseph Stiglitz, si les dirigeants européens n'adoptent pas une position différente de celle qui est la leur depuis 18 mois, la contagion sera quasiment inévitable. "Un problème né à la périphérie s'est maintenant déplacé au centre, et alors que l'Espagne et l'Italie ont été les plus secoués, d'autres nations seront sans doute bientôt touchées dans les mois à venir", écrit-il dans le New York Times.

Le prix Nobel d'économie 2001 explique que la solution efficace est connue depuis longtemps. Elle passe notamment par l'émission d'obligations européennes, par l'activation du "pouvoir d'emprunt collectif de l'UE" et par la baisse des taux d'intérêts pour les pays dans le besoin. Il estime que les efforts doivent se concentrer sur la relance de la croissance, seule à même de restaurer l'équilibre financier dans la zone Euro, selon lui. Il conviendrait donc de se focaliser sur l'emploi plutôt que sur des mesures d'austérité et des réformes dont les effets ne seront pas immédiatement perceptibles par des marchés obnubilés par la rentabilité à court terme.

Joseph Stiglitz explique que, derrière la situation européenne, c'est la stabilité et la sécurité mondiale qui sont en jeu. D'une part, les Etats-Unis ont besoin de solides partenaires commerciaux pour ne pas subir une crise en "W". D'autre part, M. Stiglitz estime que les enjeux politiques s'étendent aussi - et surtout - aux pays secoués par le "Printemps arabe", dont il compare la situation avec celle des nations d'Europe de l'Est lorsque celles-ci se sont tournées vers l'économie de marché. Selon lui, le succès économique (relatif) de ces pays reste lié à leur intégration dans l'Union Européenne. Cela a été "le principale réalisation de l'UE" dit-il, avant d'affirmer: "Rien ne garantit mieux le succès des transitions des pays du Printemps arabe que des liens plus proches et plus forts avec une Union Européenne stable et prospère".

Pour le prix Nobel, l'Europe doit fournir un modèle de développement aux pays du Maghreb, qui ne soit ni néo-libéral, ni socialiste. Forts de ces résultats (et pas seulement en Allemagne), "le modèle social européen constitue une alternative structurée au néo-libéralisme qui est compatible avec les valeurs et les aspirations de la jeunesse fer de lance du Printemps arabe".

Joseph Stiglitz conclut :

"Mais si l'Europe est incapable de montrer davantage de solidarité pour aider les pays en difficulté au Nord de la Méditerranée, si ces pays plongent dans une récession prolongée assortie d'un fort taux de chômage, le modèle européen sera alors complètement discrédité. Sans un bon exemple économique venu d'Europe, le chemin vers une transition arabe pacifique sera beaucoup plus difficile. (...) Si les problèmes de l'euro persistent, ils ne compromettront pas seulement l'avenir des Printemps arabes ; ils attiseront aussi l'immigration qui mettra alors davantage de pression sur le continent européen".

Lu sur The new York Times

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