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Syrie : le message à Israël
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Manifestations sur le Plateau du Golan

Ce week-end, des militants palestiniens ont manifesté sur le plateau du Golan, à la frontière syrio-israélienne, pour la commémoration de la "nakba", ou "catastrophe" en arabe, date anniversaire de la proclamation de l'Etat d’Israël, le 14 mai 1948. Réprimée violemment par les Israéliens (13 morts), cette manifestation est assurément un signal envoyé par le régime syrien à ses voisins...

Frédéric Pichon

Frédéric Pichon

Frédéric Pichon est diplômé d’arabe et de sciences-politiques. Docteur en histoire contemporaine,  spécialiste de la Syrie et des minorités, il est chercheur associé au sein de l'équipe EMAM de l'Université François Rabelais (Tours).

 Il est également l'auteur de "Syrie : pourquoi l'Occident s'est trompé" aux éditions du Rocher,  "Voyage chez les Chrétiens d'Orient", "Histoire et identité d'un village chrétien en Syrie" ainsi que "Géopolitique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord".

Il anime en parallèle le site Les yeux sur la Syrie.

Voir la bio »

Atlantico : La manifestation de samedi sur le plateau du Golan, sévèrement réprimée par l'armée israélienne, relève-t-elle de l’instrumentalisation de la part du régime syrien ?

Frédéric Pichon : La liberté de manifester des Palestiniens en Syrie est quasiment nulle depuis 40 ans. C’est une population, quoi qu’en disent les grandes déclarations panarabes, qui est à l’écart, qui n’a le droit de ne rien faire. Il s’agit là d’une instrumentalisation pour détourner l’information.

Le message de cette instrumentalisation est directement dicté par le régime syrien. Il explique que ce régime est la stabilité et qu’il détient un pouvoir de nuisance. S’il lâche la bride, ça va être le chaos pour tout le monde dans la région. Ce pouvoir de nuisance était incarné surtout par le père de Bachar el-Assad mais il y a une continuité dans la politique régionale de la part de l’actuel président syrien. La politique de Bachar est celle de Foch : si je suis attaqué des deux côtés, tout va bien, j'attaque au centre. 

La disproportion de la réaction israélienne est classique (les affrontements ont fait 13 morts), elle est la même depuis longtemps. C’est un message de fermeté. Mais cela reste un signal très fort envoyé par les Syriens aux Américains et aux Occidentaux.

Quelles vont être les prochaines étapes ?

La tension va retomber doucement, tant que le régime syrien n’envoie pas son armée, sinon Tsahal n’en ferait qu’une bouchée. Cette manifestation était conjoncturelle, c’était la commémoration de la "Nakba", catastrophe en arabe,  c’est-à-dire la proclamation de l’Etat d’Israël, le 14 mai 1948, et l’exode des Palestiniens qui a suivi. C’est un épiphénomène. C’était la même stratégie au Sud-Liban, lorsqu’il y a eu des jets de pierres à la frontière avec Israël. C’est une instrumentalisation du sentiment national des Palestiniens de la part du Hezbollah pour détourner l’attention. A noter que les Palestiniens en Syrie sont extrêmement bien tenus en main par le régime, qui peut leur faire faire un peu ce qu'ils veut.

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