Dette : menace sur les États-Unis et sur... la France<!-- --> | Atlantico.fr
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Barack Obama a mis en garde ce dimanche le Congrès contre les risques de crise financière grave...
Barack Obama a mis en garde ce dimanche le Congrès contre les risques de crise financière grave...
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Dette publique

Face aux critiques du camp républicain sur l'explosion des dépenses publiques, Barack Obama a mis en garde ce dimanche le Congrès contre les risques de crise financière grave si le plafond de la dette n'était pas relevé ce lundi. En France, le problème est le même, mais les politiques ne semblent toujours pas avoir pris la mesure de l’enjeu…

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Tout le monde connait la plaisanterie républicaine répétée par Reagan en son temps : « Les onze mots les plus terrifiants de la langue anglaise sont : je suis du gouvernement et je suis là pour vous aider ». Le GOP (Grand Old Party, surnom du Parti républicain) en a fait son credo, à tel point qu’il refuse de relever le plafond d’autorisation de l’État américain de s’endetter, qui sera atteint lundi.

La position de plusieurs républicains au Congrès : ils ne veulent pas autoriser le président Obama à accroitre la dette publique. Timothy Geithner, le secrétaire au Trésor, a déjà pris des mesures d’urgence qui laissent en pratique jusqu’au 2 août pour que le Parlement américain se décide. Ben Bernanke, le président de la Fed, a prévenu hier : après cela, la crise économique risque d’être majeure.

Aux États-Unis : plus de dépense publique, c'est moins de liberté individuelle

L’attitude intransigeante des républicains, stimulée par la proximité de l’élection présidentielle, est terriblement risquée. Elle reflète toutefois une aversion profonde et sincère de l’électorat américain pour la dépense publique, qu’on ne saurait limiter au Tea Party. Aux États-Unis, on a bien assimilé que plus de financement par l’État signifiait plus de contrôle sur les citoyens. Plus de dépense publique, c’est moins de liberté individuelle.

Elle démontre aussi, par un curieux effet de miroir, la vitalité de la démocratie américaine. Aux États-Unis, le Parlement détient une expertise financière qui lui permet d’exercer un réel pouvoir. La dépense publique est un réel sujet de préoccupations politiques. A leur manière, les républicains rappellent l’impérieuse nécessité de réduire la dette publique. La Grande-Bretagne de David Cameron se confronte elle aussi à ce sujet, avec des réformes de très grande ampleur (dont l’une des plus symbolique est probablement la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires).

En France : l'envie de se protéger, la crainte de réformer

En France, on est encore loin du compte, comme l’a rappelé l’OCDE encore très récemment : il faut en faire beaucoup plus pour limiter la dépense publique et envisager, enfin, une réforme permettant d’avoir une fiscalité cohérente et efficace. La Cour des comptes allait dans le même sens en prônant de revoir l’impôt sur le revenu. Surtout, des réformes structurelles doivent être mises en œuvre, en commençant par celle du marché du travail.

En 2005, le Rapport Pébereau rappelait l’urgence de s’attaquer au problème de la dette publique. Six années et une crise économique majeure plus tard, les questions restent les mêmes. Pendant les 30 Glorieuses, l’État s’est construit pour apparaître comme le substitut à des liens sociaux traditionnels dont la crise allait croissante. Depuis les années 1990, la crise de l’État laisse les citoyens inquiets sur leur présent et pour leur avenir, comme le montrent régulièrement les débats sur toute forme d’altérité sociale (l’islam ou l’immigration par exemple) ou de changement économique (la réforme des retraites, les 35 heures notamment).

Dans cette situation d’angoisse, personne n’est prêt à prendre le risque de céder un peu de ce qu’il a ou de ce qu’il connait, pour réformer le pays et promettre un avenir meilleur pour tous. Surtout, aucune personnalité politique ne parvient à convaincre les Français qu’il est nécessaire de changer. Au contraire, les partis, à gauche comme à droite, surfent sur l’ardente nécessité de protéger ce qui existe – et ne fonctionne pas. En ce sens, l’absence de prise de conscience sur la dette publique a des sources communes aux discours sur l’identité nationale : l’envie de se protéger, la crainte de se réformer.

Entre le gouvernement qui ne s’attelle à la tâche que par de ponctuelles coupes, ou qui supprime des postes dans la fonction publique… pour mieux en créer, et le PS qui ne propose pas grand-chose (à part de nouveaux emplois subventionnés et de nouveaux emplois publics), la France ne semble toujours pas avoir pris la mesure de l’enjeu…

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