Transnistrie : où sera la limite de ce que l'OTAN ne pourrait vraiment plus accepter sans réagir<!-- --> | Atlantico.fr
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L'armée russe prend possession de la dernière base ukrainienne en Crimée
L'armée russe prend possession de la dernière base ukrainienne en Crimée
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Géopolitique bilatérale

L'organisation créée en 1949 peine à faire entendre sa voix dans le conflit russo-ukrainien et se pose la question de son degré de tolérance lors d'un conflit impliquant la Russie.

"L'alliance la plus forte de l'histoire de l'humanité". C'est ainsi que Barack Obama l'appelle. Pourtant, l'OTAN n'a toujours pas réagi à la poussée de l'armée russe en Crimée et à l'Est de l'Ukraine menaçant une intrusion pour annexer la Transnistrie, cette région russophile de la Moldavie. 

Après avoir pris possession de la dernière base militaire ukrainienne, l'armée russe est postée à la frontière Est de l'Ukraine dans l'attente d'un feu vert du Kremlin. De nombreux effectifs sont regroupés là, et menacent la Transnistrie, République de l'Europe de l'Est non reconnue par les Etats occidentaux, mais qui a déclaré son indépendance de la Moldavie en 1991, comme le pense l'OTAN. "La force russe, qui se trouve en ce moment à la frontière ukrainienne de l'est, est très, très importante et très, très prête", a déclaré le général Philip Breedlove ce dimanche 23 mars, lors d'une rencontre organisée par le German Marshall Fund, un cercle de réflexion. "Il y a réellement un dispositif militaire suffisant à la frontière orientale de l'Ukraine pour marcher sur la Transnistrie si la décision était prise, et c'est très inquiétant", a ajouté le commandant des forces de l'OTAN en Europe. 

Mais comment pourrait faire les Russes ? Pour effectuer une telle opération par voie terrestre, les forces russes devraient traverser le sud de l'Ukraine, longeant la côte de la mer Noire. Les alliés "ne connaissent pas" les intentions du Kremlin, a toutefois souligné le général Breedlove. Toutefois, l'inquiétude gagne la Moldavie, qui n'a jamais reconnu l'indépendance de cette région du pays. C'est pourquoi, mercredi 19 mars, le président moldave, Nicolae Timofti, a demandé à l'UE d'accélérer la signature d'un accord d'association. La veille, il avait déclaré que le porte-parole du Parlement de Transnistrie, région russophone qui avait fait sécession avec le soutien de Moscou à l'issue d'une guerre en 1992, s'était adressé à la Russie afin d'y rattacher sa région, à l'instar de la Crimée.

Les troupes russes de Vladimir Poutine sont prêtes à attaquer l'Ukraine "à tout moment", a pour sa part déclaré le secrétaire du conseil de sécurité nationale et de défense, Andri Paroubyï. "Le but de Poutine n'est pas la Crimée, mais toute l'Ukraine (...). Ses troupes massées à la frontière sont prêtes à attaquer à tout moment ", a déclaré M. Paroubyï devant des milliers de manifestants dans le centre de Kiev.

Le risque "augmente " chaque jour" et "la situation est même plus explosive qu'elle ne l'était il y a une semaine", a pour sa part estimé le chef de la diplomatie ukrainienne Andriï Dechtchitsa, interrogé par la chaîne américaine ABC sur un éventuel conflit militaire. Presque simultanément, le ministère de la défense russe a déclaré dimanche que Moscou "respecte tous les accords internationaux sur la limitation des effectifs des troupes dans les régions frontalières de l'Ukraine". 

L'OTAN ne s'affirme pas

Une attaque de l'armée russe en Transnistrie pourrait-elle faire bouger les lignes de l'OTAN ? Les forcer à envoyer des forces armées pour défendre l'intégrité de cette région ? Difficile à dire. Sur la touche depuis le début de la crise en Crimée, le secrétaire général Anders Fogh Rasmussen vient  à Washington l'idée d'une "assistance à l'Ukraine", en pleine confrontation avec la Russie. Parmi les Occidentaux, personne ne songe à une intervention armée, et surtout pas Barack Obama. Mais ce n'est pas non plus une surprise que l'Alliance Atlantique, enfant de la guerre froide, cherche à se remettre en selle à l'heure d'un sérieux refroidissement avec Moscou.

L'annexion de la Crimée est "un signal d'alarme pour la communauté euro-atlantique, pour l'Otan et pour tous ceux qui sont engagés dans la défense d'une Europe entière, libre et en paix", dit Rasmussen. Le diagnostic est partagé et le secrétaire général de l'Otan est certainement dans son rôle quand il signifie à la Russie qu'elle a franchi une ligne rouge. Mais le fossé se creuse entre Européens dès qu'il est question de confier à l'organisation militaire une responsabilité dans la solution. "Le pire serait d'offrir sur un plateau le prétexte que Vladimir Poutine attend pour en découdre avec l'Ukraine", lâche un diplomate en plein sommet européen.

En attendant, c'est l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui prend les commandes des négociations, avec Angela Merkel en première ligne. Selon un porte-parole de l'OSCE, un premier groupe de 20 à 40 observateurs était arrivé à Kiev et devrait être déployé à partir de ce mardi dans différentes régions du pays. La Russie s'est entendue vendredi avec les 56 autres membres de l'OSCE sur l'envoi d'une mission d'observation d'une durée de six mois en Ukraine, mais elle affirme qu'elle n'a pas mandat pour se rendre en Crimée, péninsule que Moscou a annexée à la suite d'un référendum local. L'équipe, composée d'une centaine d'observateurs civils au total, doit se déployer dans l'ensemble du pays, à l'exception de la Crimée sécessionniste. Pendant ce temps l'OTAN observe, mais ne devra pas manquer l'occasion de réaliser sa mission première en cas de nouvelle percée russe, à savoir : sauvegarder la paix en Europe. 

Lu sur The Guardian

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