Mexican connection : les narcos terrorisent le pays<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Mexican connection : les narcos terrorisent le pays
©

¡ Ay, caramba !

Rapts, extorsions de fonds, assassinats... Il n'y a désormais plus aucune limite dans la guerre à laquelle se livrent les cartels de la drogue mexicains. Ces organisations devenues paramilitaires rivalisent de moyens pour asseoir leur domination, notamment face à l'armée régulière.

On avait déjà vu un sous-marin convoyeur de drogue arraisonné au large du Mexique en 2008 (c'était alors une première). Un autre submersible de 25 mètres de long avait été saisi en Colombie il y a un peu plus d'un an (sur la photo ci-dessus). Equipé d'un système de navigation électronique, celui-ci pouvait transporter jusqu'à 12 tonnes de cocaïne, et 6 personnes. Au mois de mai de cette année, la police a aussi été confrontée à des avions ultra-légers, et discrets, qui venaient larguer des pains de marijuana en Arizona, au sud des Etats-Unis.

Voici maintenant venue la nouvelle arme des trafiquants de drogue mexicains. Les photos ont été révélées cette semaine par le blog del Narco.

Ce véhicule, délicatement baptisé Monstruo 2011, a été saisi par les forces armées du Mexique à Mier, dans l'Etat de Tamaulipas. Peu de surprise pour les militaires : ce modèle n'est qu'une nouvelle version d'un char artisanal utilisé depuis plusieurs années par les narcotrafiquants. L'engin, qui ne présentait pas de traces de balles, roule à 110 km/h (quand son prédécesseur ne dépassait pas 40 km/h), et peut accueillir jusqu'à 12 personnes. D'autres véhicules de la sorte ont été signalés dans l'Etat de Tamaulipas, une zone contrôlé par le gang des Zetas - l'un des plus connus et des plus violents du pays.

L'Etat de Tamaulipas, situé au Nord-est du pays à la frontière avec les Etats-Unis, a connu une recrudescence d'affrontements particulièrement sanglants ces dernières semaines. Depuis le 1er avril, 183 corps ont été retrouvés dans une quarantaine de charniers dans une zone par laquelle transite près d'un tiers du commerce légal vers les Etats-Unis. Parmi les victimes, seules trois personnes ont pu être identifiées...

Les autorités locales expliquent que ces 183 personnes ont pu être des migrants exécutés pour avoir refusé de s'enrôler avec les Zetas, eux-mêmes engagés dans une lutte à mort avec leurs rivaux du Cartel du Golf depuis le début de l'année 2010. Les deux gangs se disputent le contrôle des routes ; lesquelles sont également légitimement défendues par l'armée mexicaine.

Problème, comme le prouve la saisie de Monstruo 2011 : les gangs ont intégré des techniques paramilitaires à leur stratégie. Et pour cause, les Zetas ont été créés par la trentaine de membres des forces spéciales mexicaines jadis recrutées par le Cartel du Golf. Entrés en dissidence, ils ont mis leur expérience au service de la lutte qui les confronte désormais à leurs anciens amis. "L'introduction des Zetas a changé tout le paysage du trafic de drogue au Mexique", indique à l'AFP une spécialiste de la région à l'Université du Texas. "A cause de leurs nouvelles pratiques paramilitaires, d'autres groupes ont dû eux aussi se montrer plus violents", ajoute t-elle.

The Society Pagespublie cette carte des sphères d'influence des différents cartels mexicains qui montre bien les territoires où cohabitent les gangs ennemis, notamment le long de la frontière americano-mexicaine. En blanc figurent les régions disputées, mais celles-ci ne concentrent pas toujours la violence. Rapts, extorsions de fonds et assassinats sont commis majoritairement au Nord, nettement plus stratégique en ce qui concerne le trafic de drogues. Dans les Etats du Chihuahua et du Coahuila (situés au-dessus de l'inscription "MEXICO" sur la carte), on a recensé plus de 500 morts tous les deux mois en 2010. Les crimes liés au trafic de drogues ont également substantiellement augmenté au Nord-est du pays.

The Social Pages explique aussi, à l'aide de la carte ci-dessus, que le type de drogues importe beaucoup pour expliquer les fortes variations du nombre de morts selon les régions. La marijuana, par exemple, moins prisée et moins chère que la cocaïne, ne déchaîne pas les mêmes passions.

L'analyse cartographique des forces et des flux en présence démontre par ailleurs que les problèmes posés par les cartels ne sont pas exclusivement mexicains. Ils concernent directement les Etats-Unis et, dans une certaine mesure, le monde entier.

Dimanche dernier, une marche pour protester contre les violences liées au trafic de drogue a rassemblé entre 85 000 et 150 000 personnes dans les rues de Mexico. Les manifestants ont dénoncé l'incapacité du gouvernement à endiguer ce fléau. Ils ont également réclamé le retrait des 50 000 militaires déployés depuis 2006 dans le pays au motif qu'ils attiseraient la violence et les règlements de comptes. Cette guerre de la drogue aurait fait près de 40 000 victimes au Mexique depuis 2006.

Le plan d'action mondial contre le trafic de cocaïne, initié par Nicolas Sarkozy dans le cadre du prochain G8, pourrait fournir davantage de moyens, et de solutions, au gouvernement mexicain pour venir à bout des cartels. Le président français entend ainsi mutualiser les moyens de collecter des renseignements et de réprimer les trafiquants. Il a également proposé la création d'un fonds international alimenté par les avoirs confisqués aux narcotrafiquants pour accroître la capacité des pays les plus pauvres à lutter contre les cartels souvent mieux armés et mieux organisés que les forces légales. Le 9 mai 2011, le chef de l'Etat déclarait : "Combattre les trafiquants, ce n'est pas seulement incarcérer ou saisir la drogue, c'est s'attaquer à la cause première du trafic, l'argent. (...) Il faut priver les narcotrafiquants du produit de leur crime". Ce serait effectivement un juste retour des choses...

Cédric Mal

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !