Traque de paparazzi : comment j'ai prouvé que Cécilia Sarkozy fréquentait Richard Attias <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Faits divers
Traque de paparazzi : comment j'ai prouvé que Cécilia Sarkozy fréquentait Richard Attias
©

Bonnes feuilles

Cet homme aime voler des moments intimes. Il aime fabriquer des scandales. Chez lui, c'est une passion professionnelle et incontrôlée. De Mitterrand à Orson Welles, de Brando (Marlon) à Sarkozy, de Benoit XVI à Georges Bush (père et fils), Pascal Rostain raconte sa vie de paparazzi. Extrait de "Voyeur - Mémoires indiscrets du roi des paparazzi", éditions Grasset (2/2).

Pascal Rostain

Pascal Rostain

Pascal Rostain est une Star des paparazzi. Il "planque" pour Paris-Match depuis une vingtaine d'années. Il a "shooté" tous les grands de ce monde et ses photos (résolument indiscrètes) ont fait le tour de la planète.

Voir la bio »

La mission est délicate, mais le scoop potentiel énorme. Un confrère en fait les frais. Il croise le couple clandestin et le photographie dans un restaurant, Le New York, avenue Carnot. Pas franchement discret, il se fait repérer. Ses images disparaîtront mystérieusement. Personne ne les verra jamais. Et son corps sera repêché dans la Seine trois jours plus tard criblé de balles… Non je déconne, Saucisson ! On n’est pas au Zimbabwe. La presse est libre. Enfin… presque. Enfin… Non, pas du tout ! Toujours au service du pouvoir et jamais en manque de cirage.

Agitant tous nos contacts, nous cherchons désespérément Cécilia, seulement s’attaquer à la femme du ministre de l’Intérieur n’est pas une tâche aisée. Nous apprenons toutefois que la belle et son amant s’apprêtent à partir en amoureux sur les hauteurs de Cannes, où le publicitaire possède une maison. Pour les attraper, il nous faut organiser un dispositif digne des scénarios de Mission Impossible. Bruno et moi, équipés de nos deux appareils photo, louons une bagnole à l’aéroport de Nice. Pour mettre le plus de chances de notre côté, nous nous séparons. Bruno part le premier et je prends un biffeton plein tarif dans le même avion que nos tourtereaux. Pourquoi plein tarif ? Pour ne pas me retrouver au fond de l’appareil sur le siège 184F et mettre trois plombes à sortir du zinc. Tandis qu’avec un biffeton à 800 euros, tu es forcément placé à l’avant. En effet, je me retrouve assis trois rangées devant eux. Je ne te dis pas dans quel état de fébrilité je suis, lorsque je découvre en salle d’embarquement qu’ils ne sont qu’à quelques mètres de moi et qu’il me faut résister à la tentation de les photographier.

À peine arrivé à Nice, en lien permanent avec Bruno au téléphone, je les suis jusqu’au comptoir d’un loueur de voitures. Je me glisse dans la file d’attente juste derrière eux et ouvre grand mon oreille pour saisir au vol le numéro de téléphone de Richard et son adresse parisienne. Ils ont loué un cabriolet. Comme le ciel est radieux, ils le décapotent, sans se douter que mon pote Bruno, planqué sur le toit du parking d’en face, prend ses premiers clichés.

On les filoche. Avant d’attaquer les routes sinueuses et solitaires des hauteurs de Cannes, la voiture s’arrête devant une petite supérette. Le couple en ressort les bras chargés d’emplettes. « Et merde ! Ils ont fait le plein du frigo ! Ça sent le week-end enfermé à la casa ! » s’agace Bruno. Nous assurons quelques clichés puis reprenons la route. La filature devient délicate, car la route est de plus en plus déserte. Finalement, Richard et Cécilia s’arrêtent devant une jolie baraque. En planque deux cents mètres plus bas, nous savons que nous ne pourrons pas rester longtemps, car deux mecs seuls dans une voiture éveilleront les soupçons des voisins de cette banlieue super chicos et les cow-boys de la police municipale ne tarderont pas à débarquer pour nous électrocuter façon Taser. Mais ce jour- là le dieu des paparazzi est avec nous. Deux heures plus tard, le couple repart en direction du centre-ville. Nous reprenons la filature. Or, sans le vouloir, car il ne nous a pas repérés, Richard, qui doit connaître le coin par coeur, nous sème. Impossible de les retrouver. Dépités, nous décidons d’aller noyer notre chagrin en nous baladant sur le vieux port, l’endroit le plus sympa de la ville.

Leur voiture est là, garée devant un restaurant italien branché, le quartier général de tous les photographes du festival de Cannes. Incroyable qu’ils aient choisi cet endroit si visible. Après le dîner, nous les observons flânant amoureusement sur le trottoir. Pour nous, les débuts des histoires d’amour sont des moments bénis. Les couples débutants, qu’ils soient anonymes ou célèbres, passent leur temps enroulés l’un dans l’autre. Unis dans leur bulle, ils ne remarquent rien autour d’eux, n’ont d’yeux que l’un pour l’autre. Et nous n’avons d’yeux que pour eux, mitraillant ces moments de tendresse.

Contents d’avoir pris les seules photos qui suffisent pour accréditer l’histoire dont s’émeut le Tout-Paris, nous présentons le lendemain nos clichés aux rédactions. Bizarrement, ni Paris Match, ni VSD n’en veulent. Il semble qu’il y ait de la pression dans l’air. La presse française aime bien garder pour elle les secrets d’alcôve et hésite rarement à faire montre de sa complicité avec les puissants. Alors que tout le monde sait que Cécilia a quitté Nicolas pour Richard, aucun rédac’ chef ne veut publier notre reportage, car si les déboires de Nicolas Sarkozy feraient vendre des millions d’exemplaires, susciter son courroux effraie. Effraie beaucoup.

Nous, on s’en fout de leur trouille. Notre patron n’est pas le futur président. Notre patron, c’est le grand public qui réclame chaque semaine sa part de bonheur en un million d’exemplaires. Seulement, ce ne sont pas nos lecteurs qui publient nos reportages, mais les patrons de presse. Qui ont aussi leurs patrons, qui eux-mêmes obéissent à d’autres patrons… Bref, tout le monde se carapate. Deux mois après notre escapade cannoise, lors d’une interview sur France 3, Nicolas Sarkozy confiera lui-même ses difficultés conjugales.

Stupéfaction, la presse française ne leur consacrera pas une ligne. En Suisse, le rédacteur en chef du quotidien Le Matin en fera sa une.

Extrait de "Voyeur - Mémoires indiscrets du roi des paparazzi",  Pascal Rostain, Editions Grasset, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !