L'UMP en mal d'idées : ce que le parti pourrait importer de Berlin <!-- --> | Atlantico.fr
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Pour les uns, l'UMP est "en roue libre", pour les autres, " il n'y a pas de pas de programme, pas de chef, pas de débat".
Pour les uns, l'UMP est "en roue libre", pour les autres, " il n'y a pas de pas de programme, pas de chef, pas de débat".
©Reuters

SOS projet

Pour les uns, l'UMP est "en roue libre", pour les autres, " il n'y a pas de pas de programme, pas de chef, pas de débat". Après avoir exploré le modèle de Londres et de la "Big Society", celui de la CDU (parti chrétien-démocrate) et de Berlin peut-il s'avérer efficace pour la France ?

Isabelle Bourgeois

Isabelle Bourgeois

Isabelle Bourgeois est chargée de recherches au Centre d'Information et de Recherche sur l'Allemagne contemporaine (CIRAC) et rédactrice en chef de Regards sur l'économie allemande. Bulletin économique du CIRAC.

Elle est également l'auteur de PME allemandes : les clés de la performance (Cirac, 2010).

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Atlantico : Quels sont les grands principes du projet de la CDU ?

Isabelle Bourgeois : Avant de poser les grands principes fondant l’identité du parti chrétien-démocrate (CDU) allemand, il faut d’abord considérer les différences de fond existant entre la France et l’Allemagne. La première est qu’un parti politique n’est pas une formation créée ad hoc pour hisser une personnalité à la tête de l’Etat, mais une organisation émanant de la société civile et dont elle fédère les intérêts dans le jeu de la formation de l’opinion. Historiquement, CDU et SPD (sociaux-démocrates) sont ainsi deux grands partis de rassemblement, réunissant toutes sortes d’intérêts, profondément enracinés et représentés "dans le terroir", dont ceux des patrons ou des syndicalistes. Ils reflètent un large éventail des sensibilités de la société allemande.

>>> A lire également sur Atlantico - L'UMP en mal d'idées : ce que le parti pourrait importer de Londres

Or malgré leurs racines historiques différentes et les divergences d’approche exacerbées en période électorale, CDU et SPD sont des partis du centre et partagent un certain nombre de valeurs : liberté, justice et solidarité. C’est là ce qui explique que puissent se constituer à Berlin des gouvernements de Grandes coalition comme actuellement. De même, ils partagent la même doctrine : l’économie sociale de marché. Celle d’un libéralisme qui, pour garantir l’Etat social, doit être organisé. Concrètement, cela se traduit par une culture de la stabilité budgétaire, la liberté d’entreprendre avec son corollaire, la responsabilité sociale des entreprises, l’équité de droit entre capital et travail, équilibre entre liberté individuelle et responsabilité collective… [1]

Qu'est ce qui dans le programme de la CDU pourrait représenter un projet pour l'UMP ?

Ce pourrait être d’incarner un tel parti de rassemblement du centre-droit, fondant son identité sur la doctrine de l’économie sociale de marché qui permet justement de concilier l’économique (trop considéré comme "de droite" en France) et le social ("de gauche"). De même, sur une Europe assumée et une mondialisation perçue comme une chance. La distinction avec un PS pluriel pourrait se faire sur une réduction du rôle de l’Etat dans le fonctionnement du marché. C’est dans cette articulation Etat/marché que réside la principale différence entre CDU et SPD.

Quelle audience un tel projet aurait-il dans l'opinion française ?

Il permettrait le retour de la confiance des acteurs économiques et permettrait à l’initiative personnelle de se développer, ce qui serait porteur à la fois pour la compétitivité économique et le lien social.

Comment l'UMP devrait-elle adapter ce projet pour qu'il fasse écho à l'opinion publique française ? 

L’UMP, et tout autre grand parti, doit être porté par la confiance de ses adhérents – ou plutôt : être l’émanation de la société civile. La demande d’un parti représentant réellement ce que pensent les Français est grande…

Quelle ligne adopter ? Quels grands changements cela impliquerait ?

Se comporter en parti démocratique avant tout soucieux de l’intérêt général. Assumer l’Europe et l’identité française qui s’épanouit dans l’Europe. Donc oser aussi faire œuvre pédagogique et expliquer en quoi la rigueur budgétaire, si elle est accompagnée de profondes réformes structurelles, débride la compétitivité et, ce faisant, permet de sauvegarder le modèle social en le dotant de finances saines. Beaucoup de Français le savent ou le devinent. Ils en seraient intimement convaincus si un tel discours proactif et porteur était plus largement diffusé dans l’espace public et s’ils pouvaient exercer pleinement leur responsabilité d’acteur dans la démocratie.



[1] Voir : H. Uterwedde, in Regards sur l’économie allemande, n° 84/2007


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