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Nintendo, game over ?
©Reuters

Au secours Mario !

La nouvelle console du constructeur japonais, la Wii U, ne se vend pas aussi bien que la première, lancée en 2006. La firme a revu ses prévisions de ventes annuelles à la baisse, de 9 millions d'unités à 2,8 millions.

Nicolas Gaume

Nicolas Gaume

Nicolas Gaume est un entrepreneur et créateur de jeux vidéo français. P-DG de Mimesis Republic et président du Syndicat national du jeu vidéo depuis mai 2009, il est connu pour avoir été le dirigeant et fondateur de la société Kalisto Entertainment de 1990 à 2002.

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Atlantico : Nintendo, qui dominait le marché il y a encore quelques années, se retrouve aujourd'hui dans une situation presque catastrophique (voir ici). Comment expliquer cette évolution ?

Nicolas Gaume : Pour commencer, Nintendo traverse effectivement des moments difficiles mais est loin d'être à l'article de la mort. La firme dispose en effet de marques absolument extraordinaires, une expertise de création véritablement fabuleuse, et beaucoup de trésorerie. Néanmoins, il est clair qu'on est dans une période où l'évolution du marché de la console est en vraie rupture avec l'évolution de la pratique du jeu. Le modèle qu'on connaissait auparavant, qui consistait à vendre des jeux à prix conséquents et sur support physique, est aujourd'hui mis à mal par des jeux gratuits (ou avec un paiement intégré à l'acte) qu'on trouve sur téléphone mobile et sur tablette.

Cette évolution des pratiques de jeu marque tous les acteurs historiques du jeu-vidéo, il ne s'agit pas uniquement de Nintendo. Cependant, Nintendo avait fait le choix d'aller vers un public plus familial, plus féminin… Et c'est vrai que ce public la s'est beaucoup tourné vers le marché des jeux tablettes.

Si Nintendo souffre de la concurrence des jeux gratuits sur tablettes et sur smartphones, pourquoi n'est-ce pas le cas de ses concurrents historiques, Sony et Microsoft ?

Microsoft et Sony, notamment avec la Play Station 4 et la XBOX One sont allés toucher un public beaucoup plus gamer et "hardcore". Un public beaucoup plus féru de jeu plus spectaculaires, plus immersifs, très tourné vers l'action, l'aventure et plus visuels.

Cette expérience, parce qu'elle est beaucoup plus visuelle et beaucoup plus immersive, est moins mise à mal par la concurrence des tablettes et des mobiles. Nintendo, avec la Wii a aussi un public gamer, et qui a acheté la Wii U et qui continue à l'apprécier et à jouer à des franchises Nintendo comme Mario ou Zelda. Mais tout le public plus "casual", qui cherche des expériences plus occasionnelles a aujourd'hui une prédilection pour les jeux mobiles.

Le public de Microsoft et de Sony a été moins détourné que le public de Nintendo, justement parce qu'il est plus attiré par ce spectacle, qui n'est pas possible sur les jeux tablettes et mobiles. Au-delà de cela, il faut aussi prendre en compte qu'un jeu mobile, gratuit ou payé à l'acte (quand on paye) ne représente pas le même engagement financier qu'un jeu vidéo pour lequel il faut compter entre 30, 40 ou 60 euros.

Que signifierait la disparition de ce monument de l'industrie du jeu-vidéo ? Est-ce que le scénario même de sa disparition est-il crédible ?

Nintendo ne peut pas disparaître aujourd'hui. C'est une entreprise qui a plus de cent ans et a vécu beaucoup de choses. Elle a une expertise de création de jeu qui est incomparable, un savoir-faire lui aussi incomparable, des marques incroyables… Non, Nintendo ne peut pas disparaitre aujourd'hui. C'est impossible.

Comme beaucoup d'entreprises de technologie, Nintendo a connu des hauts et des bas et des crises très graves. Ce n'est pas la première fois qu'une console ne se vend pas bien. Prenons l'exemple de la Virtual Boy ou de la Nintendo 64. J'ai confiance en leur capacité de rebond. Le marché du jeu-vidéo est un marché en plein développement. D'ici à 5 ans, le marché du jeu vidéo représentera plus de 100 milliards d'euros. Nintendo est au courant de son état, prend la perspective de ce qui se passe et se met en perspective, en plus de disposer d'une expertise de création, des marques et de l'argent. La remise en cause est peut être douloureuse ; mais à moins d'enchaîner erreur sur erreur et de n'avoir pas évolué d'ici 5 ans, Nintendo ne risque pas de disparaitre.

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