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La France n'a jamais compté autant d'étudiants : mais font-ils les bonnes études ?
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La valeur des diplômes, partie I

Selon les tableaux de l'Economie française 2014 de l'Insee, la France n'a jamais compté autant d'étudiants. Mais la plupart suivent des études en sciences humaines et sociales, délaissant d'autres secteurs prometteurs... Première partie de notre série sur la valeur des diplômes.

Emmanuel  Davidenkoff

Emmanuel Davidenkoff

Emmanuel Davidenkoff est directeur de publication de l'Etudiant et chroniqueur à France Info. Il a également publié de nombreux livre traitant du système scolaire et universitaire français notamment Lycée tome 1 et 2 aux éditions Jacob Duvernet/Balland et Peut-on encore changer l'école ? aux éditions Hachette. 

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Atlantico : Selon une récente étude de l'Insee, nous avons atteint aujourd'hui un nombre record d'étudiants en France. La majorité de ces étudiants est inscrite à l'université, d'abord en sciences humaines et sociales, puis en sciences politiques, et enfin, mais minoritairement, en pharmacie, sciences et techniques des activités physiques et sportives. Au regard des secteurs qui recrutent le plus, cette distribution des effectifs étudiants est-elle justifiée ?

Emmanuel Davidenkoff : Personnellement, je ne raisonne pas ainsi. Nous sommes dans un pays libre, pas en URSS au temps du plan quinquennal ; on a le droit de choisir ses études.

De plus, il est normal de constater que l'université concentre le plus d'étudiants. C'est là que les capacités d'accueil sont les plus importantes, et il n'y a pas de sélection à l'entrée.

Cependant, il est vrai qu'on observe une incohérence entre la distribution des effectifs étudiants et les secteurs qui recrutent.Par exemple, on manque de développeurs et d'ingénieurs dans le secteur de l'informatique. Mais en même temps, si vous interrogez un patron de PME sur les postes dont il aura besoin dans 5 ans, il vous dira qu'il n'en sait rien. Or, quand on s'engage dans des études, c'est en général pour 5 ans (grade master). Il serait donc vain de chercher l'adéquation à tout prix.

Trop nombreux en amphis, les étudiants français ne devraient-ils pas oser autre chose que la fac, notamment les écoles d'ingénieurs, à un moment où les entreprises sont à la recherche de ce type de profils ?

Absolument. D'ailleurs, les écoles d'ingénieurs ont connu une d'augmentation de 7% de leurs effectifs depuis 1990. De même, les étudiants plébiscitent les écoles de commerce qui forment des cadres assez recherchés. Ainsi, entre 2011 et 2012, nous avons gagné 36 000 étudiants mais seulement un tiers, ont rejoint les bancs de la fac.

Nombreux sont les étudiants "moyens", qui ont eu leur bac de justesse et qui ne s'épanouissent pas dans leurs études universitaires. Pour autant, ils n'envisagent pas des études exclusivement professionnelles. Des études courtes et professionnalisantes types DUT ou BTS, ce serait-ce pas ce pas cela la solution ?

Tout d'abord, il existe plusieurs raisons pour lesquelles un élève est moyen au lycée. Un lycéen peut être moyen parce qu'il n'aime pas les études académiques. Si un lycéen ou un étudiant est dans cette situation, il ne doit pas se lancer dans de longues études, en ce cas les études courtes et professionnalisantes sont en effet une bonne solution.

Mais un lycéen peut aussi être moyen parce qu'il n'aime pas la pédagogie pratiquée au lycée, ou parce qu'il a connu une adolescence douloureuse ou encore parce qu'il a été obligé de s'engager par exemple dans un bac S, réputé ouvrir plus de portes, alors qu'il n'aime pas les maths. Dans ces derniers cas, un élève moyen au lycée peut très bien se révéler plus tard, y compris à l'université, et mener de belles études supérieures. C'est pourquoi il faut que les lycéens et étudiants s'informent le mieux possible avant de se déterminer. De même, comme les parents peuvent forcer un enfant à suivre la "voie royale" du bac S, ils peuvent le pousser à suivre des études supérieures dans un domaine qui ne plaît pas au principal intéressé. Il faut donc que les parents s'informent tout autant que leurs enfants sur les filières supérieures. Et d'ailleurs ils le font : les parents sont nettement plus engagés qu'avant et se rendent massivement dans les salons d'orientation.

Dans un pays où le bac+5 est la norme, nombreux sont les jeunes trentenaires au chômage. Peut-on alors affirmer que les filières professionnelles sont sous-estimées par les jeunes alors que les métiers de plombiers, pâtissiers ou encore bouchers recrutent ?

C'est une norme pour certaines familles : il y a beaucoup plus de bac+2 que de bac+5 dans notre pays. Ceci étant, est clair que certains secteurs ne font pas le plein. C'est le cas de l'industrie. Or, dans l'industrie, il y a de l'emploi à tous les niveaux, du CAP-BEP aux ingénieurs en passant par les cadres intermédiaires. Le secteur de l'industrie pâtit d'une image négative. Les entreprises devraient faire plus de communication.

Quels sont les secteurs prometteurs ?

Même si les prévisions à cinq ans ne sont pas évidentes, on peut parier sans grand risque sur des secteurs comme :

  • l'informatique et tous les métiers liés au numérique,
  • l'industrie,
  • la silver economy ou l'économie au service des personnes âgées,
  • les services à la personne,
  • la fonction publique (l'enseignement par exemple).

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