Quand le jeu de rôles entre le pouvoir socialiste et les Verts tourne au vinaigre (bio bien entendu…)<!-- --> | Atlantico.fr
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Cécile Duflot.
Cécile Duflot.
©Stephane Mahe / Reuters

Editorial

Cécile Duflot soutiendrait "plutôt deux fois qu’une" la prochaine manifestation contre le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes si cher à son patron, Jean-Marc Ayrault... Dernier rebondissement dans une interminable série de désaccords.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Il y a quelques mois, la langue déliée par quelques verres de rouge de bonne facture, un responsable d’Europe Ecologie Les Verts m’expliquait tranquillement que les divergences entre les socialistes et EELV sur toutes sortes de sujets de fond relevaient ni plus ni moins du jeu de rôles. L’exploitation du gaz de schiste, les OGM, la sortie du nucléaire, la dépénalisation du cannabis, tous ces thèmes qui reviennent et reviennent à la une de l’actualité parce qu’ils suscitent de spectaculaires empoignades à l’Assemblée, parfois entre ministres : autant de décors pour d’habiles mises en scène. Dans quel but ? Très simple. En clamant urbi et orbi ses différences, le parti d’Eva Joly et Emmanuelle Cosse, nouvelle secrétaire générale des Verts, existe ainsi médiatiquement à défaut de peser dans les urnes et donne le sentiment de ne pas sacrifier ses convictions sur l’autel du pouvoir et de ses privilèges. Quant aux socialistes, il se payent à peu de frais un allié soi-disant remuant, sont du coup amenés à rappeler régulièrement les engagements de François Hollande en matière d’environnement et montrent leur capacité à rassembler la gauche dans sa diversité. Cet interlocuteur fort disert me confiait la teneur de certaines conversations entre Jean-Marc Ayrault et des dirigeants d’EELV. Des dialogues à la Audiard, sans le talent peut-être…

Ayrault : Bon, les gars, ça y est, on vous a bien entendus. Maintenant, si ça continue, ça va faire désordre.

Le Vert : Ouais mais ton Valls, il nous les brise avec son obsession sécuritaire et ses positions archéos sur le cannabis… On est obligés de réagir, sinon, nos électeurs comprendraient pas !

Ayrault : Vos quoi ? Non, je plaisante… Tu connais Manuel, il croit que Hollande, c’est Chirac, et qu’il doit être son Sarkozy. Non mais sérieux, c’est encore moi qui vais en prendre plein la gueule ! « Ayrault est trop mou, il ne sait pas tenir ses troupes, etc ».

Le Vert : Ok, ok, de toute façon, on va te foutre la paix pendant trois mois au moins. Mais quand on va entrer en campagne pour les municipales et les européennes, on sera forcé de taper. Vous êtes quand même très impopulaires…

Ayrault :  … ON est très impopulaires. Va pour la trêve. Dis-moi, tu es partant pour un dîner la semaine prochaine ?

Le Vert : Attends, on ne refuse rien au Premier ministre. Mais sors nous une bonne bouteille, la cave de Matignon, c’est le top de la République…

Ainsi, avance la gauche normale, entre grandes engueulades publiques et petits arrangements dans le secret des bureaux.

Mais dans un couple, on finit toujours par s’oublier lorsque la routine s’installe. C’est ce qu’il s’est passé avec Cécile Duflot, ex pasionaria des Verts nommée ministre du Logement. Confortablement assise sur la solidarité gouvernementale, elle a déclaré au Monde le 22 février dernier qu’elle soutiendrait « plutôt deux fois qu’une » la prochaine manifestation contre le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes si cher à son patron, Jean-Marc Ayrault. Pour elle, l’adage chevènementiste a fait long feu. « Un ministre, ça agit, ça ouvre sa gueule et ça ne démissionne pas » lance-t-elle, non sans panache. Pour qu’elle quitte le gouvernement, il faudra donc la limoger. Une décision que François Hollande ne semble pas décidé à prendre. C’est dans ces moments-là qu’un duo de l’exécutif mesure l’importance de mauvais sondages et d’une impopularité abyssale.

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