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Insécurité routière : "Il faut aussi 
développer la prévention"
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Feu rouge !

Délit de grande vitesse, sanctions aggravées en cas de conduite en état d'ivresse ou d'usage du téléphone au volant. Le gouvernement a annoncé ce mercredi une nouvelle série de mesures pour lutter contre l'insécurité routière et enrayer l'augmentation de la mortalité observée ces deniers mois. Pour l'association Prévention routière, il faut allier répression et prévention.

Jean-Yves Salaün

Jean-Yves Salaün

Jean-Yves Salaün est délégué général de l’association Prévention Routière.

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Atlantico : Quelle est votre première réaction à la série de nouvelles mesures présentées ce mercredi par le gouvernement et destinées à lutter contre l'insécurité routière ?

Jean-Yves Salaün : Cette réaction des pouvoirs publics face à la remontée du nombre de tués est une réaction de fermeté vis-à-vis de ceux qui avaient un peu relâché leur comportement au volant. C’est une réaction positive. Il faut distinguer d’une part le grand nombre d’infractions commises par une partie des conducteurs qui respectaient moins les réglementations depuis quelques semaines et pour qui il deviendra plus difficile d’échapper aux contrôles : c’est toute l’idée de cette série de nouvelles mesures comme l’interdiction des avertisseurs de radars, la suppression des panneaux indicateurs de radars fixes, la possibilité pour les infirmiers de dépister le taux d’alcool ou de stupéfiants, ou l’agrandissement des plaques d’immatriculation des deux roues motorisées de manière à ce qu'elles soient plus visibles et donc susceptibles d’être flashées. Enfin, il y a le volet consacré aux grandes infractions, aux infractions très graves, avec des mesures d’aggravation des sanctions comme la création du délit d’excès de vitesse au delà de 50 km/h, c’est le cas également pour les alcoolémies supérieures à 0,8 g/L dans le sang ou l’usage du téléphone au volant qui seront sanctionnés d’une perte de points plus importante. Ces nouvelles mesures sont indispensables car les conducteurs qui ne voulaient pas respecter le code de la route, ont commencé à contourner le système et connaissaient l’emplacement des radars (systèmes GPS, avertisseurs communautaires de radars).


Comment expliquez-vous l’augmentation de la mortalité sur les routes (+ 20 % de tués en avril) constatée ces derniers mois ?

Il y a d’une part un facteur météorologique : plus il fait beau, plus les conducteurs se déplacent, notamment les utilisateurs de deux roues motorisées. Ce facteur représente entre un quart et un tiers de cette augmentation observée depuis le début de l’année. Le message adressé par le Parlement à l’opinion lors des débats de la loi LOPPSI sur la sécurité intérieure et d’un amendement visant à assouplir le système du permis à points a été très négatif. Et l’on sait qu’en matière de sécurité routière, il existe un élément psychologique très important : lorsque les premiers radars ont été annoncés en 2002, le nombre de tués sur la route a baissé avant même qu’ils ne soient installés. Malheureusement, aujourd’hui, cela joue dans l’autre sens.


Les mesures de prévention sont-elles plus efficaces que la répression ?

Après avoir examiné ce qu’il se passait à l’étranger, nous pensons que les pays qui ont véritablement réussi à obtenir des résultats significatifs en matière de sécurité routière sont ceux qui s'appuient à la fois sur la prévention et la répression. Les contrôles aux Pays-Bas, au Royaume-Uni ou en Suède, sont ainsi plus fréquents qu’en France, donc nous ne sommes pas une exception en Europe, mais ces pays sont également caractérisés par une forte culture de la prévention et ont le soucis d’expliquer aux conducteurs les dangers de la vitesse sur les routes, les effets de l’alcool sur l’organisme. En France, nous avons trop tendance à insister sur le code de la route, sur ce que l’on peut faire ou non, ou le nombre de points que l’on peut perdre ou non.


La prévention routière est-elle assez développée en France ?

Pas suffisamment et c’est ce que nous nous demandons puisqu’il s’agit de notre principale activité et préoccupation, mais encore faut-il que les enseignants dans les établissements scolaires fassent appel à nos bénévoles. Nous avions un problème particulier dans les lycées, où les programmes étant trop chargés, il ne nous restait peu de temps pour l’éducation routière. Nous avons expérimenté depuis quelques mois des actions dans les lycées et le gouvernement vient d’annoncer que ce type de sensibilisation serait généralisée prochainement.


Pensez-vous que l’opinion soutienne cette politique offensive sur le front de l’insécurité routière ?

Globalement, si vous demandez aux Français : “estimez-vous que la division par deux du nombre de tués sur les routes depuis 2002 est une chose positive ?” Ils vous répondront oui. Mais individuellement, certains conducteurs acceptent mal d’avoir été flashés. Les réactions sont donc assez ambivalentes. Une politique publique ne peut pas, en tout cas, se baser sur les sentiments de certains conducteurs ou le fait que certaines mesures font plus ou moins plaisir à certains Français.


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