"Nous avons finalisé un accord majeur juridiquement contraignant sur les exports d'armes pour mener à bien ces programmes (de futurs avion et char de combat franco-allemands, NDLR) et plus largement nos projets industriels communs dans ce domaine", a déclaré le président français au cours d'une conférence de presse commune avec la chancelière à l'issue d'un Conseil des ministres des deux pays à Toulouse.
Cet accord "scelle une confiance mutuelle entre la France et l'Allemagne et constitue la condition du succès de projets communs comme le char et l'avion du futur", estime l'Elysée.
La question des exportations a été sources d'irritations entre les deux pays ces derniers mois, l'Allemagne, qui a gelé ses exportations vers l'Arabie saoudite après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, pouvant s'opposer à l'exportation de matériels français quand ces équipements comportaient des composants allemands.
Or une approche commune est cruciale pour définir à terme les règles d'exportations, essentielles à la viabilité économique du projet, du système de combat aérien du futur (SCAF), sous leadership du français Dassault, destiné à remplacer les Rafale et les Typhoon, et du char de combat du futur (MGCS) qui a vocation à remplacer les Leclerc et les Leopard, sous leadership allemand.
L'accord conclu mardi couvre donc les projets en coopération (avion et char de combat futurs), les coopérations industrielles - comme les équipements terrestres produits par KNDS, la société commune entre l'allemand Krauss-Maffei Wegmann (KMW) et le français Nexter - ou encore les équipements d'un pays comprenant des composants de l'autre pays, a indiqué à l'AFP le cabinet de la ministre françaises des Forces armées Florence Parly. Le pourcentage de composants en dessous duquel un pays peut se passer de l'aval de l'autre n'a pas été précisé.
"C'est un accord assez large qui nous satisfait et qui, tout en respectant la souveraineté des États, permet de créer des conditions favorables aux projets de coopération", a ajouté cette source.
Les deux pays sont également parvenus à "lever plusieurs obstacles, parfois des malentendus" sur les projets en coopération, a affirmé M. Macron, évoquant "une lettre d'intention pour le futur char de combat, qui était un point très important et attendu par nos industriels".
Rheinmetall, KMW et Nexter sont tombés d'accord sur la répartition des tâches sur ce programme, ouvrant la voie à une notification des contrats de développement aux industriels "au premier trimestre 2020", selon le cabinet de Mme Parly.
Sur le SCAF, les contrats d'études pour faire voler un premier démonstrateur en 2026 seront notifiés en janvier 2020, selon cette source.
Ils couvriront tous les aspects du programme (avion, moteur, drones) et représenteront un engagement de 150 millions d'euros sur deux ans, a précisé le cabinet de la ministre.
Cette étape était très attendue par les industriels, au premier rang desquels Dassault Aviation et Airbus, qui espéraient qu'elle soit franchie à l'occasion du salon aéronautique du Bourget en juin, puis en septembre. La semaine passée, ils avaient appelé Paris et Berlin à lancer "sans plus attendre" les études pour le démonstrateur afin de tenir le calendrier d'un futur avion de combat prévu à l'horizon 2040.
"Dassault Aviation se félicite de cette nouvelle avancée de l'avion de combat futur franco-allemand. Nous sommes impatients d'être en janvier pour débuter les travaux du démonstrateur", a réagi son PDG Eric Trappier auprès de l'AFP. Sollicité par l'AFP, Airbus n'avait pas réagi dans l'immédiat.
Le SCAF associe avion de combat, drones, futurs missiles de croisière et drones évoluant en essaim.
mra/ib/bw
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