Manif de Nantes, manif pour tous : l'étrange deux poids, deux mesures de la justice<!-- --> | Atlantico.fr
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L'étrange deux poids, deux mesures de la justice française laisse songeur...
L'étrange deux poids, deux mesures de la justice française laisse songeur...
©Reuters

Notre-Dame des écolos

Après les violences qui ont éclaté en marge de la manifestation anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes samedi à Nantes, les esprits s'échauffent entre Cécile Duflot et Jean-Marc Ayrault.

Albert C.  Querfiniec

Albert C. Querfiniec

Albert C. Querfiniec est journaliste. Il écrit pour Atlantico sous pseudonyme.

 

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A Nantes, samedi dernier, les forces de l’ordre ont manqué de moyens, de motivation ou de chance. Pour huit policiers blessés et un centre ville transformé, quelques heures durant, en champ de bataille, il n’y a eu que quatorze interpellations parmi les gauchistes encagoulés venus en découdre. Pas de quoi multiplier les déclarations martiales et les coups de menton du côté de la place Beauvau. A rapprocher des soixante treize personnes coffrées le onze novembre dernier pour avoir – ce qui n’est pas bien mais qui, malgré tout, n’a pas fait de dégâts dans le mobilier urbain ou les boutiques adjacentes - hué, sur les Champs-Elysées, le Chef de l’Etat ; à rapprocher aussi des jolis coups de filet réalisés contre les "veilleurs" ou les marcheurs de "la Manif pour tous" qui, par leur acharnement factieux contre la loi Taubira, menaçaient, aux dires des autorités, les fondements mêmes de notre République.


Outre les dégâts matériels, la manif de Nantes a fait aussi pas mal de casse sur le plan politique mais les leaders écolos ne risquaient pas de finir le week-end au poste, on a encore besoin d’eux, parait-il, au gouvernement. "On a besoin de tout le monde" a affirmé lundi matin le Premier Ministre, animé par une évidente volonté de dédramatiser. Décidément, entre partenaires de ce qu’il est encore convenu d’appeler, en raison d’une arithmétique parlementaire abracadabrante, la "majorité", c’est à qui fera avaler le plus de couleuvres à l’autre. Dans ce domaine, les écolos, comme Jean-Marc Ayrault lui-même, ne sont pas dénués de talent.


Cécile Duflot, Ministre du logement et de l’égalité des territoires (jusqu’où ira se nicher, en France, le culte de l’égalité !...), avait fait très fort, dans un entretien accordé au journal "le Monde", déclarant qu’en matière de transition énergétique, "le temps des demi-mesures est révolu" et, à propos du défilé nantais contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qu’elle serait "de cœur" aux côtés des manifestants et que, si elle n’était pas ministre, elle serait même présente dans le cortège "plutôt deux fois qu’une".


En réponse à Cécile Duflot et à la suite des affrontements de fin de manif à Nantes, le Premier Ministre a fait les gros yeux, il a demandé au mouvement "Europe- Ecologie-les Verts" de bien vouloir sortir de l’ambiguïté. Cécile Duflot et ses amis en tremblent encore. Et puis le noir désir de faire ensemble un bout de chemin supplémentaire, de ménager les alliances électorales, de se répartir bientôt quelques postes dans les municipalités et les syndicats inter-communaux, l’a emporté sur toute autre considération.


Réduits à epsilon par le suffrage populaire lors des dernières présidentielles, les écologistes disposent encore d’un pouvoir de nuisance dans les combinaisons en coulisses ; quant à l’exécutif, ou ce qu’il en reste, il peut encore compter (mais pour combien de temps ?) sur sa béquille de gauche mais il ne sort pas grandi de ces événements politiciens. On pense à de Gaulle rencontrant le dernier Président de la troisième République Albert Lebrun et écrivant après coup, au sujet du chef de l’Etat de l’époque : "deux choses lui avaient manqué : qu’il fût un chef, qu’il y eût un État". Un pays et un peuple ont besoin de se sentir dirigés quand les temps sont durs et qu’il faut repartir d’un bon pied.

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