Denis le Bossé – Cabinet Arc : "La loi Hamon va contraindre le chef d’entreprise à la culture du paiement rapide" <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Denis Le Bossé, président du Cabinet Arc, cabinet de recouvrement de créances inter-entreprises.
Denis Le Bossé, président du Cabinet Arc, cabinet de recouvrement de créances inter-entreprises.
©Cabinet Arc

L'interview Atlantico Business

Après d’âpres négociations avec le secteur du BTP, qui souhaitait une dérogation à 60 jours, La loi Hamon a ramené à 45 jours les délais de paiement pour les factures récapitulatives pour tous les secteurs d’activités. Pour Denis le Bossé, président du Cabinet Arc, spécialisé dans le recouvrement de créances inter-entreprises, il s’agit d’une bonne nouvelle en ces temps où l’accès aux financements pour les entreprises est difficile.

La loi Hamon va porter à 45 jours les délais de paiement pour les factures récapitulatives, une bonne nouvelle pour vous ?

C'est une très bonne nouvelle que tout le monde soit sur la même règle. Cette réglementation devrait réduire les délais de paiement, et notamment en fin d'année. On sait tous que, quand il y avait 60 jours, au lieu de régler sur une année on gagnait deux jours pour payer sur l'année suivante. Cela permettait aux entreprises d'améliorer leurs résultats. A 45 jours, il sera plus difficile d'en gagner 17. L'intérêt de la loi Hamon, c’est qu’elle permettra d'une part de faire respecter les paiements prévus par la Loi de Modernisation de l'Economie (LME) de 2008, d'infliger une amende administrative en cas de non-respect et, d’autre part, elle va contraindre les commissaires aux comptes à sensibiliser les dirigeants d'entreprise à la culture du paiement rapide. C'est ce que l'on souhaite depuis longtemps et qui a été plébiscité dans notre dernier baromètre Cabinet Arc-IFOP, où 31% des chefs d'entreprise pensent que le commissaire aux comptes doit forcer le chef d'entreprise à respecter ces délais. 

[LES AUTRES ARTICLES DE VOTRE BRIEFING ATLANTICO BUSINESS]

Les entreprises du BTP avaient demandé une dérogation à 60 jours, était-ce légitime selon vous ?

Le BTP avait déjà obtenu des dérogations et en voulait d'autre. C'est une solution facilité et ce n'est pas légitime du tout. Le gouvernement a, comme objectif, de réduire les délais de paiement et c'est une bonne chose. En effet, on s'aperçoit de plus en plus que la solution pour réduire ces délais, c’est de prétexter par exemple des litiges pour les contourner. On a assisté à un doublement de ces litiges et, selon notre baromètre, 46% des entreprises considèrent que les litiges invoqués visent uniquement à se soustraire à la LME. Ce qui est légitime, c'est que les entreprises puissent avoir accès au financement. Pour cela il faut respecter les délais de paiement et faire en sorte que les banques s'engagent davantage auprès des entreprises qui en ont le plus besoin. 

Une enquête Altares, nous consacre champion européen des délais de paiement, les Allemands eux, sont de bons élèves. Comment expliquer ces écarts entre les pays européens ?

C'est une approche culturelle, on peut même dire latine. Les pays du Sud ont toujours été des moins bons payeurs que les pays du Nord. Remarquons cependant que le France, depuis la LME, a réduit ces délais de paiement. Et heureusement, car actuellement, 25% des faillites d'entreprises sont imputables au non-respect des délais de paiement. Non seulement il y a ce non-respect des délais de paiement mais les entreprises sont en manque de financement pour leur fonctionnement. Auparavant, ce non-respect des délais de paiement pouvait être comblé par le financement bancaire, aujourd'hui l'accès se restreint. Elles sont en souffrance et n'osent même plus réclamer le paiement de leur facture de peur de perdre des marchés. Donc elles se retrouvent obligées d'avoir recours à un financement coûteux qui vient altérer leur marge.

Propos recueillis par Julien Gagliardi

Le sujet vous intéresse ?

Thématiques

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !